«Le sida n’est pas encore vaincu, mais il peut l’être». Ainsi, s’exprimait le 3 juin dernier, dans un communiqué de presse, Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONU-Sida. L’objectif d’ici 2030 : celui du triple zéro. C’est-à-dire : zéro nouvelles infections, zéro discrimination et zéro décès liés au sida pour les quinze prochaines années.
À terme : endiguer cette épidémie, un des fléaux sanitaires les plus dévastateurs de notre ère, en tant que problème de santé publique. Tel est le but des travaux de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur l’élimination du sida qui se tient les 8 et 9 juin à New York. «Mettre fin à l’épidémie de sida est une composante essentielle de la réalisation des objectifs de développement durable. La réunion de haut niveau sur la fin du Sida 2016 peut contribuer à combler les écarts entre les besoins et les services, et promouvoir nos efforts pour que personne ne soit laissé-pour-compte» selon le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Une utopie ? Que nenni ! En effet, grâce à l’arrivée de nouveaux traitements et aux avancées dans le domaine de la prévention, l’objectif est tout à fait réaliste et l’Organisation des Nations unies s’en fait l’apôtre. Jusqu’à vendredi, tous les États membres sont ainsi invités au siège de l’Organisation à New York «pour renouveler la stratégie mondiale de lutte contre le VIH, afin de parvenir à éradiquer l’épidémie d’ici à 2030». Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, est à la tête de la délégation algérienne pour ce rendez-vous important qui marque le maintien d’une priorité mondiale.
Le projet ne date pas d’hier, des engagements de l’ONU et de ses États membres ont déjà été pris et des buts intermédiaires fixés pour 2020, comme la diminution des nouvelles infections et des décès ou l’élimination des discriminations liées au sida. Et les résultats en sont la preuve avec la réalisation de progrès spectaculaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Quelque 17 millions de personnes atteintes de la maladie sont aujourd’hui sous traitement, ce qui correspond à 84% d’augmentation de l’accès à la thérapie antirétrovirale depuis 2010. Un chiffre important, même s’il faut toujours garder à l’esprit que 20 millions de personnes n’en bénéficient toujours pas sur les 36,9 millions de personnes vivants avec le VIH recensées en 2014, dont environ 26 millions en Afrique subsaharienne. Le nombre de décès lié au sida a chuté de 42% et le nombre de nouvelles infections de 35%. Cela correspond à 30 millions d’infections, 8 millions de décès évités ces quinze dernières années et à 58% des réductions des nouvelles infections à VIH chez les enfants depuis 2000 grâce à un déploiement de services à grande échelle. Pour devancer l’épidémie, l’ONU est optimiste et envisage d’éviter 21 millions de décès d’ici à 2030, 28 millions d’infections et 5,9 millions d’infections pédiatriques. En Afrique, le virus fait moins de morts, et moins de nouveaux cas sont enregistrés. Depuis 2011, le nombre de nouvelles personnes infectées a diminué de près de 15% dans l’Est et le Sud de l’Afrique, et de 8% dans les régions de l’Ouest et du Centre grâce à une meilleure prise en charge, notamment des femmes enceintes contaminées. L’Afrique du Sud est le pays qui a accompli les meilleurs progrès en la matière. La majorité des femmes enceintes infectées sont sous traitement antirétroviral ce qui entraîne une forte diminution de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Toutefois, même si l’accès aux médicaments a progressé sur l’ensemble de la population, cela reste encore insuffisant et l’épidémie continue de se propager de «manière disproportionnée» selon des experts de l’ONU. En Afrique australe et centrale, moins de trois malades sur dix ont accès aux antirétroviraux, et souvent sur le tard ce qui a des conséquences sur les malades et sur la communauté plus exposée à la transmission du virus. Au Sénégal, même si le pays s’est fixé pour objectif de traiter tous les malades dès le dépistage, l’accès aux antirétroviraux ne concerne que les malades en dessous d’une certaines charges virale.
Toutefois, l’espérance renaît. Les conclusions d’un essai thérapeutique publiées par le journal français “La Provence”, en mars 2016, laissent entrevoir l’espoir de vaincre un jour le virus du sida. Neuf patients sur 46 ont réagi favorablement à un vaccin thérapeutique.
Des cellules infectées dans le sang sont devenues indétectables chez certains patients. Deux ans après le début du traitement, trois des personnes traitées ne montrent plus aucune trace de VIH. Les recherches menées par les docteurs Erwann Loret et Isabelle Ravaux au Centre d’investigation clinique de l’hôpital de la Conception à Marseille devraient être publiées dans la revue américaine “Retrovirology”. La piste très prometteuse donnera lieu à d’autres essais de plus grande ampleur en Europe et aux États-Unis.
Benkhelifa Anissa