Sorti en France en janvier dernier, «Quatre nuances de France», ce livre écrit par quatre coauteurs aux parcours différents que rien ne prédisposait à se croiser et encore moins à discuter des sujets souvent conflictuels et qui taraudent la société française, a été présenté au public algérien en ce début du mois de mai.
Xavier Driencourt, Rachid Arhab et Karim Bouhassoum étaient le 2 mai écoulé à l’Institut français d’Oran où ils ont animé une conférence-débat autour de leur livre avant de donner rendez-vous au public algérois deux jours après, à l’Institut français d’Alger (IFA).
La conférence-débat a été rehaussée par la présence de l’Ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, de son homologue marocain et de l’ex-Premier ministre algérien, Sid Ahmed Ghozali. Les trois coauteurs, sans Nacer Safer, quatrième coauteur qui n’a pas pu faire le voyage en Algérie pour des raisons administratives, ont fait la présentation du livre avec beaucoup d’émotion. C’est le cas de Xavier Driencourt, ex-Ambassadeur en Algérie de 2008 à 2012, qui s’est senti «très intimidé» de se trouver sur la scène de la salle de conférence de l’Institut français d’Alger pour s’adresser au public. Idem pour Rachid Arhab qui n’a pas caché son émotion de se retrouver en Algérie face à un public composé à la fois d’Algériens, de Français d’Algérie et de Franco-algériens. Préfacé par Jean-Pierre Chevènement et Jean-Louis Debré, deux grands républicains, Quatre nuances de France, se veut un message à cette France qui se cherche. Après avoir rappelé les circonstances de sa rencontre avec les trois autres coauteurs, à savoir Rachid Arhab, Karim Bouhassoum et Nacer Safer, l’Inspecteur général du Quai d’Orsay, Xavier Driencourt est revenu sur la genèse de ce livre qui traite des questions de la laïcité, de la religion, de l’intégration et de l’identité française. Des sujets qui taraudent les esprits des français.
L’originalité de ce livre réside dans le fait que le dialogue autour de ces questions soit mené entre acteurs aux parcours totalement différents que rien ne prédisposait à se rencontrer a dit l’ex-ambassadeur de France en Algérie. Xavier Driencourt, un Français de souche, haut fonctionnaire de la République française et catholique pratiquant, Rachid Arhab, ex-membre du CSA et Français d’origine algérienne, Karim Bouhassoum, français de naissance et musulman pratiquant et en fin Nacer Safer, ex-sans papier régularisé il y a un an et Algérien de nationalité ; chacun d’entres eux à un rapport différent à l’identité française et à la nationalité. Dans son exposé, Xavier Driencourt a comparé la France à cet immeuble où les copropriétaires résident, chacun dans son appartement, avec le devoir de respecter le règlement de la copropriété représenté par les valeurs de la République française. Si Xavier Driencourt a qualifié l’idée d’écrire ce livre d’original, Rachid Arhab a, quant à lui, préféré qualifier «Quatre nuance de France» de projet «miracle». Pour l’ex-membre du CSA, « il ne s’agit pas d’une confrontation entre les coauteurs de ce livre, mais plutôt d’une complémentarité entre eux ». Rachid Arhab, tout comme Xavier Driencourt, a rappelé le parcours différent des quatre coauteurs de ce livre, pourtant, a-t-il expliqué, « ce sont des parallèles qui ne se joignent pas à l’infini mais en Algérie ». Cette Algérie qu’il a considérée comme étant un fond de décors de ce livre.
Avant la rédaction de «Quatre nuances de France», Rachid Arhab craignait, selon son explication, qu’un livre collectif soit quelque chose de difficilement lisible. Mais il y a une sorte de magie qui s’est produite pendant sa rédaction d’une façon assez irréelle, car, a-t-il dit, les styles des quatre coauteurs se sont rapprochés et rassemblés, facilitant la lecture et la compréhension des points de vue développés par chacun d’entre eux par rapport à des thèmes liés à la religion, la nationalité, l’intégration et l’identité française. Toutefois, Rachid Arhab a estimé que ce livre ne cherche pas à apporter «des réponses et des solutions toutes faites» aux problèmes posés en France. Lui succédant, Karim Bouhassoun a présenté le livre. Quatre nuances de France comme une sorte de projet politique qui a permis aux quatre coauteurs de mener un débat dépassionné sur des questions d’actualité, souvent conflictuelles, en France. Il a considéré ce livre comme étant «iconoclaste», du fait qu’il a « fait tomber quelques clichés », a-t-il précisé. Du côté du public, tout le monde a salué l’initiative et a trouvé plus qu’utile qu’un échange entre des Français de différents horizons, se fasse avec, comme toile de fond, la relation algéro-française puisque, chacun des auteurs, directement ou indirectement, entretient un lien avec l’Algérie.
Hacène Nait Amara
