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Présidentielle américaine : Hillary Clinton et ses e-mails, l’affaire qui pèse sur l’élection

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Le 14 mars 2012, à 4h44 du matin à Washington, la directrice de cabinet de Hillary Clinton reçoit un message intitulé: « URGENT – de la part du directeur de cabinet de Dave Petraeus », le chef de l’agence d’espionnage CIA.

Cheryl Mills transmet le message moins d’une heure après à hrod17@clintonemail.com – l’adresse privée de la secrétaire d’état, dont le nom de jeune fille est Rodham -: « Voir ci-dessous. Je vous appelle à 7h15 pour en parler ».
Ce message est l’un des plus de 30 000 rendus publics par le département d’état, mais appartient à un groupe de 65 classifiés « secrets » et partiellement expurgés. Le contenu du message initial du directeur de cabinet de David Petraeus a été remplacé par des carrés vides dans la version publique, pour des raisons de sécurité nationale. Les e-mails, envoyés et reçus de 2009 à 2013, ont conduit la police fédérale FBI à lancer une enquête et à interroger le plus proche entourage de la candidate démocrate à la Maison Blanche, dont Cheryl Mills et Huma Abedin, sa fidèle assistante. Hillary Clinton elle-même devrait être interrogée prochainement, selon le Washington Post.
« Personne ne m’a encore contactée, mais j’ai dit l’été dernier, en août je crois, que j’étais tout à fait disposée à parler à qui que ce soit, n’importe quand », a-t-elle redit dimanche sur CBS. « Et j’ai incité tous mes assistants à participer, et j’espère que cela s’approche d’une conclusion ». L’enquête du FBI, dont le périmètre n’a jamais été confirmé officiellement, touche à sa fin. Les policiers s’intéressent aux informations confidentielles (le premier niveau de classification, concernant environ 2 000 messages), secrètes (65 messages) et « top secrètes » (22 messages qui restent entièrement retenus) qui se sont retrouvées sur ce système de messagerie non gouvernemental, administré par les Clinton depuis un serveur de leur maison personnelle, à Chappaqua, près de New York.
La sécurité du serveur, en possession des policiers fédéraux, et sa vulnérabilité aux piratages sont examinées de près, alors qu’un hacker roumain surnommé Guccifer, Marcel Lehel Lazar, a affirmé depuis sa prison aux états-Unis à la chaîne Fox News l’avoir piraté à plusieurs reprises, mais sans présenter de preuves.

Trump en fait un slogan
La loi interdit de communiquer des informations classifiées en dehors du réseau sécurisé prévu à cet effet. Mais à l’époque où ces messages ont été envoyés et reçus par Hillary Clinton, ils n’étaient pas marqués secrets ou confidentiels: c’est ce que martèle la candidate. La classification est intervenue a posteriori, au moment de la mise à disposition du public. La loi fédérale, en outre, n’interdisait pas à l’époque aux ministres de communiquer professionnellement via une messagerie non gouvernementale, bien que la pratique fût découragée.
Le camp Clinton conteste aussi la « surclassification » de certains messages. L’un d’eux, initialement « top secret », a finalement été publié en février dans une version expurgée, au niveau inférieur de « secret »; il porte sur la Corée du Nord.
Une fois terminée, l’enquête du FBI sera remise au département de la Justice, à qui reviendra la décision de procéder à des inculpations ou non. à ce jour, les enquêteurs n’ont trouvé aucun élément prouvant que Hillary Clinton avait sciemment enfreint la loi, ont confié des responsables à CNN. Mais en pleine période électorale, les républicains utilisent sans relâche l’affaire pour ternir la réputation de la candidate. Le fait qu’elle se soit excusée, en septembre dernier, n’a pas endigué le déluge d’articles négatifs, notamment dans la sphère conservatrice.
Dans les meetings républicains à travers tout le pays, des slogans apparaissent sur des T-shirts ou des badges tels que: « Trump à la Maison Blanche, Clinton à la maison d’arrêt ».
Donald Trump la traite systématiquement de « malhonnête ». « Elle ne devrait pas avoir le droit d’être candidate », répète-t-il. Une inculpation serait politiquement terrible pour Hillary Clinton, alors que l’investiture du parti démocrate est à portée de main, mais pas officielle jusqu’à la convention nationale de Philadelphie, du 25 au 28 juillet.

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