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Alors que plus de 13 millions d’Algériens vivent dans la pauvreté : la LADDH pointe du doigt le couffin du Ramadhan

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à quelques encablures du mois sacré du Ramadhan, le débat sur la pauvreté revient encore avec les mêmes lancinantes interrogations, déceptions et les dénonciations d’un système social et politique «qui ne fait pas grand-chose pour améliorer le vécu des démunis».

C’est du moins le constat, alarmant, dressé par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), à la veille de ce mois sacré. Selon un communiqué de la LADDH transmis hier à notre rédaction, le mois sacré sensé être synonyme de générosité et de partage n’est autre qu’un mois de souffrance pour des centaines de milliers de familles algériennes vivant en dessous du seuil de pauvreté. «Un pays de plus en plus riche, et sa population de plus en plus pauvre!», c’est en ces termes que la Ligue a qualifié ce constat amer, se basant sur les derniers chiffres datant de 2015, établis par le ministère de la Solidarité nationale. En effet, il y aurait plus de 1.700.000 familles pauvres en Algérie. Ce chiffre ne représente, cependant, que le nombre d’inscrits pour bénéficier du couffin du Ramadhan. Ainsi, ce chiffre serait encore plus effrayant, atteignant les 13 millions d’Algériens vivant dans la pauvreté, note le communiqué de la LADDH. De ce fait, l’ONG tire la sonnette d’alarme, puisant dans la définition classique des droits élémentaires de tout être humain et qui considère «la pauvreté comme étant une violation des droits fondamentaux et de la dignité humaine, aucun autre phénomène social ne semble porter aussi profondément atteinte aux droits de l’homme que la pauvreté ». C’est dans cette optique que le couffin du Ramadhan est remis de circonstance sur le tapis, égratigné et désigné, lui, comme un geste humiliant envers les démunis. Il a même été comparé par l’ONG aux images de pauvreté durant l’époque coloniale. «. Chaque année, les couffins du Ramadhan alimentent la polémique et ne semblent pas être maîtrisés du tout à cause de la mauvaise gestion de ce dossier par les pouvoirs publics», soulignent à ce propos les termes du communiqué, ajoutant que « le dossier à fournir pour bénéficier de ce couffin pèse lourd sur le dos des citoyens qui se retrouvent chaque année dans l’obligation de réactualiser leur situation auprès des P-APC ».
La LADDH estime encore dans ce contexte que c’est aux pouvoirs publics de procéder au recensement des familles dans le besoin, soulignant qu’il est « regrettable » que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, ainsi, que celui de la Solidarité nationale ont procédé « cette année encore », à imposer un dossier constitué d’une longue série de documents rien que pour bénéficier d’un couffin d’une « valeur de 2000 dinars ». Tout en rappelant que la date butoir pour le dépôt des dossiers est le 20 mai, la Ligue a tenu à rappeler que c’est aux pouvoirs publics d’assainir les listes. Passant, donc, aux critiques acerbes contre la politique adoptée sur le registre social, le communiqué de la LADDH met le doigt sur les carences qui caractérisent la prise en charge des démunis par les pouvoirs publics durant ce mois sacré. Pour l’ONG, il faut changer le système d’aide, le couffin du Ramadhan en l’occurrence, consenti aux pauvres, souligne-t-on, «les personnes habilitées à tirer profit de cette opération de solidarité continueront de faire des affaires qui s’avèrent très juteuses.
Le mode de sélection des fournisseurs des produits de première nécessité est loin d’être transparent. Qui a le droit d’y prendre part ? Existe-t-il des critères préalablement définis ?». Tout en rappelant aux mémoires les émeutes qui ont émaillé sa distribution à travers plusieurs régions du pays, et autres détournements qui ont traîné devant les tribunaux des P/APC et des élus locaux. La LADDH demande dans ce sillage «la suppression du couffin de Ramadhan et son remplacement par un chèque de pas moins de 20.000 dinars», afin de «préserver la dignité des personnes nécessiteuses».
Lamia Boufassa

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