Dans un climat tendu, caractérisé par le mouvement de protestation des enseignants contractuels de l’Éducation nationale qui ont entamé, le 4 avril 2016, une grève de la faim pour appuyer leurs revendications, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu à insister par la voie du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, sur «l’importance vitale» des secteurs de l’Éducation, de l’Enseignement et de la Recherche scientifique, à l’occasion de la célébration de Yaoum el-Ilm en amont de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe».
Le Chef de l’État a plus particulièrement mis l’accent sur les efforts et la volonté du gouvernement à assurer une éducation de qualité aux générations d’aujourd’hui pour leur permettre de mieux faire face aux exigences du monde de demain. Un souci de l’avenir qui passe depuis les années 2000 par un intérêt particulier au secteur crucial qu’est celui de l’Éducation nationale. Afin de répondre aux attentes de l’opinion publique, l’État s’est engagé dans une réforme ambitieuse de réorganisation et d’amélioration profonde du système de formation pédagogique, et des techniques nouvelles parmi lesquelles figure la nécessité de la création d’un système de numérisation.
Dans ce but, l’État se donne les moyens en dotant le département d’un budget conséquent de l’ordre de 764,05 milliards de dinars, auquel s’ajoutent plus de 300 milliards pour la formation et l’enseignement professionnel, et environ 51 milliards à l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, le plaçant, ainsi, sur la deuxième marche du podium dans le palmarès de la Loi de finances 2016, après la Défense nationale, et devant l’Intérieur. Soit une augmentation de 2,33% par rapport à l’année 2015, et cela en dépit de la conjoncture financière accusée par le pays. L’enveloppe attribuée sert essentiellement, en dehors de la couverture des salaires, à financer les subventions dédiées aux centres et instituts et aux différentes activités éducatives et culturelles, mais aussi la formation, les ressources pédagogiques et l’amélioration de la scolarité avec des investissements dédiés aux élèves, étudiants et enseignants, pour un meilleur cadre et une meilleure qualité d’apprentissage, et ce, dans toutes les régions du pays dans le but de pallier aux inégalités, notamment en milieu rural. En pratique, cela passe par la réalisation et la réfection d’un grand nombre d’écoles, de CEM et de lycées, et la mise en place de nouvelles infrastructures en matière d’accueil, d’équipements, de restauration, de transport et de santé. Pour la Capitale, un budget de 200 milliards de dinars a été alloué à la wilaya d’Alger pour la réhabilitation de plusieurs établissements scolaires d’ici la rentrée prochaine, selon le vice-président de l’Assemblée populaire de la wilaya (APW), Mohamed-Tahar Dilmi.
En insistant sur un taux de scolarisation qui dépasse les 97%, le Président a souligné sa détermination à former une véritable élite savante et citoyenne, facteur d’unité nationale. En témoigne, en outre, l’élévation de tamazight au rang de langue nationale officielle, affirmée en cette même occasion. Dans cette perspective, le Chef de l’État a tenu à souligner l’éducation comme un véritable outil pour inculquer les valeurs démocratiques, «spirituelles, nationales et humaines en l’éloignant de l’extrémisme et du fanatisme» dans le but de créer une idée positive de l’identité et de l’appartenance.
La mise en place d’une filière d’excellence qui passe par l’instauration du système d’Écoles préparatoires et nationales à l’instar du système de formation des élites françaises est aussi à l’ordre du jour. À cela s’ajoute le renforcement du réseau universitaire et de recherche scientifique pour en faire un véritable levier économique. Il s’agit aussi d’améliorer la qualité des formations universitaires pour faciliter les débouchés et l’insertion professionnelle des jeunes diplômés et de promouvoir les échanges internationaux. Des mesures de taille prévues par des textes législatifs pour une meilleure valorisation des résultats en matière de recherche.
L’État entend également unifier le niveau de formation de l’ensemble du personnel éducatif, renforcer et améliorer le système d’orientation et du cursus actuel, valoriser des secteurs de formations-clés comme l’agriculture, l’industrie automobile et les énergies renouvelables et développer des échanges socio-économiques ainsi que des partenariats internationaux. Simple coïncidence de calendrier ou choix délibéré, l’annonce de cette valorisation fait écho à la signature, le 14 avril 2016, d’un nouvel accord de coopération pour la région Arabe entre l’Organisation Arabe pour l’éducation, la culture et la science (ALESCO) et la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Un accord qui entend renforcer et consolider la collaboration des deux organisations dans plusieurs domaines tels que la protection et de la sauvegarde du patrimoine culturel, l’éducation de qualité pour tous, la formation des enseignants, les programmes d’alphabétisation, le dialogue euro-arabe ou encore la promotion des technologies de l’information et de la communication.
Benkhelifa Anissa