Pour Lotfi Ben Baâhmed, président de l’Ordre des pharmaciens, l’idée préconisée est de parvenir à rationaliser les dépenses des produits médicamenteux et à maîtriser les coûts, sans pour autant remettre en cause la sécurité sanitaire des populations.
L’introduction d’un nouveau modèle de remboursement des médicaments ne cesse d’être fortement réclamée par les propriétaires d’officines. L’intervenant explique les raisons de cette revendication. Il précise que 138 remèdes possèdent un nouveau tarif de référence et que 30 autres ont été « dé-remboursés ». Ces mesures sont susceptibles de contribuer à faire des économies à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnas). L’intervenant a expliqué qu’elles entraînent, une baisse des revenus de la chaîne du médicament, ce qui fait entendre par là la profession des fabricants et celle des pharmaciens. Il a expliqué que si par le passé, les baisses des prix des traitements étaient largement compensés par l’accroissement du marché, induit notamment par l’introduction de la carte Chifa, aujourd’hui que celui-ci stagne, ou baisse légèrement, les pharmaciens en subissent les contrecoups sur leurs revenus. Selon l’intervenant, il faut baisser certaines dépenses qui constituent des revenus en moins pour le secteur économique. Pour remédier à cela, Il faut une politique globale qui intègre le remboursement, l’enregistrement et l’investissement. Ceci permettra effectivement de rationaliser les dépenses. L’objectif de l’État est de maîtriser les dépenses pour certains produits pharmaceutiques, notamment ceux dits de confort, devrait, selon lui, tendre également à assurer leur qualité, leur traçabilité, et en même temps, les marges de rémunération des différents acteurs du médicament. L’on peut comprendre de ces propos que les pharmaciens revendiquent un rehaussement de leur marge bénéficiaire au risque de les voir cesser leur activité dont la rentabilité est devenue très réduite. Ainsi 30 à 40% parmi les 9.000 pharmaciens en activité à travers le territoire national sont en difficulté, avec des conséquences sur la qualité des services. L’intervenant a également indiqué que cette fragilité dans laquelle baigne son secteur est l’un des facteurs qui expliquent l’expansion du commerce illicite des médicaments. Les marges de rémunération des pharmaciens sont les plus faibles au monde. Ceci se traduit ainsi par 22% sur le prix d’achat et 17% sur le prix de vente alors que les pharmaciens exerçant au Maroc et en Tunisie reçoivent 30% sur le prix de vente. Aussi, il faut que le rationnel qui existe au niveau des caisses soit adapté au rationnel qui existe au niveau de la rémunération. L’intervenant a affirmé que les pharmaciens ont montré leur maturité en adhérant fortement au système de tiers payant. Dans la future loi sanitaire, il y aura deux choses fondamentales, d’abord le rôle du pharmacien dans l’éducation thérapeutique et un certain nombre d’actes et de services qu’il pourra jouer tout en améliorant le système de santé. S’agissant des herboristes qui pratiquent la médecine illégale à des fins lucratives, ils sont répertoriés à travers le territoire national. Les citoyens sont conscients que cette pratique relève de l’escroquerie et du charlatanisme et ne doivent pas y adhérer. Des études ont démontré que dans ce commerce illicite, il a été relevé des produits contrefaits qui portent atteinte à la sante du citoyen. D’autre part, il a été question de l’importation illicite de certains médicaments. À ce titre, l’intervenant, a affirmé que l’Ordre des pharmaciens a saisi et agit en ce sens et des inspections ont été diligentées par la DCP (Direction de la concurrence et des prix) pour mettre un terme à cet état de fait. à cet effet, il a ajouté que les services de douanes sont très vigilants dans tout ce qui relève de l’importation des médicaments. Par ailleurs, l’intervenant a précisé qu’il est fondamental que les citoyens soient sécurisés dans leur traitement au niveau des pharmacies.
Dans ce contexte, l’action du pharmacien accompagne le diagnostic fait par le médecin. D’autre part, Ben Baâhmed a souligné que la santé publique apporte beaucoup au développement du pays et à la cohésion sociale. De ce fait, il a ajouté qu’il faut trouver un système qui soit cohérent économiquement permettant le développement de la production nationale. Par conséquent, il a été question de la réduction des importateurs dont le nombre est très important dans la conjoncture
actuelle.
Lazreg Aounallah