à trois semaines du congrès extraordinaire du Rassemblement national démocratiques (RND), il n’y a pas que l’épreuve de force qui oppose le groupe des dissidents à l’actuel SG par intérim du parti, Ahmed Ouyahia, qui agite le débat au parti. Une troisième voie qui n’est pas des moindres, en intercalaire, vient en rajouter une couche au charivari en cours. Un autre casse-tête pour le chef du RND.
Il s’agit de Belkacem Mellah, l’autre cadre du parti qui a décidé d’investir sa candidature dans l’élection d’un nouveau SG à la tête RND, au menu, notamment, du prochain congrès du parti, prévu du 5 au 7 mai prochain. Tout en se démarquant des dissidents qui ont marqué leur territoire et ont assumé publiquement leurs distances avec la direction dirigeante de la deuxième force politique, cet ex-chargé de communication auprès du Premier ministre, a mis en garde Ouyahia quant à tout parti-pris, lors du déroulement des travaux de ce rendez-vous, pour le moins que l’on puisse dire, intervenant dans un climat de tensions. Cela étant dit, Mellah partage tout aussi les inquiétudes des adversaires du chef du RND. En effet, joint dans la soirée d’hier par téléphone, notre interlocuteur a éclairci sa position vis-à-vis des deux antagonistes, et s’est exprimé au sujet des préparatifs inhérents au congrès. D’emblée, le responsable politique ambitionné par le poste de SG du parti a affirmé qu’il est contre tout idée de reporter la date de la tenue du congrès, comme l’aurait réclamé les partisans de Nouria Hafsi et de Tayeb Zitouni, pour n’en citer que ces chefs de file qui mènent un mouvement de fronde. Ces derniers qui s’expriment au nom d’un groupe composé d’une trentaine de cadres, hauts responsables et d’ex-députés du RND, ont dénoncé les « irrégularités et les dérives» ayant «entaché», selon les termes des accusations, la préparation du conclave du parti. Un argumentaire mis en avant par les frondeurs pour motiver leur demande d’ajournement de cette échéance. «Je suis pour la tenue du congrès dans les délais arrêtés. Cependant, je porte à votre connaissance que j’ai adressé un message aux coordinateurs siégeant au niveau des wilayas pour leur rappeler que les congressistes doivent être élus, au lieu qu’ils soient désignés», a répondu le prétendant aux commandes du RND, à la question de connaître sa position au sujet d’une rencontre où les remous supplantent l’organisation sereine du prochain conclave. Une sorte de rappel à l’ordre pour le respect des statuts du parti.
Ceci, dans la mesure où l’ex secrétaire d’état chargé de la jeunesse s’est investi dans les élections. En revanche, à l’instar d’ailleurs des dissidents, Mellah s’appuie ou presque sur les mêmes reproches formulés à Ouyahia et sa direction politique. Pour lui, la transgression des pratiques démocratiques consistant à la désignation des congressistes, contrairement aux statuts du parti, semble être légion au niveau de plusieurs wilayas (Oran, Sidi Bel Abbès, Tiaret, Tlemcen…), fait-il savoir. C’est en effet le cas de le dire puisque les pré-réunions précédant la rencontre de l’instance suprême du prochain mois, sont ponctuées par des incidents qui ont émaillé l’opération du choix des délégués devant y prendre part. Pour notre interlocuteur, l’enjeu est de taille. Selon lui, ça consiste aux coordinateurs des wilayas de réunir le plus possible de congressistes, à «coopter» parmi les partisans d’Ouyahia, pour garantir à celui-ci de rafler la majorité des voix lui permettant une reconduction à la tête du parti. Une sorte de plébiscite mais, à la différence des précédents congrès, qu’il conviendrait de passer par les urnes, comme l’exigent les statuts, a fait remarquer Mellah. Or, de par sa stature, «Ouyahia n’a pas besoin du soutien des responsables à la tête des sections de wilayas», a indiqué notre interlocuteur qui qualifie ces derniers de «fonctionnaires politiques», pour ne pas dire des carriéristes, où certains parmi «ces lèches bottes ont pour seule ambition de rester en poste pour chapeauter les listes lors des prochaines échéances électorales», a-t-il accusé. Tel est un parti-pris, qui, visiblement, pourrait être le scénario qui jouerait bien des tours au candidat aux élections du prochain patron du parti. Car, à le croire, Mellah n’a pas l’intention semble-t-il de recourir au moyen de lobbying pour se faire élire. «Je voudrais être élu par les urnes», a-t-il affirmé en ce sens. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, le natif d’Oum El Bouaghi qui s’est lancé en compagne électorale dans plusieurs wilayas, a invité Ouyahia à rappeler à l’ordre les responsables des wilayas à l’occasion de la tenue des pré-congrès, prévus pour aujourd’hui. Par ailleurs, le même responsable qui s’appuie sur une disposition statutaire a expliqué qu’il n’y a pas lieu d’élire un nouveau conseil national comme cela aurait été annoncé. Arguant, de ce fait, que le mandat des membres de cette instance n’arrivera à terme qu’en 2019. «On a pas besoin d’un nouveau CN, mais uniquement d’un nouveau SG du parti», a-t-il rappelé. Néanmoins, Mellah a fait savoir qu’une fois élu, le SG à tout le droit de choir un nouveau Bureau national.
En ce sens, il déplore la «méconnaissance» des textes de loi du parti, dont a fait preuve l’un des dissidents, en l’occurrence Smati Zoghbi, qui, est pourtant, selon notre interlocuteur, un membre fondateur du RND, à l’origine de la rédaction de ces mêmes statuts. Mais, rien n’est joué d’avance pour le prétendant à l’élection du SG, si peu qu’Ouyahia respecte les textes du parti, a-t-il fait remarquer. Interrogé sur ses chances lors de ces joutes, Mellah apprend que «j’ai beaucoup de chances. Je suis militant depuis 19 ans (depuis la création du RND en 1997, ndlr). Je travaille avec les vrais militants de base, pas avec les fonctionnaires politiques», a-t-il expliqué sa démarche. Par ailleurs, Mellah a mis fin aux spéculations concernant son penchant pour l’un ou l’autre camp. «Je ne demande ni le départ d’Ouyahia, ni marcher avec le groupe de dissidents», a-t-il conclu.
Farid Guellil