C’est en ces termes que, le président de Tadjamou Amel Al-Djazaïr (Taj), Amar Ghoul, a qualifié, lors de la conférence de presse animée ce samedi au siège du parti à Dély-Ibrahim, l’affaire «Panama Papers», désignant la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels, issus du cabinet d’avocats panaméen Mossak Fonsceca, dans lesquels ont été dévoilés les actionnaires, parmi des personnalités gouvernementales, politiques, sportives de beaucoup de pays, de 214 000 sociétés extraterritoriales (dénommés off-shore).
«C’est un dossier fomenté pour déstabiliser des pays au détriment d’autres, ceux-là mêmes qui seraient derrière sa diffusion sournoise à travers quelques médias, et dont les desseins ne sont nullement innocents», dira-t-il en substance. «Nous devons nous poser des questions du genre : qui a été derrière la fuite, et pourquoi celle-ci est-elle sélective? Qui a été derrière la transmission de ces dossiers, par procuration, faut le préciser? Quel est le but recherché? Pourquoi de grands pays n’ont-ils pas été cités dans cette affaire?», tient-t-il à s’interroger à haute voix, recommandant à toute personne portant l’amour de l’Algérie dans son cœur d’en faire de même. La comparaison entre “Panama Papers” et WikiLeaks a été avancée par l’orateur dans un seul souci : mettre en garde contre les fuites de nature à déstabiliser des régions entières, WikiLeaks étant, faut-il le rappeler, l’affaire qui a été à l’origine du «Printemps arabe », devenu, malheureusement pour la postérité, avec une effusion continue de sang des innocents dans la grande contrée du Maghreb (Tunisie et Libye) et du Moyen-Orient (Syrie et Yémen).
Tout au long de son discours, il s’abstiendra, néanmoins, laissant l’assistance sur sa faim, d’en citer un seul pays qui pourrait être l’origine du scandale de «Panama Papers». Même au sujet des pays épargnés, Amar Ghoul, bien que faisant allusion aux États-Unis, ne veut se tremper jusqu’aux os. Comme prévu, le SG de Taj s’est placé dans la posture du défenseur acharné de l’État algérien, victime, celui-ci, selon ses dires, d’une campagne de dénigrement et de discréditation, à travers, notamment, un des membres du gouvernement, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, en l’occurrence, cité dans la liste des personnalités, dont les noms ont été liés à des société off-shore pour dissimuler leurs actifs au niveau du paradis fiscal de Panama, pays de l’Amérique centrale. L’argument d’acier brandi par le conférencier réside, surtout, dans la publication de la photo de Abdelaziz Bouteflika, président de la République, en Une du journal français “Le Monde”. «Pourquoi la photo du président? Qu’est-ce qu’il a à avoir dans cette affaire? Ceci n’est que la preuve que c’est l’État algérien qui en est ciblé». Bien que défendant bec et ongles le président de la République, Ghoul n’en fait pas de même pour Bouchouareb, et ce, bien que tous les deux sont représentatifs du Pouvoir en Algérie! Il déclara, au sujet de son collègue au gouvernement, qu’il s’est bel et bien défendu et que la presse en a rapporté les grands axes.
Toutefois, Ghoul se fait, parfois, plus précis en déclarant que, le hasard défait bien les choses, «Panama Papers» a été, miraculeusement, éventée à quelques jours de la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, pour deux jours, les 9 et 10 avril, à Alger, pour la 3e session du Comité interministériel de haut niveau (CIHN). Il en appelle, dans la foulée, à la France officielle pour prendre les mesures idoines pour qu’une certaine presse de l’Hexagone se tienne à carreaux, devant éviter les surenchères et la manipulation, dans une conjoncture favorable, aux dires du SG de Taj, à la consolidation des échanges économiques entre les deux pays. Enfin, il louera la démarche de la diplomatie algérienne et, partant, de la politique officielle algérienne, la qualifiant de «sage» par rapport au traitement de «Panama Papers». Le deuxième point de politique internationale abordé par Amar Ghoul a trait à la coopération algéro-saoudienne. Considérant celle-ci comme incontournable dans le cadre de la stabilisation et de la sécurisation de la zone arabo-musulmane, du fait du rôle de leaders que jouent les deux pays dans la zone maghrébine, pour l’Algérie, et moyen-orientale, pour le royaume d’Arabie saoudite, le SG de Taj en appelle à une intensification des échanges diplomatiques en prenant en considération le droit des deux à la réciprocité en matière de non-ingérence dans leurs affaires internes. Abondant dans le même sens, il rappellera, au passage, catégorique, que l’Armée nationale populaire, ne foulera jamais le sol d’un pays étranger pour y prendre part à n’importe quel conflit armé. Optimiste, il signalera aussi l’apaisement constaté en Syrie et au Yémen, et soulignera l’apport de l’Algérie dans celui ayant conduit à la création du gouvernement d’union nationale, en Libye.
« Taj : médiateur entre les partis de l’opposition et ceux du soutien au pouvoir »
L’annonce a été faite par Ghoul, lui-même, s’accordant des prérogatives que personne ne lui a données. Ou qu’on lui a, peut-être, attribuées officieusement ! La médiation vaut le coup en cette conjoncture propice à la crise tous azimuts qui touche le pays, estime l’un des adeptes de l’initiative du «mur national», lancée par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, lors de la rencontre de la Coupole du 30 mars dernier. C’est par cette «brèche» qu’Amar Ghoul a abordé le volet de la politique nationale. Considérant que l’initiative du «mur» devrait concerner aussi bien les nationaux que les ressortissants étrangers, le président de Taj invite les partis de l’opposition, puisque ce sont des Algériens, à y adhérer.
Moins agressif que quelques-uns de ses confrères de l’Initiative politique nationale du progrès dans le cadre de la cohésion et de la stabilité, il fera preuve d’une éloquente opération de séduction envers l’opposition, la qualifiant plutôt de partenaire politique que d’ennemi ou d’adversaire. Au sujet de la stratégie mise en place pour mettre fin à la dépendance aux hydrocarbures, Amar Ghoul, qui est aussi ministre de l’Aménagement, du Tourisme et de l’Artisanat, a relevé que sa concrétisation pour en faire de l’Algérie un pays émergent, demeure tributaire de l’amélioration du climat politique général. Enfin, il louera les efforts consentis par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales (MICL) dans l’objectif de moderniser l’Administration algérienne, et insistera sur les vertus du dialogue pour désamorcer la bombe qui guette le secteur de l’éducation, et dont la détonation la plus imminente peut émaner de l’affaire des enseignants contractuels. La réunion du bureau politique de Taj et les préparatifs de l’université d’été, dédiée à la Femme, sont les deux faits annoncés en clôture de cette conférence de presse rehaussée, faut le préciser, par la présence de Habib Yousfi, président du conseil national de Taj. à noter que «Panama Papers» a été dévoilée par l’intermédiaire de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) basé à Washington, relayée, ensuite, par les médias de 80 pays. Les premiers articles ont été publiés le 3 avril 2016.
Zaid Zoheir