Dans son discours marquant la commémoration, une première des autorités françaises, du 19 mars, date du cessez-le-feu, entre les autorités coloniales françaises et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), lors des négociations d’Évian, Suisse, le chef de l’État français, François Hollande, a exprimé l’engagement de procéder, l’année en cours, à l’ouverture de l’ensemble des Archives concernant, «la Guerre d’Algérie», a-t-il indiqué.
Cnsacrée par l’Algérie «Fête de la Victoire», c’est devant le «Mémorial national de la Guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie», situé au Quai-Branly, à Paris, que François Hollande a prononcé son discours, au lendemain de la polémique franco-française commencée, dès l’annonce de la décision de Hollande de marquer, officiellement, cette date, et qui s’est poursuivie, autour du contenu de son allocution en question. Et c’est les nostalgiques de «l’Algérie française», ceux de l’Empire colonial de France, à l’exemple de l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, lequel espère réoccuper le poste de président, lors de la prochaine présidentielle dans ce pays, ou bien les harkis et les pieds-noirs, entrés en France, avec le sentiment d’abandon, et le mauvais traitement qui leur a été réservé par les autorités françaises, qui ont été les acteurs principaux de la polémique franco-française en question. Devant un pupitre ou était inscrit «Journée nationale du souvenir : Algérie-Maroc-Tunisie, -Paris, samedi 19 mars 2016», que Hollande s’est adressé au peuple français, dont les acteurs précités y sont une composante. Abordant les questions qui fâchent, vu que le consensus, autour de la commémoration du 19-Mars, n’arrive pas à se dégager, en France, c’est le procédé de petits pas qui semble être adopté, pour parvenir au bout du compte au consensus sur ce qui est appelé en France «la Guerre d’Algérie», et pour nous, Algériens, et aussi dans l’Histoire de l’humanité, «une guerre de Libération et d’Indépendance»,
Hollande : le 19-Mars marque «la sortie de la crise» en France
Pour rappel, le 28 février 2006, à moins de trois semaines de la date du 19-Mars, une loi en souvenir du cessez-le-feu, proposée à l’Assemblée nationale française, a été rejetée. Le président Hollande déclare, dix ans après, dans son discours de samedi dernier, que «la grandeur d’un pays se mesure à sa capacité à regarder son Histoire, de ne pas en cacher des éléments ou d’en glorifier d’autres», a-t-il lancé. Une invitation à sortir de ce que les psychanalystes avancent concernant le refoulé, à savoir qu’une question qui n’est pas traitée dans une génération est toujours reportée à une autre, puis à une autre… et toute occultation d’un pan, d’un moment, d’un sujet ou d’un évènement historique amène toujours au même résultat, du refoulement surgira un symptôme, sous la forme d’un retour du refoulé. Les mutations sociales et notamment du tissu démographique qu’a connu la France, ces 30 dernières années, et non prises en compte par les politiques menées «à double vitesse», mis à nu, lors des évènements de 2005, à Paris, par l’expression de la colère des jeunes français, nés et grandi dans les banlieues de la capitale française, ont fait prendre conscience, outre à l’opinion française, aux responsables français, d’une des composante de la société française, longtemps occultée, les Français d’origine africaine en général et maghrébine en particulier. S’exprimant sur la polémique suscitée, avant et après le discours en question du président français, Hollande, l’historien Mohamed El-Korso, dira que «la Guerre d’Algérie a divisé et divisera encore en France», indiquant qu’elle «ne sera, peut-être, dépassée ou oubliée qu’après la présidentielle de 2017», avant de préciser qu’«actuellement la chasse aux voix des harkis et des pieds-noirs, qui constituent un important réservoir d’électeurs, continuera d’accentuer cette division; et la droite française chassera encore sur ce terrain.» Pour l’ex-porte-parole des négociations d’Évian, la décision de Hollande de commémorer la date du 19-Mars et de prononcer un discours, à cette occasion, constitue «une victoire de la France sur elle-même», a-t-il déclaré, à la presse nationale, d’autant plus, a-t-il poursuivi «qu’il y a toujours une résistance et des polémiques concernant cette date en France», précisant que «la génération de la Guerre d’Algérie en France, notamment les nostalgiques de l’Algérie française considèrent que Hollande a commis une faute politique». Relevant dans son discours que, pour la France, la date du 19-Mars marque «la sortie de la crise», dans laquelle ont été plongées la société et les institutions françaises, après 132 ans de colonisation en Algérie, contre laquelle le peuple algérien a pris en main son destin, en menant une lutte armée pour la libération du pays, plongeant la France dans la crise pour ne s’en sortir, comme l’a souligné Hollande, qu’en ce 19-Mars 1961, date du cessez-le-feu entre le GPRA et le gouvernement français. Si, dans son discours à la Nation française, Hollande dira que le système colonial «niait l’aspiration des peuples à disposer d’eux-mêmes», près de quatre ans auparavant, en visite officielle, décembre 2012, il a reconnu que, «pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal», et que ce système, a-t-il poursuivi, «a un nom, c’est la colonisation, et je reconnais, ici, les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien». S’exprimant sur la date du 19-Mars, Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État auprès du ministre français de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, a déclaré, samedi, que cette date marque «la mort d’un projet politique né 132 ans avant», a-t-il lancé, à l’adresse des nostalgiques de l’Empire colonial français, en général et notamment ceux de «l’Algérie française», en particulier. Ces derniers ayant été au cœur du débat franco-français sur l’autodétermination, en s’y opposant fermement, sur lequel, l’historien français, Benjamin Stora, dans son livre «le Mystère de Gaulle : son choix pour l’Algérie», il fait état «de neuf députés gaullistes qui quittent la formation en octobre 1959», et d’ajouter que quelques jours auparavant, le 19 septembre, Georges Bidault et Roger Duchet ont créé le Rassemblement pour l’Algérie française». Des faits historiques parmi tant d’autres ayant secoué la France, notamment son Institution militaire, avec le refus d’un nombre important de hauts gradés, des colonels notamment, de voir la lutte du peuple algérien être couronnée, après la longue nuit de colonisation française, par l’Indépendance de l’Algérie. Si le président François Hollande a tenu à marquer cette date, et de prononcer un discours aux Français, c’est pour avancer, encore d’un pas, sur la construction dudit consensus entre Français, déclarant : «convoquer l’Histoire, non pas pour nous diviser, mais pour nous réunir», leur a-t-il lancé.
Karima Bennour