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Égypte : coup de chaussure au Parlement

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Dimanche, un député a frappé d’un coup de chaussure son collègue pour le punir d’avoir reçu à son domicile l’ambassadeur d’Israël en Égypte.
Le peuple égyptien a appris avec vingt-quatre heures de retard l’incident parlementaire du 28 février. Dimanche matin, le député d’Alexandrie, Kamel Ahmed, a frappé d’un coup de chaussure son collègue Tewfik Okacha pour le punir d’avoir reçu à son domicile l’ambassadeur d’Israël en Égypte, Haim Koren. L’affaire aura des suites. Lundi, nombre de journaux ont consacré leur «une» à cet affront spectaculaire. «Le retour du langage de la chaussure», ironise le quotidien indépendant Al Masry Al Youm. «Le dialogue des chaussures au Parlement», titre le journal gouvernemental Al-Akhbar. D’autres commentaires reprennent le thème de la « normalisation» avec Israël, Al Wafd écrit : «La chaussure est la sanction de la normalisation.» En revanche, certains caricaturistes ont choisi d’en rire. Celui du quotidien à grand tirage Al Masry Al Youm publie un dessin du Parlement avec une pancarte «Les chaussures sont interdites». Les députés sont condamnés à entrer dans l’hémicycle avec leurs chaussettes. L’Égypte est le premier pays à avoir signé la paix avec Israël, mais la question de la normalisation continue de diviser les esprits. La sympathie d’une centaine de parlementaires envers le député Kamel Ahmed l’atteste. Le crime de Tewfik Okacha, commentateur politique à Faraeen TV, est d’avoir invité à dîner le mercredi 24 février l’ambassadeur d’Israël. Le lendemain, un communiqué de l’ambassade déclare que « les deux parties se sont mises d’accord pour poursuivre la coopération»… «L’entretien a été très réussi »… De son côté, Okacha déclare à Al Masry Al Youm : «Nous nous sommes mis d’accord pour qu’Israël ait un rôle décisif dans la question du barrage d’Éthiopie sur le Nil.» Okacha n’est pas qualifié pour mener un tel dialogue. À la fin du week-end égyptien, Ahmed Kamel exprime le ressentiment de certains milieux politiques en frappant Okacha avec sa chaussure. Les deux députés sont expulsés de l’hémicycle, et seront soumis tous les deux à des comités disciplinaires.
Okacha devra aussi s’expliquer devant un conseil spécial sur ses déclarations, considérées comme «une insulte au Parlement, au peuple et à la sécurité nationale ». Le sujet du barrage construit par l’Éthiopie étant lié à la sécurité nationale. Ces démarches prendront du temps. Dans l’intervalle, la majeure partie des parlementaires réclame le renvoi des deux hommes, chacun ayant causé du tort à l’image de la nouvelle Chambre des députés.
Cela plonge le Parlement dans une impasse, son règlement intérieur étant en cours d’élaboration. Autre conséquence, plus grave : Tewfik Okacha a aussitôt riposté à Faraeen TV en accusant certains de ses détracteurs – dont les députés Moustapha Bakri, Saad Hassassine et Ahmed Abou Hachim – d’être condamnés dans plusieurs procès du Code pénal. Il assure avoir des preuves, et se demande comment ils ont pu faire admettre leurs candidatures aux législatives. Tewfik Okacha affirme qu’il poursuivra ses rencontres avec l’ambassadeur d’Israël, «quoi qu’il arrive…». Un nouveau coup de chaussure en perspective ?

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