Tous les chiffres concordent : la production de pomme de terre d’arrière-saison – en clair, celle qui est récoltée entre les mois de novembre et de mars – est, en passe, de battre tous les records. Une perspective que confortent et les quantités déjà récoltées, et celles déjà stockées dans le cadre du dispositif Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation); un dispositif mis en place pour la première fois en 2008 dans le double objectif de «préserver les revenus des agriculteurs et d’assurer une relative stabilité des prix à la consommation». Selon Sahraoui Benallal, directeur-général de l’ONILEV (Office national interprofessionnel des légumes et viandes), «40 000 tonnes de pommes de terre sont déjà stockées» dans le cadre du dispositif précité ; un cadre dont les capacités, nous a-t-il dit, «seront, au vu de la bonne production enregistrée, portées à 60 000 tonnes».
Ce n’est pas la seule mesure prise à propos de ce dispositif lors de la réunion, consacrée exclusivement à la filière pomme de terre, qui s’est tenue, avant-hier, au siège du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Présidée par le ministre en personne, celle-ci a, en effet, abouti à la décision «de mettre en place, d’ici la fin du mois de mars prochain, un nouveau système de régulation de la pomme de terre». Et ce, non pas uniquement dans le double objectif susmentionné (assigné au dispositif Syrpalac), mais dans celui, qui tend, depuis la chute drastique des cours de l’or noir, à devenir le crédo des pouvoirs publics, de la promotion de l’exportation comme un des vecteurs les plus à même d’aider à l’instauration tant souhaitée d’une économie forte, efficiente et diversifiée. C’est, d’ailleurs, dans ce dernier objectif que s’inscrit une autre décision qui a été prise par les participants à la réunion d’avant-hier. En décidant « de mettre en place un dispositif fluide pour la délivrance du certificat phytosanitaire par les inspecteurs compétents des directions des Services agricoles (DSA) des wilayas à fort potentiel d’exportation des produits agricoles », notamment de la pomme de terre, ceux-ci ont, ce faisant, introduit une mesure fortement incitative et encourageante à tous les agriculteurs désirant de se lancer dans ce créneau. Il faut savoir qu’avant cela, ces derniers étaient astreints à une harassante gymnastique bureaucratique, qui les obligeait à se déplacer jusqu’à Alger, pour obtenir ce fameux certificat. Une mesure qui, à coup sûr, ne manquera pas de booster l’exportation de la pomme de terre mais que les agriculteurs de la wilaya d’El Oued n’ont, à l’évidence, pas attendue. Selon LaâlaMaâchi, directeur des Services agricoles de cette wilaya, ces derniers ont exporté, « depuis janvier 2016, quelque 10 000 tonnes de pomme de terre ». Vers le Qatar, essentiellement, les Emirats arabes unis et l’Espagne; ce dernier pays, nous a précisé notre interlocuteur, « depuis trois jours seulement». Cette «première percée européenne» des agriculteurs de la wilaya d’El Oued a toutes les chances d’être suivie, prochainement, par une autre. Cette fois-ci, au pays de Vladimir Poutine où des agriculteurs de la wilaya d’El Oued se sont rendus, au début du mois en cours, en prospection.
Et ce, dans le cadre d’une mission organisée conjointement par la CACI (Chambre algérienne de commerce et d’industrie) et la mission économique de l’ambassade russe à Alger.
Pour rester avec la promotion des exportations de la pomme de terre, la réunion d’avant-hier a également décidé de l’organisation, sous peu, «d’un forum d’exportation» pour, dit-on, «examiner les moyens et proposer les mesures de renforcement et de facilitation des exportations» de ce produit. Sauf que les participants à cette réunion ne se sont pas limités à l’encouragement de ce créneau. Ils ont également débattu du développement d’un secteur pouvant définitivement supprimer les craintes des agriculteurs quant à l’écoulement de leur production quand celle-ci est particulièrement abondante ; celui de la transformation, à savoir. Dans ce cadre, ils ont convenu de la «tenue, dans les tout prochains jours, d’un atelier visant à la promotion de l’industrie de la pomme de terre dans notre pays». Sur un plan lié, celui de la réunion de toutes les conditions à même de concourir à la réduction de la dépendance de la filière de la pomme de terre des semences importées, la rencontre d’avant-hier a également abouti à la nécessité de poursuivre les efforts déployés actuellement qui visent, à l’horizon 2019, «à cesser les importations ce produit». Pour rappel, ces dernières sont en baisses constantes. Et ce, comme l’attestent les chiffres communiqués, lors de cette rencontre, par les services compétents du ministère de tutelle : l’importation de semences de pomme de terre est, en effet, passée de 160 000 tonnes en 2013, à 140 000 tonnes, en 2014, puis à 120 000 tonnes, en 2015.
Mourad Bendris