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Fondateur d’Earth, Wind and Fire : Maurice White s’est éteint

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Maurice White, le fondateur du groupe mythique Earth, Wind and Fire, s’est éteint mercredi à l’âge de 74 ans. Il était atteint, depuis des années, de la maladie de Parkinson.

Ils ont inventé un genre : le disco-funk. Celui qui continue de faire danser des générations entières, que David Guetta se plait à sampler inlassablement dans ses plus grands tubes. A l’origine, The Salty Peppers est un groupe né en 1969 à Chicago grâce à la bonne volonté de Maurice White. Mais Chicago est la ville du blues, pas celle du funk. Très vite, Maurice sent l’appel du soleil, des filles sur la plage et décide, dès 1970, de déménager à Los Angeles. Il enrôle dans son voyage Verdine son jeune frère avec l’idée de mettre le feu à la West Coast. Fire ! Le nom est trop fort pour être délaissé. Maurice, grand amateur d’astrologie change le nom de son groupe en «Earth Wind & Fire», qui publie son premier album en 1971.
Le groupe de dix musiciens incorpore alors tout ce qu’il faut pour faire danser les foules : en plus d’une base rythmique forte, Maurice s’adjoint les services de cuivres, qui feront la patte du groupe. A l’époque, on s’embarrasse peu des contingences médiatiques, et Earth Wind & Fire récolte très vite les louanges du public. Si Sly & the Family Stone avaient donné le là en matière de musique funk, EWF s’impose comme une machine de guerre : un groove en béton, des paroles sexy, un look afro-chic leur permettent de se faire un nom.

EARTH, WIND AND FIRE INVITE LA MAGIE ET LA PYROTECHNIE SUR SCÈNE
Mais dès 1972, les musiciens quittent le navire, laissant Maurice et son frère seuls à bord. L’homme croit à son destin et ne baisse pas les bras. Au contraire, il réunit une troupe d’incroyables «sidemens» qui vont font créer les plus belles heures de la musique noire américaine, notamment grâce à l’arrivée du chanteur Philip Bayley. De 1973 à 1980, Earth Wind & Fire sera sur tous les fronts : des tubes à la pelle, des disques presque tous les ans, des concerts endiablés qu’un Michael Jackson admirait en secret. «That’s the way of the world» paru en 1975 (contenant le hit «Shining Star») fut leur premier énorme carton, s’imposant trois semaines en tête du top « pop » de Billboard, celui habituellement réservé aux artistes blanc…
L’Amérique ne fut pas la seule à succomber à leurs rythmes endiablés. Santana les invite en première partie de sa tournée européenne, où ils ont tendance à lui voler la vedette. Avec le monde à leurs pieds, Earth Wind & Fire peuvent désormais tout se permettre. Alors qu’Elvis fait son crooner à Las Vegas, ils sont les parmi les premiers à inviter la magie et la pyrotechnie sur scène. Le groupe apparaît dans une pyramide qui s’envole dans les airs à la fin du concert, bluffant tous les observateurs. On pourrait croire alors qu’ils sont à leur apogée. Mais le meilleur reste à venir.

« BOOGIE WONDERLAND » PASSE JUSQU’À 23 FOIS PAR JOUR À LA RADIO
Si leur reprise du «Got to get you into my life» des Beatles est un triomphe en 77, ils assomment la planète en 78avec «September», chanson parmi les plus diffusées encore aujourd’hui sur les ondes françaises. Difficile d’aller plus loin ? C’était mal connaître l’ambition de Maurice White qui sentant la vague disco cartonner partout dans le monde offre «Boogie Wonderland» en 1979, diffusée jusqu’à 23 fois par jour sur les radios américaines. Homme de l’ombre, Maurice n’est pas du genre à poser en Une des magazines ou de chercher l’approbation des critiques. En une petite dizaine d’années, le groupe a vendu plus de 20 millions de disques, lui permettant de rivaliser avec les plus grands.
Au début des années 80, leur virage électro déconcerte le public, ce qui poussera Maurice à mettre le groupe en sommeil pour se consacrer à la production (notamment Barbra Streisand ou Neil Diamond) et de se consacrer à sa carrière solo. Installé à Atlanta, Maurice pense vivre des jours tranquilles, sans vraiment avoir besoin de revenir au premier plan. Mais Phil Collins est passé par là entre deux… L’Anglais clamant à force d’interviews son amour pour la musique d’EWF, finit par pousser Maurice à reformer le groupe dès 1987.

CONSÉCRATION SUPRÊME: BARACK OBAMA INVITE LE GROUPE À JOUER À WASHINGTON
Malgré le son intemporel, le succès public, la mode n’est plus au funk. Il faudra attendre en réalité dix ans, et notamment l’avènement de Daft Punk ou des Djs, pour qu’Earth Wind & Fire retrouve sa place dans le panthéon de la musique. Mais Maurice lui avait entre temps lâché l’affaire, annonçant dès 1994 qu’il ne prendrait plus part aux concerts, officiellement pour se consacrer aux enregistrements et au business.
La réalité était toute autre : souffrant de la maladie de Parkinson, Maurice ne voulait pas apparaître amoindri sur scène et savait ses jours comptés. Malgré tout, il n’a cessé pendant 20 ans d’être l’homme de l’ombre, de participer occasionnellement à quelques concerts, tellement fier de voir une nouvelle génération lui rendre l’hommage mérité.
Consécration suprême, Barack Obama invite le groupe à jouer au Governer’s Diner le 22 janvier 2009, le lendemain se prestation de serment.
Depuis, tous les artistes afro-américains clamaient leur amour pour Earth Wind & Fire, de Prince à Beyoncé en passant par Jay Z. ou Outkast.
L’an passé EWF –sans Maurice- triomphait encore dans les Zénith de France aux côtés de Kool & the Gang, rappelant au passage ce que le hip-hop, la funk, le disco ou l’électro leur devait. De son repère américain Maurice White suivait encore attentivement la carrière de son groupe. Qui lui survivra éternellement.

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