L’administration du président Obama envisage désormais l’ouverture d’un nouveau front contre le groupe état islamique en Libye, pour empêcher les jihadistes de se tailler un nouveau fief dans le pays en proie au chaos. Au moment où il est sur la défensive en Irak et en Syrie, pilonnée depuis l’été 2014 par la coalition internationale, le groupe ultra-radical a réussi à prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli, et ses environs.
Forts d’environ 3.000 combattants, selon les estimations occidentales, les jihadistes ont lancé début janvier une offensive dans la zone du « Croissant pétrolier », où sont situés les principaux terminaux d’or noir.
Inquiet de l’évolution de la situation, le président Barack Obama a convoqué jeudi un Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche consacré notamment à la Libye, et les signaux se multiplient sur la volonté américaine de mettre un terme à l’expansion de l’EI dans ce pays. « Il faut agir avant que le pays ne devienne un sanctuaire » pour les jihadistes, « avant qu’ils ne deviennent extrêmement difficiles à déloger », a souligné vendredi un responsable américain de la Défense. « Nous ne voulons pas d’une situation comme en Irak ou en Syrie », où les jihadistes ont réussi à saisir des pans entiers de territoire, a-t-il ajouté. Le Pentagone prépare des options pour une intervention militaire, allant de frappes aériennes jusqu’à une participation à une force soutenue par l’ONU. Les Etats-Unis ont envoyé sur le terrain ces derniers mois de petits groupes de forces spéciales pour évaluer la situation, et nouer le contact avec les forces locales. Mais « rien n’est encore formulé ou proposé » à la Maison Blanche, a souligné le responsable américain de la Défense. De fait, les Etats-Unis et leurs alliés ont pour l’instant les yeux rivés sur les négociations en Libye sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. Fayez el-Sarraj, le Premier ministre désigné à la suite d’un accord conclu sous l’égide de l’ONU, s’est engagé à proposer une nouvelle équipe gouvernementale d’ici la fin de la semaine prochaine. La communauté internationale doit pouvoir compter sur un partenaire fiable sur le terrain avant de pouvoir intervenir, expliquent militaires et diplomates.
« Besoin d’un gouvernement d’union »
« Il faut une solution politique pour avoir une solution militaire », a résumé le responsable américain de la Défense. « La Libye a besoin d’un gouvernement d’union nationale qui peut s’allier à la communauté internationale » pour faire face à la menace des jihadistes, a de son côté souligné vendredi le lieutenant-colonel Michelle Baldanza, une porte-parole du ministère de la Défense américain. Malgré leur volonté d’agir, les Américains ne semblent pas forcément souhaiter prendre la tête d’une éventuelle opération.
Une hypothétique campagne libyenne « pourrait être la campagne dont nous ne prenons pas la direction », estimait récemment un responsable de la Défense. Les responsables américains lorgnent en particulier du côté de l’Italie, l’ancienne puissance coloniale qui semble être prête, sous condition, à prendre la tête d’une opération internationale. Le président Obama recevra à la Maison Blanche le président italien le 8 février. Et le secrétaire d’Etat John Kerry rencontrera à Rome ses homologues européens le 2 février. Les pays européens sont concernés au premier chef par la crise en Libye.
Le pays est l’un des principaux points de passage des migrants désirant rejoindre l’Europe. Mardi, les garde-côtes italiens ont annoncé avoir secouru 2.500 personnes en moins d’une semaine au large de la Libye, malgré le froid. Les Etats-Unis sont déjà intervenus ponctuellement au moins une fois contre le groupe Etat islamique en Libye. En novembre dernier, ils ont tué dans une frappe aérienne un des chefs jihadiste dans le pays, l’Irakien Abou Nabil.