Au cours de la présentation du bilan annuel 2015 des principales activités de la Gendarmerie nationale, le colonel kebaïli Mohamed Rédha, commandant du groupement de la wilaya de Chlef, a indiqué que 6 affaires mettant en cause des élus, notamment des présidents d’APC liées à la gestion de leurs communes ont été traitées par ses services. Les griefs retenus contre ces élus vont de la passation de marchés en violation du Code des marchés, de la dilapidation et détournement de deniers publics, du trafic d’influence, du faux et usage de faux, aux malversations et mauvaise gestion. Le colonel a fait part qu’à la suite des enquêtes menées par les différentes brigades de gendarmerie, les dossiers des mis en cause ont été transférés à la justice pour en statuer. A noter que certains ont écopé de la prison ferme tandis que d’autres ont été condamnés à des amendes assorties de prison avec sursis. Faut-il rappeler que d’après des chiffres officiels recensés auprès du ministère de l’Intérieur, pas moins de 300 maires sont poursuivis en justice pour différents délits liés à la gestion de leurs APC, alors que 1 400 élus locaux sur les 26 000 répartis à travers les différentes municipalités du territoire national se trouvent impliqués dans des affaires similaires.
Sur l’ensemble des mis en cause, 540 d’entre eux ont été condamnés, allant du paiement d’une amende à la prison avec sursis, jusqu’à la prison ferme dans des cas graves. Tous les chemins mènent à la corruption, semble-t-il, puisque, en dépit de tout l’arsenal juridique et des dispositions contenues dans la loi sur les collectivités locales, les élus du peuple n’ont d’autre souci que de s’enrichir sur le dos des citoyens qui les ont élus. Si sous d’autres cieux la fonction de maire est convoitée par des personnes intègres et surtout compétentes, chez nous il en est autrement.
En effet, il suffit d’être un militant « actif et dévoué » dans l’un des deux partis politique majoritaires dans le pays pour être propulsé du jour au lendemain à des fonctions qui ne sont guère les siennes.
Le degré d’instruction des maires en témoigne de la situation. Ainsi, dès le début de son mandat, le nouveau « maire» doit remercier à sa façon ceux qui l’ont aidé à accéder à sa nouvelle fonction, puis régler les problèmes de sa famille sans omettre les siens. Par ailleurs, si on estime que la majorité de nos concitoyens considèrent que « leurs élus » sont davantage préoccupés pour régler leurs problèmes et s’enrichir que de consacrer leurs efforts et leur énergie pour la collectivité, d’autres en revanche jugent les élus corrompus, incompétents et/ou qu’ils n’ont pas de pouvoir ou les trois à la fois.
Quelquefois ce sentiment est partagé par de hauts responsables de l’Etat. En effet, lors d’une récente visite effectuée par le wali de Chlef dans la daïra de Ténès, ce dernier a été apostrophé par un citoyen qui lui faisait part de l’expropriation d’un terrain lui appartenant, sur lequel justement un complexe sportif objet de la visite était en cours de réalisation sans pour autant être indemnisé. La réponse du wali à l’adresse du plaignant fut prompte et sans ambiguïté: «devenez maire et ainsi vous pourrez régler votre problème », pour enfin se ressaisir en le priant de se rapprocher de la daïra de Ténès pour trouver une solution à son problème. De toute évidence cette boutade lancée à l’adresse d’un citoyen en dit long de ce que pensent les hauts responsables de l’État des présidents d’APC et des élus d’une façon générale. Cependant, malgré les sanctions et les lourdes peines prononcées contre ces élus corrompus, ce n’est pas pour autant que le phénomène s’arrête, devant une passivité parfois de la justice et une absence de mécanismes de contrôle au niveau local et qui pourraient dissuader les élus qui se trouvent à gérer l’avenir de milliers d’habitants, sans qu’ils ne soient redevables devant quiconque.
Bencherki Otsmane