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Une adoption au forceps

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L’adoption prévisible du projet de loi de Finances pour 2016 par les partis de la majorité, a été précédée par des remous et des incidents qui ont frôlé les altercations, hier, à l’Assemblée populaire nationale (APN). En effet, après le branle-bas de combat mené par l’opposition ayant rejeté l’essence du texte du gouvernement, les dispositions les plus controversées, ayant fait objet d’une vive polémique ont été approuvées.
Ainsi, sur 86 amendements introduits, 55 ont été acceptés par le bureau de l’APN, alors que 23 seulement ont été adoptés lors de cette séance, ponctuée par des discussions très houleuses. Au-delà des critiques émanant des élus des partis du PT, du FFS et de l’AAV, ayant considéré le texte comme une atteinte au pouvoir d’achat des citoyens, l’opposition a tiré la sonnette d’alarme quant aux «dangers» de cette loi sur la souveraineté du pays et sur son économie, menacée par la «prédation étrangère». Hier encore, lorsqu’ils étaient intervenus, les députés de l’opposition ont tenté de battre en, brèche les dispositions les plus contestées, notamment celles traduites par les articles 66 et 71. Pour eux, il y’a eu des pressions terribles sur la commission des finances et du budget pour faire passer ces dispositions, quant bien même l’article 71 a été supprimé alors que le 66 a été amendé par cette même commission. En effet, selon l’opposition parlementaire, le ministre des Finances a introduit un amendement afin de réhabiliter l’article 71, qui lui permet d’intervenir une fois la loi de Finances 2016 signée, afin de réaménager les «équilibres budgétaires des secteurs», indique-t-on. Pour rappel, cette mesure a été déjà abrogée en commission de l’APN. Les élus protestataires ont accusé le ministre de vouloir se substituer aux prérogatives du chef de l’Etat. C’est ce qui a obligé justement la commission financière de retirer cette mesure, avant qu’elle ne soit réintroduite dans ce projet, hier même. C’est aussi le cas de l’article 66 amendé par la même commission. Cette disposition portant sur les conditions d’ouverture du capital social des entreprises publiques, prévoit pour ces dernières de «conserver au moins 34% de ses avoirs», stipule l’article en question. En dépit qu’elle soit amendée, cette mesure a été maintenue telle qu’elle par «un coup de force», ont accusé les députés de l’opposition. D’ailleurs, c’est le ministre des Finances lui-même, Abderrahmane Benkhelfa, qui est intervenu pour proposer de réintroduire l’article 71, avant qu’il ne soit soumis au vote. Après avoir formulé cette proposition, les membres de la majorité de l’Assemblée ont approuvé cette disposition, sous le regard désabusé de leurs compères de l’opposition. Ces derniers, ont quitté la plénière en signe de protestation. Mais, avant, ils ont marqué une halte devant le pupitre de l’Assemblée en arborant des pancartes exprimant le rejet de la LF-2016. Composée par les représentants du PT, du FFS et de l’AAV, la procession humaine a décidé de boycotter la suite des travaux de cette séance. «C’est un coup de théâtre. Les articles 71 et 59 enfreignent la souveraineté nationale», a commenté Nadia Chaoutene, députée du PT, accostée dans le hall de l’hémicycle, à sa sortie de la plénière. «Nous allons faire quoi ? Nous sommes contre ce projet. Nous le rejetons», a-t-elle précisé. Pour sa part, dans un ultime appel, le chef du groupe parlementaire de l’AAV, Naâmane Laouar, a demandé au président de la République de faire l’impasse sur ce projet et l’a invité à ne pas le signer. D’autre part, l’opposition semble être déçue par la «volte-face» de certains députés du FLN ayant été contre certaines dispositions la veille, mais qui ont fini par donner leur voix en faveur du projet. «Si le projet est adopté, ça serait une trahison», a indiqué pour sa part Ramdane Taâzibt, chef du groupe parlementaire du PT. Préférant protester depuis leurs sièges, les élus du FFS ont scandé des slogans hostiles à ce projet de loi tout en arborant le drapeau national. «Djazair Hourra Dimokratia !» (Algérie libre et démocratique, Ndlr), crient-ils.  En effet, après avoir soumis au vote tous les amendements de ce texte, le PLF-2016 a été approuvé par les députés du FLN, ceux du RND et d’une minorité d’autres petits partis. Quant aux élus de l’opposition, composée par le PT, le FFS et les partis d’obédience islamiste, ils ont boycotté la séance en signe de protestation. Intervenu en fin de séance, après l’adoption de son projet, Abderrahmane Benkhelfa est revenu sur les incidents ayant émaillé le déroulement de la séance. «Nous sommes fiers d’avoir adopté le texte. Certes, des dérives ont été enregistrées. Mais, ceci n’est qu’un signe de la liberté d’expression comme l’a voulu le président de la République», a-t-il indiqué. Benkhelfa a reconnu que le PLF-2016 est intervenu dans un contexte économique délétère, mais, qui devra selon lui booster le développement et la croissance. Enfin, s’exprimant au nom du premier ministre, il a indiqué que toutes les préoccupations de l’opposition ont été enregistrées.
Farid Guellil

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