Près d’une centaine de pêcheurs et armateurs activant au niveau du port de Ténès ont observé, au cours de la journée du dimanche, un arrêt de travail pour revendiquer la pêche de la sardine à l’intérieur d’une zone qui demeure jusqu’à ce jour interdite à la pêche. En effet, d’après la loi de 2004, la pêche n’est autorisée qu’à partir de 3 milles de la côte avec l’interdiction qu’elle soit effectuée à proximité des bassins, sous-entendu les ports, d’une station de dessalement d’eau de mer, dans les zones de mouillage ou dans des zones protégées.
Cette interdiction, doit-on le souligner, a été prescrite pour permettre à la faune marine de se développer loin de toute agression humaine. Il faut noter que les pêcheurs se sont plaints également du nombre élevé de contraventions établies par les services de la station maritime des garde-côtes de Ténès à leur encontre justement pour infraction à la loi de 2004 fixant les conditions et modalités de la pêche. Selon nos informations, il y aurait plus d’une cinquantaine de procès verbaux dressés ces derniers temps à l’encontre de patrons de sardiniers. Généralement, la justice opte pour une amende de 20 millions de centimes à l’encontre des contrevenants, sachant que celle-ci peut selon la loi atteindre les 80 millions de centimes. Sur ce sujet un ancien patron de sardinier nous a confié : « voyez-vous, si la sardine coûte cher aujourd’hui c’est qu’on nous oblige à pêcher dans des zones peu poissonneuses et les maigres prises qu’on effectue lors de nos sorties en mer couvrent à peine les charges telles que la main-d’œuvre, le fuel etc…” ; un autre intervenant abordant le problème de contraventions établies par les garde-côtes dira : « effectivement nous pêchons dans des zones classées interdites pour subvenir aux besoins de l’équipage et de leurs familles, mais nous n’avons pas le choix car le jeu en vaut la chandelle ». Par ailleurs, pour débloquer la situation une réunion s’est tenue le même jour (dimanche) au port de Ténès et a regroupé outre les pêcheurs, les garde-côtes de Ténès le directeur de la pêche et de l’aquaculture de la wilaya de Chlef et les responsables de la chambre de pêche. Après avoir écouté les préoccupations des pêcheurs, l’officier responsable de la station maritime de Ténès a fait observer à l’intention des plaignants qu’en tant que gendarmes de la mer, ils verbalisent conformément à la loi toute personne qui pêche dans une zone interdite à la pêche et sans autorisation. Il faut noter que ce problème de zone de pêche est devenu récurrent à tel point que périodiquement les pêcheurs observent des arrêts de travail pour attirer l’attention du ministère de tutelle pour revoir la cartographie des zones autorisées à la pêche, d’autant plus que la configuration du littoral et du relief des fonds marins ne sont pas identiques sur l’ensemble de la côte du pays qui s’étire sur 1200 kms dont le 1/10 se situe au niveau de la wilaya de Chlef. Quant à la chambre de pêche, et par la voix de son président, tout en reconnaissant le bien fondé des revendications des pêcheurs tient à préciser que le problème a été porté à la connaissance du ministère de tutelle et jusqu’à ce jour « nous n’avons pas eu de réponses ». Par ailleurs, il faut savoir que la loi n° 01-11 du 3 juillet 2001 relative à la pêche et l’aquaculture fixant les opérations de pêche maritime et continentale pour la mise en œuvre de la politique nationale des pêches fait état de trois zones de pêche maritime instaurées .
Il s’agit de la zone de pêche côtière (la pêche pratiquée dans les eaux intérieures) , celle pour la pêche au large (la pêche pratiquée à l’intérieur des eaux sous juridiction nationale) et enfin la zone pour la grande pêche (la pêche pratiquée au-delà de zone de la pêche au large). Il faut souligner enfin que les protestataires (ils sont 153 sardiniers activant au niveau du port de Ténès) ont décidé à l’unanimité de poursuivre leur combat pacifiquement jusqu’à l’obtention du gain de cause, c’est-à-dire la révision de la cartographie des zones de pêche en fonction des spécificités de chaque région, sachant que celle de Ténès n’est pas identique à celle de Mostaganem par exemple.
De toute évidence « la turbulence »que vit le monde marin à l’échelle de la wilaya de Chlef devra impérativement céder au calme et la sérénité pour le bien de la corporation et pour l’économie de la région d’une manière générale où de nombreuses familles vivent du produit de la pêche.
Bencherki Otsmane