La décision du gouvernement portant sur l’autorisation des agriculteurs à vendre eux-mêmes leurs produits agricoles, pour mettre fin à la spéculation qui est à l’origine de la flambée des prix sur le marché, a été remise au goût du jour. En effet, le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a fait le tour de la question, avant-hier, avec représentants de l’Unpa, au cours d’une rencontre consultative. Ce n’est pas la seule préoccupation à laquelle font face les opérateurs agricoles nationaux, puisqu’ils ont aussi exposé au ministre d’autres problèmes inhérents à l’exercice de leurs activités. Encore une fois, les paysans réclament plus de subventions auprès de l’État, à l’heure même où les ressources publiques tendent à se raréfier. Tout en saluant une mesure «encourageante» prises par l’Exécutif national permettant aux cultivateurs de commercialiser leurs produits sur le marché, les responsables de l’Unpa relèvent, en quelque sorte, un manque de «pragmatisme» dans cette décision, qui souffre de leur avis d’une mise en œuvre effective. Quant bien Bakhti Belaïb a affirmé avoir donné instructions aux walis qui se doivent de traduire ses décisions sur le terrain, à même de mettre en place des espaces de ventes à travers la réalisation des marchés. Aussi, les premiers responsables à la tête de l’Exécutif de wilaya sont tenus, selon le même responsable, d’accompagner les agriculteurs et de leur faciliter l’accès aux marchés aussi bien de gros que de détail. À vrai dire, cette décision entend régler le problème sempiternel de la spéculation sur les prix, pour à la fois préserver le pouvoir d’achat des ménages et consolider la marge bénéficiaire des agriculteurs, qui se plaignent d’un manque à gagner qui profite plus, aux intermédiaires de la vente qu’aux producteurs qu’ils sont. En effet, longtemps étaient désignés du doigt comme étant à l’origine de la montée fulgurante des prix des produits à large consommation, les mandataires intervenant entre le producteur et le consommateur ont fait, et continue à le faire, main basse sur les l’activité commerciale. Du coup, le diktat imposé par les «indélicats» marchands porte préjudice aux bourses des citoyens et à la rentabilité des activités des producteurs, qui payent les pots cassés de pratiques commerciales malsaines se passant de tout reflexe scrupuleux, allant jusqu’à défier les lois en vigueur et l’autorité publique. «Je suis choqué de voir la tomate que j’ai produite moi-même et vendue à 30 DA le kilogramme, se vendre à 150 DA», a déploré un représentant de l’UNPA, agriculteur de son état. Pour le même motif, celui, notamment de freiner la spéculation, Mohamed Alioui, secrétaire général de cette Union ne préconise pas plus, que la mise en place d’un régime fiscal, allant dans un sens favoriser la production nationale et de l’autre, imposer des restrictions aux produits importés de l’étranger. «L’agriculteur national se met à la besogne durant des mois pour voir au final, le fruit de son activité parte en fumée, en raison des produits ramenés d’ailleurs et financés par la banque nationale», a-t-il illustré de ces propos l’état d’esprit de l’agriculteur national. Aussi, a-t-il proposé comme solution à la spéculation, un plafonnement des prix des produits de large consommation. Le prix du lait connaîtra-t-il une hausse ? L’autre point abordé largement par les délégués de l’Unpa est celui ayant trait aux prix du sachet de lait qui se vent à l’heure actuelle à 25 dinars. Pour l’Union, ce prix n’arrange plus l’affaire des agriculteurs devant l’augmentation des coûts de production (entre 60 et 70 DA) et autres charges y afférentes. Pour leur permettre de tirer un tant soit peu un bénéfice de leur activité, les producteurs ont réclamé auprès de l’État, par le biais du ministre du Commerce en face duquel ils ont demandé, soit de revoir le prix du lait de quelques dinars de plus, soit de subvenir financièrement à leur besoins. Alioui a suggéré une augmentation allant de 2 à 3 DA concernant ce produit vital et de première nécessité. Pour lui, il ne s’agit pas de porter atteinte au pouvoir d’achat du consommateur, mais surtout de s’intéresser plus à la situation préjudiciable que subit le producteur. S’il est vrai que l’État tient toujours à sa politique subventionniste, chose réaffirmée récemment par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de la Tripartite de Biskra, il n’en demeure pas moins que les programmes de subvention «profitent» plus à certaines catégories professionnelles qu’aux «producteurs eux-mêmes», a laissé entendre le SG de l’Unpa. D’ailleurs, ce dernier a préconisé «un ciblage» dans l’octroi des aides financières. Si non, comment expliquer le fait qu’un «hôtel de luxe profite de ces subventions de l’État, en proposant le lait à ses clients avec des prix exorbitants», a-t-il détaillé. L’autre argument mis en avant par les membres de l’Union, est celui de la stagnation du prix de ce produit depuis une vingtaine d’année. Ce qui n’est pas le cas dans bien d’autres pays européens et voisins de l’Algérie, où le prix du lait répond à une flexibilité et a connu une hausse de 5 à 6 fois.
Farid Guellil