Le Forum du quotidien “Echaâb” a reçu, hier, d’anciennes personnalités politiques, des directeurs de journaux arabophones et francophones, ainsi que des pionniers de la presse écrite, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la presse. Étaient présents à ce Forum, le Dr Mahieddine Amimour, ancien ministre de l’Information, Abderrahmane Belayat, ancien ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Nacer Mehal, ancien ministre de la Communication. Bachir Chérif-Hacène, directeur de publication du journal “La Tribune”, Ahmed Fattani, directeur de “l’Expression” et des pionniers de la presse écrite et parlée. La parole fut ensuite donnée au docteur Mahieddine Amimour. Dans son intervention, il a dressé un tableau exhaustif sur les événements durs auxquels les journalistes algériens ont été confrontés durant la écennie noire pour exercer librement leur noble mission qui est celle d’informer le citoyen et de lui divulguer la vérité. Certains journaux privés ont subi de très fortes pressions de la part des gouvernants pour être réduits au silence. D’autres ont été carrément interdits de parution, parce que leurs lignes éditoriales dérangeaient certaines sphères du pouvoir. L’atteinte à la liberté de la presse était flagrante. Certains journalistes ont combattu vaillamment pour arracher ce droit fondamental lié à la liberté d’expression, longtemps spoliée par les pouvoirs. D’autres ont subi des harcèlements judiciaires. Des journalistes refusant de s’y soumettre à l’arbitraire ont été incarcérés. Des pionniers de la presse, présents au forum, ont déclaré qu’il est difficile de parler de la liberté de la presse en Algérie, sans parler d’abord des centaines de journalistes assassinés, durant la Décennie noire et des centaines de journalistes disparus. Depuis, aucune enquête sérieuse n’a été menée pour retrouver les coupables. Comment revendiquer la liberté de la presse en Algérie, lorsque la mort devient banale ? Dans ces conditions, peut-on parler de droits de la presse algérienne ? Il est impossible de comprendre les problèmes de la presse en Algérie, en s’attachant aux seules questions juridiques. Il faut prendre en compte des facteurs techniques, financiers et politiques. ll a été aussi question de la protection du journaliste, inexistante dans l’exercice de ses fonctions pour effectuer pleinement sa mission. Leur rôle respectif varie selon que l’on s’attache à la collecte de l’information, au régime de l’entreprise de presse ou de la publication et à la diffusion. En dressant un tableau de la situation dans laquelle se trouvent, depuis 1992, les journalistes algériens, l’on prend la mesure des menaces qui pèsent sur eux. Bachir Chérif-Hacène, a dénoncé les obstacles qui se dressent pour empêcher le journaliste d’avoir accès à l’information en temps opportun. D’autre part, il a affirmé qu’il n’y a aucune relation entre le monde politique et la presse. À cet effet, il a déclaré que même les attachés de presse subissent quotidiennement des pressions pour accéder facilement aux sources d’information qui, selon lui, doivent d’abord être soumises à un contrôle rigoureux, avant de faire l’objet d’une quelconque diffusion. De même, il a déclaré que l’attaché de presse est obligé de passer par plusieurs étapes pour être mis en contact avec le ministre ou le responsable concerné par l’événement. Où est donc la liberté de la presse dans ce cas de figure ? D’autre part, il a souligné que tout se passe en catimini dans certaines institutions de l’État. Selon lui, il n’y a plus de souveraineté de l’information. Il a été aussi question de la publicité qui dépend des intérêts politiques. Face à cela, peut-on penser de prime abord à l’épée de Damoclès ? Le directeur de “L’Expression”, Ahmed Fattani, a rendu un vibrant hommage aux journalistes lâchement assassinés par le terrorisme aveugle, durant la Tragédie nationale, en déclarant que cette machine meurtrière a emporté avec elle de grandes plumes, parce que ces journalistes de talent croyaient à une Algérie plurielle. Ils sont morts pour leur Patrie. Par conséquent, il a été évoqué l’événement fâcheux du ministre de la Communication, Hamid Grine, qui a été intercepté dans la soirée du samedi 17 octobre à l’aéroport parisien d’Orly par la police de l’air et des frontières française pour passer à l’intrigante fouille. Balayat a qualifié cela d’humiliation pour la République, avant d’ajouter que le gouvernement algérien n’a pas réagi, suffisamment, à cet état de fait. Selon lui, l’État devait frapper plus fort. De son côté, la directrice générale d’ “Echaâb”, Amina Debbache, a suggéré qu’à l’avenir notre police des frontières devra rendre la pareille, en usant des mêmes procédés à l’encontre des personnalités politiques françaises devant effectuer des visites officielles en Algérie. Le Forum fut clôturé par des récompenses qui ont été décernées à certaines personnalités prônant la liberté d’expression et à certains pionniers de la presse algérienne.
Lazreg Aounallah