Malgré que dans ses différents rapports, le FMI avait mis en garde l’Etat algérien sur les éventuelles répercussions que pourront avoir les augmentations salariales sur l’économie du pays, le gouvernement maintient donc sa décision d’augmenter les salaires suite à la suppression de l’article 87 bis du code du travail.
Quel sera donc le coût macroéconomique de l’abrogation de l’article 87 bis? L’évaluation est difficile au moment où chaque partie, syndicat et économistes donne d’abord des chiffres différents. Les chiffres déjà anciens, révélés en 2005 ou 2006, par lesquels le gouvernement algérien estimait lui-même l’impact financier de cette mesure à 500 milliards de DA pour l’État et 40 milliards pour les entreprises, soit près de 7 milliards de dollars.
Certains économistes quant à eux parlent de 9 à 11 milliards de dollars en rythme annuel. Selon l’économiste Abdelhak Lamiri, il y a un risque de « relèvement de 10 à 20% de la masse salariale » avant de parler d’un impact possible de “6 à 7 milliards de dollars ». Du côté de l’UGTA, un président de Fédération, M. Amar Takdjout, évoque des augmentations de salaire évaluées en moyenne à 3000 ou 4000 dinars qui toucheront de façon variable près de 2 millions de travailleurs et qui représenteront près de 15% de la masse salariale nationale. En l’absence donc de données véritablement fiables, d’autres spécialistes considèrent que le « seul impact mesurable avec une certaine précision concerne la Fonction publique pour laquelle il pourrait atteindre entre 2 et 3 milliards de dollars”. Des évaluations qui illustrent non seulement la faiblesse des outils économétriques disponibles mais également les incertitudes qui portent sur le futur cadre réglementaire lui-même qui est loin d’avoir été entièrement précisé.
Il faut dire également que quelle que soit l’hypothèse d’impact financier retenue, le budget de fonctionnement de l’Etat sera en première ligne pour débourser la somme suffisante dans ce sens.
Sur la base des indications les plus récentes concernant la masse salariale à fin 2012, les incidences financières d’une abrogation de l’article 87 bis doivent se situer dans une fourchette allant de 9 à 11 milliards de dollars en rythme annuel. Les répercussions de cette mesure ne seront pas sans conséquences sur une économie supportée par le seul secteur des hydrocarbures, notamment la rente pétrolière qui assure l’essentiel des recettes en devises du pays. Un équilibre fragile qui n’est maintenu que grâce à un niveau élevé du prix du baril de pétrole. Mais les conséquences ne s’arrêteront pas là. Le principal intérêt des avertissements délivrés par de nombreux économistes algériens, imités par le FCE qui évoque un risque d’”effet accordéon” sur l’ensemble de la grille des salaires, concerne aujourd’hui la réduction des marges de manœuvre financières de notre pays, dont les équilibres financiers extérieurs sont devenus très fragiles depuis la fin 2013. Abdelhak Lamiri annonce une aggravation de la facture des importations, “puisque 79 à 80% des biens consommés par les Algériens sont importés”. Suivant les différentes hypothèses d’impact financier retenues, l’excédent de notre balance commerciale, déjà fortement mis à mal au cours des dernières années et inférieur à une dizaine de milliards de dollars en 2013, pourrait de nouveau être réduit de moitié, voire disparaître presque complètement dès 2015.
Synthèse I. B.