Solidarité : l’affaire de tout le monde, selon Benhabyles

Depuis son installation, il y a un peu plus d’une année, à la tête du Croissant-Rouge algérien (CRA), l’ancienne ministre de la Solidarité nationale, Saïda Benhabyles, a une préoccupation majeure, celle de mettre de l’ordre dans une institution, dont beaucoup de choses manquent. Au Forum du confrère «El-Moudjahid», la présidente du CRA s’est d’emblée étalée sur la culture de solidarité qui n’est quasiment plus que le fait de l’État. Pour l’oratrice, les Algériens ne doivent pas oublier leurs « bonnes manières ». Parce que, au jour d’aujourd’hui, et il faut le dire, on ne reconnaît plus notre société qui a perdu de sa générosité et de sa convivialité légendaire. La solidarité n’est quasiment plus que le fait de l’État, alors que la consommation ne s’est jamais aussi bien portée. On nous dit que l’individualisme et l’égoïsme seraient les revers de la médaille du développement économique et du progrès technologique. On doit, bien sûr, refuser de le croire ! « La solidarité ne se décrète pas. Ce sont des comportements de tous les jours qu’on doit, de nouveau, inculquer. » Pour l’invitée d’«El-Moudjahid», la solidarité et le partage ne doivent pas être seulement des mots vains. Par ailleurs, s’agissant de la nouvelle stratégie du CRA, l’ancienne ministre a indiqué que celle-ci consiste à faire de la solidarité et ses actions de bienfaisance un travail au quotidien. Combattre la solidarité conjoncturelle est la devise de la présidente du Croissant-Rouge algérien qui œuvre pour le retour aux valeurs ancestrales, tels l’esprit d’entraide, le don de soi… En effet, pour la présidente du Croissant-Rouge, la solidarité est un effort au quotidien qui doit garantir la dignité des citoyens démunis. Dans le même ordre d’idées, en bannissant le mot couffin, Mme. Benhabyles a appelé les citoyens à retrouver leurs traditions et mœurs. Aussi, Benhabyles estime que l’aide ne doit en aucun cas se transformer en charité. Revenant à la fameuse question de la culture de solidarité chez les Algériens, l’oratrice a mis l’accent sur la nécessité d’inculquer ses notions à nos progénitures. Pour ce faire, une convention sera signée avec le ministère de l’Éducation nationale dans les jours à suivre. Elle permettra au CRA de faire des manifestations dans les écoles au profit des élèves, afin de leur transmettre les notions de la solidarité. Également, Benhabyles a indiqué qu’un grand travail est nécessaire pour établir les listes des bénéficiaires des aides durant le Ramadhan. Le souci de la présidente du CRA est de répondre aux véritables nécessiteux. Elle qualifie les listes des familles démunies établies par les APC de non exhaustives, puisqu’elles ne reflètent par la réalité. «Nous menons un travail de proximité, à la faveur de l’implication de la société civile, notamment les associations et comités locaux, les zaouias, les mosquées, à l’image de ce qui se fait pour la touiza, loin de toute exploitation partisane. Le CRA a recensé jusqu’à présent 10 000 familles à travers 30 wilayas qu’il espère prendre en charge. «Le CRA, étant un trait d’union entre le bienfaiteur et le nécessiteux, doit compléter l’effort de l’État», souligne-t-elle. De surcroît, l’oratrice a rappelé qu’une enveloppe financière prévisionnelle de plus de 8 milliards DA a été consacrée à la solidarité en faveur des nécessiteux durant le mois du Ramadhan 2015.
Dans ce sillage, elle a appelé à mettre les bouchées doubles pour réussir le pari de l’État. «Il faut que la politique de solidarité soit accompagnée aussi d’une culture de solidarité. L’État est entre le marteau et l’enclume», a encore précisé la présidente du CRA qui tente d’expliquer les défaillances dans le système d’aide aux nécessiteux en Algérie.
Lamia Boufassa