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Timbuktu : le Fespaco déploie un dispositif de sécurité inédit

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Après avoir envisagé de le déprogrammer, le festival a finalement choisi de prendre des mesures de protection supplémentaires et de diffuser le film d’Abderrahmane Sissako. Le président du Burkina Faso avait défendu le long métrage. Timbuktu, film vedette décrivant la vie dans le nord du Mali sous les djihadistes, sera projeté ce jeudi 5 mars dans le cadre d’un festival du cinéma africain placé sous haute protection. Le gouvernement du Burkina Faso avait un temps envisagé sa déprogrammation pour des raisons de sécurité. Patrouilles aux abords de la manifestation, fouille minutieuse des spectateurs, portiques détectant les métaux: pour sa 24e édition, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) est encadré par un dispositif de sécurité inédit. «Il y a pas mal de problèmes sécuritaires qui se posent» autour de Timbuktu, confiait le ministre de la Culture, Jean-Claude Dioma, jeudi dernier, deux jours avant l’ouverture du festival. Le gouvernement, bien que n’ayant reçu aucune menace, avait envisagé de retirer le film phare des Césars de la programmation, selon le ministre. Le tollé causé par ces hésitations, assorti d’un renforcement de la sécurité ont finalement convaincu les autorités. Le réalisateur du film, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, s’était notamment dit «consterné» par la perspective d’un retrait de son film. Le président burkinabé, Michel Kafando, lui, avait apporté son soutien alors que la polémique faisait rage. «Quelque chose qui pourrait m’inciter à aller avec vous dans les salles de cinéma ces jours-ci, c’est si vous me promettez que vous allez diffuser le film Timbuktu», avait-il déclaré. La présence du chef de l’État n’a pas encore été confirmée à la projection, qui se tiendra jeudi à 18h30 (locales et GMT) au ciné Burkina, l’une des plus vieilles salles de la capitale, qui compte quelques centaines de sièges. Abderrahmane Sissako est arrivé mercredi soir à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a-t-on appris auprès de l’organisation.

12.000 festivaliers sont attendus
À Bamako, où Timbuktu a été projeté une fois, le film n’a pas fait l’unanimité, certains lui reprochant d’édulcorer la réalité. «Les djihadistes-terroristes ont coupé des mains et des femmes ont été violées. C’était la barbarie. On ne voit pas ça clairement dans le film», avait déclaré mi-février à l’AFP un enseignant de Tombouctou. La fiction, sélectionnée aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger, a été l’objet d’une intense polémique en France. Le statut d’Abderrahmane Sissako, conseiller culturel du président Mohamed Ould Abdel Aziz, y a été vivement critiqué. Fondé en 1969, le Fespaco se tient tous les deux ans au Burkina Faso, pays pauvre dont il constitue la carte de visite à l’international. L’édition 2015 est la première depuis la chute du président Blaise Compaoré à la suite d’une révolte populaire fin octobre. Au moins 12.000 festivaliers, dont 5.000 étrangers, sont attendus pour cette manifestation populaire où le public se mêle aux réalisateurs, comédiens et acheteurs. D’une durée d’une semaine, le Fespaco se conclura samedi. Le jury présidé par le réalisateur ghanéen Kwaw Ansah, lauréat en 1989, remettra l’Étalon d’or de Yennenga, la distinction la plus prestigieuse, à l’un des dix-neuf films, en provenance de seize pays, en compétition. La manifestation est «une photographie de la situation de l’Afrique au cours de ces deux dernières années», affirme Ardiouma Soma, son délégué général. «Il y a des films sur la guerre, sur les problèmes religieux, politiques…»

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