Accusé d’être derrière le mouvement de protestation mené, depuis quelques jours, contre Amar Saâdani, l’actuel patron du FLN, Tayeb Louh, aurait fini par faire machine arrière, selon des sources proches du parti. Le ministre de la Justice, confie-t-on, aurait été «induit en erreur» par quelques parlementaires et anciens membres du CC qui mettent leurs intérêts personnels au dessus de toute autre considération. Boualem Djafar, sénateur et ancien mouhafedh de Bordj Bou Arréridj, Boutaleb Azzeddine, député de Tiaret et vice-président de l’APN et Mouad Bouchouareb, député de Sétif ainsi que Boulahia Brahim, ex-mouhafedh de Batna, font partie, entre autres, des éléments qui auraient tenté, lors d’une réunion «restreinte» avec Louh, de convaincre ce dernier du fait qu’«il était bien placé pour occuper le poste du secrétaire général du parti». Une «proposition» qui, indique-t-on, avait séduit, dans un premier temps, le ministre. Ces derniers, dont le seul objectif, accuse-t-on, est de «dégommer» Saâdani, sont même passés, ajoute-on, à la vitesse supérieure, et ce, en tenant des réunions dans une villa, mise à leur disposition par un ancien cadre de la police, à El-Biar. «L’actuel SG du parti est intouchable. Et Louh ne pourra rien faire», tranchent nos sources qui ajoutent que même la pétition qui a été lancée pour collecter les signatures des députés afin de pousser le successeur de Belkhadem vers la porte «ne circule plus dans les couloirs de la chambre basse du parlement». «Le ministre (de la Justice, ndlr) a fini par comprendre que cette contestation ne va déboucher sur rien de concret», enchaîne-t-on. L’autre enjeu majeur qui fait courir les adversaires de Saâdani, ajoute-on, est lié, faut-il le dire, au prochain congrès prévu en 2015. «On reproche à Saâdani le fait qu’il ait procédé à un nouveau découpage des mouhafadhates pour qu’il puisse baliser le terrain en prévision de ce rendez-vous. Mais, c’est normal ! Car, tout le monde, sait que les structures actuelles (mouhafadhates, ndlr), sont contrôlées par les partisans du SG déchu», expliquent encore les mêmes sources. D’ailleurs, poursuit-on, ceux qui occupent les devants de la scène pour le moment sont des pro-Belkhadem. «Saâdani ne va pas, quand-même, s’engager dans un champ miné. Ou, pour être plus clair, celui-ci veut faire barrage à un retour surprise de Belkhadem ou ses proches collaborateurs», explique-t-on. L’«agitation» des adversaires du patron de l’ex-parti unique, à leur tête Abderrahmane Belayat, n’est donc pas le fait du hasard. Toujours dans le même ordre d’idées, un autre cadre du FLN, qui a requis l’anonymat, nous a confirmé qu’il a été, au début de l’opération de la collecte des signatures contre le secrétaire général du Front de libération nationale, contacté par Louh à cet effet. «Le ministre m’a juste indiqué qu’il s’agissait d’une affaire importante. Mais, j’ai vite compris le message», ajoute notre interlocuteur. Bref, nos sources affirment que le premier responsable du département de la Justice, qui a mal joué, a fini par perdre la «bataille». De son côté, Tahar Khaoua, le chef du groupe parlementaire du FLN, que nous avons encore une fois interrogé sur cette contestation des députés, a rappelé que ces derniers sont minoritaires. S’agissant du «bruit» fait autour de Tayeb Louh, notre interlocuteur s’est contenté de préciser qu’ il (Khaoua, ndlr) «réagit dans le cadre du parti» et qu’il respecte les textes qui régissent ce dernier. Avant d’ajouter que le ministre est «neutre» et «compétent» et qu’ «il ne se mêle pas de ce genre d’affaires». «Il est impossible que Louh pourrait être contre Saâdani», ajoute notre interlocuteur, lequel tire une autre fois, sur Belayat et ses acolytes. Pour revenir aux nouvelles mouhafadhates, d’autres sources révèlent que d’autres wilayas seront concernées par l’opération menée par Saâdani. C’est ainsi que nous apprenons que Bouira, à titre d’illustration, sera découpée en trois nouvelles «structures» : Lakhdaria, Sour-El-Ghozlane et Bouira. «Cela interviendra dans une dizaine de jours», a-t-on conclu.
Soufiane Dadi