Les manifestations se sont déroulées, jeudi soir, dans le calme, pour la deuxième journée consécutive, dans la petite ville de Ferguson, tandis que la Garde nationale du Missouri (centre des Etats-Unis) se retirait, douze jours après la mort d’un jeune Noir abattu par un policier Blanc.
Aucun incident n’a été signalé lors de cette manifestation où ont défilé quelques centaines de personnes demandant que justice soit faite après la mort de Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans, abattu le 9 août par le policier Blanc, Darren Wilson. Invoquant l’accalmie, le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, avait ordonné jeudi le départ de la Garde nationale, après une dizaine de jours de manifestations qui ont dégénéré de manière sporadique en émeutes et affrontements avec la police. Seules cinq personnes ont été arrêtées jeudi soir, contre six, mercredi et 47 mardi. «Les gens vont continuer à manifester pour Mike Brown jusqu’à ce que justice soit rendue, et c’est exactement ce qu’il convient de faire» a déclaré Stéphanie Taylor, une aide infirmière de 28 ans, qui défile presque tous les soirs. La petite ville de la banlieue de St. Louis avait connu un début d’accalmie dans la nuit de mercredi à jeudi, après la venue du ministre de la Justice Eric Holder, qui a arpenté les rues et rencontré les habitants pour y panser les plaies d’un meurtre qui a ravivé le spectre du racisme.
«Militarisation des polices locales»
Douze membres d’un grand jury du comté de Saint-Louis, chargé de décider s’il y a lieu de poursuivre le policier, ont commencé, mercredi, à étudier à huis clos les premiers éléments de l’enquête. Ils pourraient demander à entendre le policier de 28 ans, mais leur décision pourrait se faire attendre jusqu’à mi-octobre, selon le procureur Robert McCulloch.
Répondant à ceux qui réclament sa récusation parce qu’il avait relaxé en 2000 deux policiers, le procureur a assuré jeudi avoir toujours accompli sa mission «fidèlement et équitablement» et ne pas avoir l’intention de se démettre. Face aux violences, qui ont émaillé quasi quotidiennement les manifestations, pacifiques au départ, le gouverneur avait confié le maintien de l’ordre à la police de la route, venue relever la police locale critiquée pour sa militarisation et ses brutalités. Mais les actes de vandalisme nocturnes continuant, le gouverneur avait ensuite mobilisé la Garde nationale, dont les premiers hommes sont arrivés lundi, pour surtout protéger le quartier général de la police, pris pour cible par certains manifestants. La police de la route et la police locale vont désormais rester seules en charge de la sécurité publique. La sénatrice du Missouri, Claire McCaskill, a promis de son côté, jeudi, des auditions sur le programme de transfert d’équipements militaires aux polices locales. Elle a indiqué dans un communiqué qu’elle allait «conduire une audition en septembre pour examiner la militarisation des départements de police locale». Carl Levin, président de la commission des Forces armées au Sénat, avait déjà promis un réexamen de ce programme. Des rassemblements en mémoire du jeune homme sont prévus d’ici ses funérailles publiques lundi. D’autres manifestations en faveur cette fois du policier sont organisées ce week-end.
Darren Wilson, mis en congé forcé, n’a fait aucune apparition publique ni déclaration depuis qu’il a abattu le 9 août vers midi Mike Brown, qui venait de voler une boîte de cigare dans un magasin de spiritueux. Les versions de la police et de plusieurs témoins divergent. Pour les uns, Michael Brown aurait tenté de se saisir de l’arme du policier qui l’a abattu. Pour d’autres témoins, dont l’ami de Michael Brown qui l’accompagnait, il avait les mains en l’air. La chaîne ABC News, citant une source proche du policier, a rapporté qu’il avait subi une «grave blessure au visage» lors de sa confrontation avec Michael Brown. Une information que la chaîne CNN a démenti jeudi. Les autopsies diligentées par la famille et par le ministère ont conclu que le jeune homme avait été atteint d’au moins six balles.