Accueil ACTUALITÉ Quel projet politique pour une opposition hétéroclite ?

Quel projet politique pour une opposition hétéroclite ?

0

Le premier mérite et non des moindre de la première conférence nationale dite de l’opposition organisée par la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) est d’avoir réussi à réunir autour de la même table tous ceux qui s’opposent ou qui veulent un changement de régime politique pour selon eux plus de «démocratie».

Au milieu de la décennie noire une initiative quelque peu semblable initiée principalement par le FFS de Hocine Ait Ahmed, la conférence de Rome sous les auspices de la communauté de San Egidio, avait lamentablement échoué parce qu’elle avait ouvert grandes les portes aux dirigeants des groupes terroristes qui mettaient L’Algérie à feu et à sang, revendiquant attentats et massacres, Les Boukhamkhem, Ghemazi, Belhadj et Djeddi entre autres qui avaient été derrière l’insurrection du parti dissous , ont été de la partie à Zeralda en convivialité avec les représentants du RCD et de Saïd Sadi qui avaient combattu leur idéologie aux côtés du pouvoir d’alors. Cette conférence ou tout un chacun a mis, si on peut le dire de l’eau dans son vin a permis entre autre, fait inédit, une « cohabitation » entre les responsables du FFS et leurs frères ennemis du RCD. Le Front des forces socialistes (FFS), qui a décidé à la dernière minute de prendre part à cette conférence, était représenté par son premier secrétaire, Ahmed Betatache. Abderrezak Makri, Abdallah Djaballah du Parti pour la justice et le développement et Soufiane Djilali président de Jil Jadid parmi les initiateurs de l’initiative étaient en première ligne . Parmi les autres invités à cette conférence, des ex-chefs de Gouvernement Ahmed Bentitour, Mouloud Hamrouche et Ali Benflis, candidat malheureux à la présidentielle. Saïd Saâdi, qui a finalement quitté la réunion pour on ne sait quelle raison , Me Ali Yahia Abdenour, Mokrane Aït Larbi, Abdallah Djaballah et même Ali Belhadj qui a fait une brève apparition, composaient le casting de choix de ceux qui ont plus de trente ans d’activité politique au pouvoir ou dans l’opposition. Il n’a manqué à l’appel que Louiza Hanoune qui avait participé au contrat de Rome et qui se retrouve aujourd’hui en ferme avocate du pouvoir. Il faut dire que les initiateurs de la rencontre ont tenu à attirer des poids lourds et le plus large spectre oppositionnel pour tenter de réduire l’impact des consultations de Ahmed Ouhayia pour la révision constitutionnelle. D’autres personnalités politiques ayant appartenu au FFS ont pris part à ce congrès de l’opposition, entre autres Djamel Zenati, Saïd Khellil, Mustapha Bouhadef et Ahmed Hamadache. De même que Karim Tabbou, en dissidence avec l’ancien parti de Hocine Aït Ahmed dont il a été pendant longtemps le premier secrétaire avant de projeter de créer sa propre formation politique.
Il faut noter aussi la présence d’anciens cadres du RCD, à l’instar de Hocine Nia ou encore de Madjid Yousfi. Le seul à avoir manqué à l’appel est l’ancien Chef du gouvernement , Sid Ahmed Ghozali , auréolé depuis son dîner avec le Secrétaire d’État américain John Kerry , qui veut apparemment jouer en solo . Ainsi au delà de leurs divergences , parfois de taille , le gotha de la classe politique algérienne était présent . C’est l’ancien Chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, qui a présidé la conférence, aux côtés de Laloui Belmokhi d’Ennahda, de Fatiha Benabou , constitutionnaliste et de Salah Dabouz , du MSP. En dehors d’une feuille de route qui reste très imprécise pour faire consensus la conférence a insisté sur la nécessite d’une période de transition. Un leitmotiv alors que certains des participants ont exercé la réalité du pouvoir et comme si l’Algérie pouvait se permettre le luxe d’une série de transitions. Cette revendication nodale ne fait d’ailleurs pas l’unanimité et Ali Benflis l’a fermement critiqué, tandis que Hamrouche l’a assortie de conditions et insiste sur le rôle premier de l’Armée dans cet hypothétique processus. On se perd d’ailleurs en conjectures sur cette insistance de l’ancien Premier ministre de Chadli à vouloir réintroduire l’ANP , dans le jeu politique . Comme s’il comptait sur son appui pour jouer les premiers rôles au sein d’une opposition qui se met d’accord un jour pour mieux se diviser le lendemain face aux mirages d’accessits politiques .Quoi qu’il en soit, il faut bien convenir que la Grande messe de l’opposition a été une grande démonstration de force politique pour se faire entendre. Pour le reste et notamment pour ce qui est de la période transitoire revendiquée, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a affirmé qu’il rejetait «globalement et dans le détail» les revendications de l’opposition, donc il faudra attendre les prochaines réunions de la coordination qui a été mise en place pour voir si ce rassemblement des plus hétéroclites du moins pour ce qui est des obédiences idéologiques et des chapelles politiques pourra se consolider pour constituer une alternative politique et crédible, pour se faire entendre et surtout susciter l’adhésion populaire qui reste l’apanage des grands partis notamment le FLN et le RND aux cotés de la mouvance islamique modérée.
Mokhtar Bendib

Article précédentPolémique sur le gaz de schiste : Necib tacle les détracteurs
Article suivantSahara Occidental : les étranges propos de l’ambassadeur russe à Rabat

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.