Accueil CULTURE 18e FNTP : Présentation de la pièce tunisienne « El Haribate »

18e FNTP : Présentation de la pièce tunisienne « El Haribate »

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La pièce de théâtre « El Haribate » (les fugitives) de la Tunisienne Wafa Taboubi, une quête de sens face aux angoisses existentielles de la vie, a été présentée, lundi soir à Alger, en présence de la ministre de la Culture et des Arts, Mme Malika Bendouda.
Marquant une courte halte de la compétition du 18e Festival national du Théâtre professionnel (FNTP), organisé depuis le 22 décembre dernier au Théâtre national Maheddine-Bachtarzi (TNA), le spectacle, dont la générale a été présentée à Tunis en octobre 2025, a été mis en scène par la Tunisienne Wafa Taboubi. D’une durée de 75 minutes, « El Haribate » explore le doute, l’attente, l’incertitude et l’espoir, avec une distribution triée sur le volet de cinq talentueuses comédiennes tunisiennes, ainsi qu’un de leurs compatriotes-artiste, également professionnel des planches. La richesse du texte, la grande compétence des comédiennes la bande son et l’éclairage subtils, ont remplacé l’absence de décor, une scénographie également conçue par Wafa Taboubi qui a déroulé sa trame dans une fusion judicieuse de courants théâtraux et une belle chimie des écoles, entre théâtres « épique de l’absurde », « didactique » et « de la cruauté » notamment. Tenant en haleine les spectateurs durant 75 minutes, Fatma Bensaïdane, Mounira Zakraoui, Lobna Naamane, Oumaïma Bahri, Sabrine Omar et Oussama El Henaïni, ont réussi à porter la densité du texte et entretenir une performance époustouflante d’intensité, hautement exigeante sur le plan physique et aux échanges ascendants et soutenus déclamés avec vocifération. Wafa Taboubi a préféré miser sur l’ »intensité de la performance de l’ensemble des prestataires » qui a brillamment porté le message, plutôt que de mettre en avant les personnages, laissés sans le moindre nom pour les identifier. Elle s’est également « aidée de plaques de signalisation routière pour annoncer les intitulés de certains des tableaux » et recommandé aux comédiennes de « déclamer les dialogues en criant pour maintenir l’attention des spectateurs », comme le préconisait Antonin Artaud (1896-1948) précurseur du théâtre de la cruauté. Véritables éléments dramaturgiques, la lumière, un des éléments de la scénographie et la musique, œuvre de Hani Belhammadi, créaient des atmosphères sombres et glaciales et entretenaient discrètement le climat de psychose régnant. Ainsi, l’éclairage, feutré ou vif, latéral, vertical (douches) ou en diagonales, suggérait la provenance et l’origine de la détresse, l’angoisse, et la douleur, dont la progression et l’imminence étaient annoncées par des boucles de cadences rythmiques et de corpus musicaux saccadés.
Dans des dialogues empreints de violence et de colère, les artistes tunisiens en détresse absolue, allaient dans tous les sens, s’accusant, se chamaillant, se bousculant, gesticulant, courant et vociférant, tous en quête de sens qui apaiserait leurs angoisses et leurs tourments. Quelques moments comiques dans le propos ou dans le jeu des comédiennes ont agrémenté le spectacle et fait rire les spectateurs, restés généralement recueillis et attentifs durant tout le déroulement du spectacle, largement applaudi par le public qui a réservé un accueil triomphale à Wafa Taboub lors de son apparition pour le salut final. Auparavant, la ministre de la Culture et des Art, Mme Malika Bendouda, accompagnée du commissaire du 18e Fntp et directeur du Tna, M. Mohamed Yahiaoui, a remis un trophée honorifique à l’acteur et comédien jordanien Zuhaïr Al Nobani, en hommage à l’ensemble de sa carrière prolifique. Dédié au comédien, dramaturge et metteur en scène Abdellah Hamlaoui, la 18e FNTP se poursuit jusqu’au 2 janvier 2026 sous l’intitulé « Le théâtre réduit les distances », avec 18 pièces en compétition et 8 autres en off, en plus de conférences, master classes et spectacles de rue.

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