Un franc suisse égal un euro et des « poussières ». La Suisse n’est pas seulement le pays de la précision horlogère. Pas seulement le pays du perfectionnisme. Pas seulement celui de la discrétion bancaire. Pas seulement, non plus, pour sa neutralité. La Suisse est aussi l’un des pays les plus propres au monde. Le Japon, la Suède et d’autres le sont également. Si, dans cette chronique, nous prenons la Suisse comme référence, c’est par commodité. Le Japon et la Suède se trouvent géographiquement plus loin de nous. Saviez-vous que cracher par terre dans la rue, en Suisse, est sanctionné par une amende de 100 francs suisses. Jeter un mégot, un pot de yaourt ou même un morceau de papier, c’est 150 francs suisses. Chaque année, des dizaines de milliers d’amendes contre les incivilités (c’est ainsi que sont appelés, le crachat, le mégot par terre ou tout autre déchet abandonné dans la rue) sont dressées en Suisse. Une activité, née en Suède est adoptée en Suisse, est en vogue actuellement. Il s’agit du « plogging ».
C’est du jogging « amélioré » qui consiste à combiner l’exercice physique avec le ramassage, bénévole, des déchets trouvés sur son chemin. Les coureurs portent des gants pour protéger leurs mains et un sac-poubelle pour y mettre les déchets trouvés. La formule a du succès. Pourquoi on vous dit ça ? Parce que nous avons lu, comme tout le monde, le communiqué de notre Conseil des ministres de dimanche dernier. Il y est mentionné, entre autres, que « Monsieur le président de la République a ordonné : … La nécessité d’un contrôle permanent et continu des places et espaces publics, en termes de sécurité et d’hygiène, à travers les différentes wilayas du pays ». Ainsi que « L’impératif d’obliger les propriétaires de véhicules de transport public et privé à respecter les conditions d’hygiène dans les différentes villes et sur toutes les lignes, notamment à Alger et dans les wilayas touristiques ». Ce qui veut dire que les parcs, les espaces publics comme les bureaux de poste, les marchés, et bien évidemment, les rues doivent être maintenus en permanence propres et sécurisés. Sans oublier les « véhicules de transport public et privé » (c’est-à-dire les taxis, les bus, le train et le tramway, le téléphérique…) doivent être dans des conditions d’hygiène irréprochable. Si le Conseil des ministres consacre de son temps sur l’hygiène, c’est que le mal est profond et qu’il faut le stopper et l’éradiquer. On y réfléchissant bien, on découvre un paradoxe dans le comportement de l’algérien. Autant il attache la plus haute importance à l’hygiène à l’intérieur de son domicile, autant cet intérêt s’arrête à sa porte d’entrée.
Au-delà, c’est le « Beylic ». Même les parties communes dans les immeubles, dans son esprit, n’appartiennent à personne. Au lieu d’appartenir à tout le monde et donc à prendre en charge collectivement. Ce paradoxe se remarque également sur les plages en été et en forêt durant les week-end. De plus en plus de familles apportent avec eux, au même titre que les provisions pour le pique-nique, les sachets-poubelles pour ramasser leurs déchets avant de les jeter dans les bacs disposés en nombre dans ces lieux. Mais ceux qui font le contraire, les sans-gêne, les incorrects qui ne se soucient point de leurs détritus, existent en nombre et partent en laissant leurs ordures sans y toucher. Est-il nécessaire de rappeler qu’au-delà de l’image dévalorisante et qui fait honte, notre santé dépend de l’hygiène qui nous entoure ? Alors faut-il agir comme en Suisse et verbaliser les réfractaires ? Avec la carte d’identité biométrique, la localisation des verbalisés est rendue possible.
L’obligation de payer les amendes est inscrite dans la loi et actuellement suivie et appliquée. Disons qu’une période transitoire peut être accordée pour donner le temps au civisme de masse de prendre forme. En attendant, l’ordre présidentiel s’adresse aux autorités locales avec à leur tête le wali sous la supervision du ministre de l’Intérieur. En attendant aussi, beaucoup d’Algériens espèrent que leur pays puisse un jour rivaliser avec le même souci de propreté, en tous lieux, que le Japon, la Suisse et la Suède. Cet espoir dont rêvent beaucoup d’algériens, jaloux de la bonne image qu’ils doivent donner de leur pays et d’eux-mêmes. Un rêve qui, malheureusement, disparait au contact de la réalité, une fois dehors. La saleté n’est pas une fatalité. C’est un cauchemar !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com









































