La Cisjordanie occupée a connu, ces dernières 48 heures, une nouvelle escalade de violence marquée par des incursions de l’armée d’occupation, des attaques de colons armés et la mort d’un jeune Palestinien à Toubas. Les forces sionistes ont mené une série de raids coordonnés dans plusieurs villes et villages, tandis que les colons ont intensifié leurs agressions contre les civils et les journalistes, notamment dans la région de Naplouse et les vallées du nord.
À Naplouse, des dizaines de Palestiniens ont souffert d’asphyxies après que les forces d’occupation ont tiré des grenades de gaz toxique en direction de la mosquée Izz al-Din al-Qassam, au moment de la prière du soir, dans le village de Salem. Selon l’agence palestinienne Wafa, les soldats ont ensuite érigé un barrage militaire à l’entrée du village et procédé à des fouilles systématiques de véhicules. Dans le même temps, des colons ont attaqué un domicile dans la zone d’al-Quneitra, à l’ouest de Beit Fourik, tandis qu’à Jenine, d’autres colons ont pris pour cible des maisons et des terres agricoles à Raba, sous la protection directe de l’armée d’occupation. Des soldats ont également encerclé une école dans la localité de Silat al-Harithiya et pourchassé des enfants qui jouaient à proximité. À El-Khalil, des unités militaires ont envahi le secteur de la place al-Mukhtar et bloqué plusieurs routes, tandis qu’à Bethléem, un barrage a été installé à l’entrée du village d’al-Khader. Dans le sud du gouvernorat, des colons ont attaqué des habitants et vandalisé des propriétés dans la zone de Tel Ma’in, près de Yatta. Dans les zones rurales de la vallée du Jourdain, notamment à Makhol et Samra, des colons ont pénétré dans plusieurs hameaux palestiniens, provoquant un climat de panique parmi les femmes et les enfants. Ces régions font l’objet d’incursions quasi quotidiennes, d’interdictions de pâturage et de tentatives répétées de vol de bétail, dans une stratégie d’étouffement des communautés bédouines locales.
Les journalistes pris pour cibles
La violence a également visé les journalistes. Le Syndicat palestinien des journalistes a dénoncé une “véritable guerre contre la presse”, qualifiant d’“acte criminel délibéré” l’attaque d’un groupe de colons armés contre des reporters à Beita, au sud de Naplouse. Cinq journalistes – Ranin Sawafteh, Mohamed al-Atrash, Louay Saïd, Nasser Ishtayeh et Nael Bouytel – ont été blessés. Le syndicat a annoncé avoir saisi la Fédération internationale des journalistes et d’autres institutions onusiennes pour exiger une protection internationale des journalistes palestiniens et poursuivre les agresseurs devant les instances judiciaires internationales. La nuit précédente, un jeune Palestinien de 26 ans, Abdel Rahman Ahmed Abbas Darawsha, a succombé à ses blessures après avoir été touché par des balles réelles lors d’un raid militaire dans le camp d’al-Far’a, près de Toubas, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Le ministère palestinien de la Santé a confirmé son décès après plusieurs heures dans un état critique.
Rafle généralisée et arrestations de familles d’ex-prisonniers
Les forces d’occupation ont multiplié les incursions dans plusieurs localités : Rantis, Aboud et al-Mazra’a al-Gharbiya, au nord-ouest de Ramallah, ainsi que dans le quartier de Jabal al-Tawil à al-Bireh, où elles ont confisqué des enregistrements de caméras de sécurité. À Qalqilya, elles ont envahi le village de Kafr Qaddum et arrêté plusieurs habitants, dont Ahmad Barham, le père d’un ex-prisonnier récemment libéré et expulsé dans le cadre de l’opération “Déluge d’al-Ahrar”. À Jenine, un enfant de 13 ans, Raakan Amarna, a été arrêté après avoir été battu dans la rue. À Naplouse, deux jeunes hommes, Iyad Massimi et Mohamed Mabrouka, ont également été interpellés, tandis qu’à Urif, Ghassan Shahada et son fils Obada ont été de nouveau arrêtés, à peine une semaine après leur libération. Selon la Commission palestinienne contre le mur et la colonisation, l’armée d’occupation et les colons ont commis 766 agressions en octobre dernier contre les habitants, leurs biens et leurs sources de subsistance. Ces violations comprennent des passages à tabac, des arrestations arbitraires, des incendies de maisons et de véhicules, et des tirs à balles réelles. Par ailleurs, la Mosquée Al-Aqsa a été prise d’assaut 27 fois au cours du même mois par des groupes de colons, accompagnés de policiers lourdement armés, menant des rituels religieux à caractère provocateur. Le ministère palestinien des Waqfs a également dénoncé 96 cas d’interdiction de l’appel à la prière dans le Tombeau des Patriarches à Hébron.
Plus de 20 500 arrestations depuis début 2025
Les organisations palestiniennes de défense des prisonniers – dont le Club du prisonnier, la Commission des affaires des détenus et l’ONG Addameer – ont signalé 442 arrestations en octobre, dont 33 enfants et 3 femmes. Les opérations d’arrestation se sont concentrées dans la région de Bethléem, accompagnées d’enquêtes de terrain et de violences menées conjointement par soldats et colons. Avec ces nouveaux chiffres, le total des arrestations en Cisjordanie occupée depuis le début de l’année atteint plus de 20 500 Palestiniens, dont 595 femmes et 1 630 enfants, illustrant la répression systématique exercée par l’occupation contre la population civile. Cette flambée de violence s’inscrit dans une politique d’intimidation et de contrôle visant à briser toute forme de résistance populaire dans les territoires occupés. Les organisations de défense des droits humains alertent sur la radicalisation des colons, encouragée par des responsables politiques israéliens d’extrême droite, et appellent la communauté internationale à imposer des mesures de protection urgentes pour les civils palestiniens en Cisjordanie occupée.
M. S.








































