Dans le tumulte des débats diplomatiques et des résolutions onusiennes, une voix s’élève, celle du journaliste et président du Réseau des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui, Mustapha Aït Mouhoub. Son nouvel ouvrage, “SAHARA OCCIDENTAL : Un peuple brûlant de libération”, résonne comme un cri de dignité. Présenté au 28ᵉ Salon international du livre d’Alger (SILA), le livre se veut une ode à la résistance et à la mémoire d’un peuple en quête de liberté.
L’auteur, profondément marqué par la persistance de l’occupation marocaine et par le silence complice des puissances internationales, explique avoir voulu « transmettre les douleurs et les espérances du peuple sahraoui » à travers ce livre qui mêle émotion, engagement et rigueur historique. « Ce sont les blessures du peuple sahraoui qui m’ont poussé à écrire », nous confie l’auteur lors de la séance de dédicace organisée au stand de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en marge du SILA. L’événement, qui a coïncidé avec le 1er Novembre, date hautement symbolique pour les Algériens, a donné une dimension révolutionnaire supplémentaire à cette parution dédiée à un peuple qui, depuis des décennies, réclame son droit à l’autodétermination. L’écrivain ne cache pas sa colère face à l’actualité diplomatique récente, notamment après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2795, prolongeant le mandat de la MINURSO tout en soutenant, de manière implicite, la proposition américaine d’un « plan d’autonomie » sous souveraineté marocaine. Un vote auquel l’Algérie s’est abstenue, et que l’auteur perçoit comme « une nouvelle trahison de la communauté internationale ». « C’est ce même monde, dit-il, qui s’est détourné de la cause palestinienne et n’a pas tenu ses promesses envers la Front Polisario, reconnu comme le représentant légitime du peuple sahraoui ».
Une dénonciation du récit occidental dominant
Dans son essai, Mustapha Aït Mouhoub s’attaque à ce qu’il nomme « l’hégémonie médiatique occidentale », dominée selon lui par les réseaux d’influence pro-sionistes qui « étouffent les vérités et travestissent la réalité du Sahara occidental ».
Le livre, structuré en six chapitres, revisite plus d’un siècle d’histoire coloniale et de résistance : du début de l’occupation espagnole en 1884, jusqu’à l’accord de Madrid de 1975, puis la guerre opposant le Maroc au Front Polisario entre 1975 et 1991. L’auteur consacre également un chapitre émouvant à la femme sahraouie, pilier du combat collectif et gardienne du tissu social dans les camps de réfugiés. À travers son engagement politique, éducatif et humanitaire, elle incarne la résilience d’un peuple qui refuse l’effacement.
Une présence sahraouie remarquée au SILA
La participation de la République arabe sahraouie démocratique à cette 28è édition du SILA illustre la vitalité de la culture sahraouie et la profondeur de son combat. Le pavillon sahraoui, richement documenté, expose des ouvrages retraçant l’histoire nationale, la résistance, mais aussi la culture populaire, la poésie, les manuscrits anciens et la littérature carcérale, autant de facettes d’une identité forgée dans la lutte. Les visiteurs ont pu découvrir une large sélection de publications consacrées à la construction de l’État sahraoui, au rôle historique du Front Polisario, ainsi qu’à la préservation du patrimoine et de la mémoire collective. Le stand a attiré une foule nombreuse, dont des journalistes, des chercheurs et des militants solidaires de la cause sahraouie. Les médias algériens et internationaux ont d’ailleurs largement relayé cette présence marquée, saluant « le caractère à la fois culturel et politique de cette participation sahraouie ».
Le livre comme arme de liberté
Pour Mustapha Aït Mouhoub, écrire revient à résister : « Ce livre n’est pas un simple témoignage, c’est un acte de combat. » À travers ses pages, il confronte l’oubli, dénonce les compromissions et défie la résignation. Sa plume, nourrie de convictions humanistes, cherche à rallumer la flamme de la solidarité internationale autour d’une cause que trop de chancelleries préfèrent taire. Alors que le Salon du livre d’Alger, organisé sous le thème « Le livre, carrefour des cultures », réunit 1 254 maisons d’édition venues de 49 pays avec plus de 240 000 titres exposés, la présence sahraouie s’impose comme un rappel vibrant : la culture reste une arme pacifique mais puissante dans la lutte contre l’injustice et l’oubli. Le message d’Aït Mouhoub résonne ainsi comme un écho à celui des peuples libres : le Sahara occidental n’est pas une question périphérique, mais une lutte universelle pour la dignité et la liberté.
M. Seghilani














































