Plus de 300 écrivains, chercheurs et personnalités publiques ont annoncé leur refus de collaborer avec la rubrique « opinion » du New York Times, accusant le prestigieux quotidien américain de complicité directe dans la couverture médiatique du génocide perpétré par l’entité sioniste à Ghaza. Cette campagne collective, inédite par son ampleur, vise à contraindre le journal à rendre des comptes sur son rôle dans la normalisation et la justification de la violence contre le peuple palestinien. Sur le site officiel de la campagne, les signataires appellent les intellectuels et les médias occidentaux à assumer leur part de responsabilité dans les crimes commis à Ghaza. Selon eux, qualifier la guerre menée contre le territoire palestinien d’« acte de génocide » aurait dû déclencher une mobilisation internationale immédiate pour y mettre fin. « Au lieu de cela, écrivent-ils, les États-Unis se sont imposés comme le principal partenaire d’Israël dans cette guerre, lui fournissant les armes qui permettent la poursuite de l’extermination du peuple palestinien. » Les signataires dénoncent également le rôle déterminant joué par les grands médias américains dans le maintien de cette guerre. Parmi eux, le New York Times occupe une place centrale : il façonne l’opinion publique et influence directement la politique étrangère américaine. « Les rédacteurs et producteurs des rédactions occidentales s’inspirent de sa couverture, et les responsables politiques qui votent l’envoi de bombes de 500 livres à Israël lisent le Times, pas les courriels de leurs électeurs », ont-ils rappelé.
Un journal accusé de partialité et de collaboration
Les signataires estiment que le New York Times n’a jamais été neutre vis-à-vis du génocide du peuple palestinien. Ils lui reprochent d’avoir reproduit sans vérification des mensonges émanant de responsables israéliens, d’avoir modifié ou censuré des reportages à la demande de la diplomatie israélienne et de groupes de pression pro-israéliens aux États-Unis. Ils accusent également le journal d’avoir donné pour consigne à ses journalistes d’éviter des termes comme « massacre » ou « nettoyage ethnique » pour qualifier les crimes israéliens, ou encore de ne pas désigner clairement les camps de réfugiés parmi les cibles bombardées. Au-delà de la ligne éditoriale, les protestataires dénoncent des pratiques internes discriminatoires : selon eux, les journalistes arabes et musulmans du journal subissent des pressions ciblées et des campagnes de dénigrement à caractère raciste.
Une exigence de vérité et de responsabilité
Dans leur déclaration, les participants à la campagne affirment : « Nous refusons de permettre au New York Times de réécrire son histoire de soutien à l’épuration et à la colonisation, comme il a contribué à effacer et à remodeler l’histoire du sionisme avant 1948. » Ils demandent au journal d’assumer publiquement ses responsabilités, de réviser ses standards éditoriaux et de limiter les préjudices causés au peuple palestinien. Les signataires appellent les rédacteurs en chef du Times à remplir leur devoir journalistique : dire la vérité sur la réalité du génocide israélien à Ghaza, sans céder aux pressions politiques ni à la censure institutionnelle. Cette mobilisation d’intellectuels américains et internationaux s’inscrit dans un mouvement plus large de remise en cause des médias occidentaux, accusés de déformer la réalité de la guerre contre Ghaza et de contribuer à la déshumanisation du peuple palestinien. Elle traduit une fracture profonde entre une opinion publique de plus en plus sensibilisée à l’injustice et des institutions médiatiques engluées dans le discours officiel. Le New York Times, considéré depuis des décennies comme le symbole du journalisme de référence aux États-Unis, se retrouve désormais face à une exigence morale : celle de reconnaître son rôle dans la fabrication du consentement à la guerre et de redonner au mot « vérité » sa valeur première — celle d’un devoir envers les victimes, non envers les puissants.
M. S.









































