L’occupation israélienne a de nouveau violé l’accord de cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Ghaza, multipliant les attaques terrestres et maritimes, tandis qu’une fillette a trouvé la mort dans l’effondrement d’un immeuble déjà endommagé par un précédent bombardement. Cette tragédie vient s’ajouter à une série de violations qui soulignent la fragilité du cessez-le-feu et l’ampleur de la catastrophe humanitaire persistante dans l’enclave assiégée.
L’artillerie sioniste continue de pilonner la zone frontalière, tandis que des mouvements intensifs de chars et de véhicules blindés ont été observés à l’intérieur du territoire palestinien. Les municipalités du secteur, privées de moyens, se disent incapables de réparer les réseaux d’eau, d’assainissement et d’électricité gravement endommagés. Les médias palestiniens ont rapporté, ce dimanche, que l’artillerie de l’occupation avait tiré à plusieurs reprises sur les zones situées à l’est des camps d’al-Maghazi et d’al-Bureij, au centre de la bande, tandis que de nouveaux bombardements ont visé Khan Younès, au sud, et que des navires de guerre ont ouvert le feu sur des embarcations de pêcheurs au large de la ville de Ghaza. Le responsable des Comités des pêcheurs, Zakaria Bakr, a dénoncé samedi une « politique de destruction systématique » menée contre les pêcheurs du secteur. Selon lui, « dix pêcheurs ont été arrêtés et sept autres jetés à la mer», leurs bateaux ayant été délibérément endommagés ou confisqués.
Une fillette meurt dans l’effondrement d’un immeuble
Dans la soirée de samedi, une fillette a été tuée et plusieurs Palestiniens blessés à la suite de l’effondrement d’un bâtiment déjà fragilisé par un bombardement antérieur. Ce drame illustre le danger constant que représentent les ruines instables laissées par la guerre : des centaines d’immeubles sont aujourd’hui au bord de l’effondrement, sans qu’aucun dispositif de sécurité ou de déblaiement ne puisse être mis en œuvre. Le ministère de la Santé à Ghaza a indiqué que depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 11 octobre, 93 Palestiniens ont été tués et 324 autres blessés, tandis que les corps de 464 martyrs ont été retirés des décombres — un bilan encore provisoire. Le gouvernement israélien avait officiellement approuvé, au début du mois, l’accord conclu avec la résistance palestinienne, prévoyant un cessez-le-feu, un échange de prisonniers et l’ouverture du passage de Rafah. Khalil al-Hayya, chef du bureau politique du mouvement de résistance palestinienne à Ghaza et chef de la délégation de négociation, avait alors confirmé la fin des hostilités et le retrait progressif des troupes d’occupation. Mais seize jours après le début de l’accord, les violations se multiplient, sapant les promesses d’un retour à la stabilité. Le service de la défense civile a annoncé avoir retrouvé, dans le quartier de Tel al-Hawa au sud-ouest de Ghaza, les corps de deux martyrs piégés sous les ruines. Le Comité international de la Croix-Rouge devrait par ailleurs intervenir dans la « zone jaune » afin de rechercher les dépouilles de soldats israéliens capturés.
Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme
Malgré le cessez-le-feu, Médecins sans frontières accuse Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme levier politique, bloquant ou limitant son acheminement. De son côté, l’UNICEF a appelé l’occupation à ouvrir immédiatement tous les points de passage vers la bande de Ghaza, dénonçant une situation humanitaire « insoutenable ». Le dernier rapport de l’agence onusienne est glaçant : plus de 64 000 enfants ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre, et 150 000 ont perdu au moins un parent. Un million d’enfants vivent aujourd’hui « les horreurs quotidiennes du lieu le plus dangereux du monde », selon les mots d’Edouard Beigbeder, directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. L’organisation affirme avoir rouvert l’accès à l’éducation pour 100 000 enfants, tout en visant la réintégration de 650 000 autres dans le cadre d’un plan de relèvement. Elle appelle à une réponse d’urgence accrue contre la famine, qualifiée de « menace imminente », et réaffirme que « les mots et les chiffres ne peuvent décrire l’ampleur du traumatisme infligé à une génération entière ».
La résistance palestinienne dénonce les violations
Le mouvement de résistance palestinienne a dénoncé samedi la poursuite des démolitions d’habitations à Ghaza, qualifiant ces actes de « violation flagrante » de l’accord de cessez-le-feu. Il a appelé les médiateurs à exercer une pression réelle sur Israël afin de mettre fin aux bombardements, à la poursuite du blocus et au refus d’ouvrir complètement le poste frontalier de Rafah. Dans l’est de Khan Younès et le quartier de Chujaïya à Ghaza, les forces d’occupation ont fait exploser plusieurs habitations civiles, tandis que des bulldozers détruisaient les restes de quartiers entiers. Le maire de Ghaza, Yahya al-Sarraj, a déploré dimanche l’absence de matériel et de moyens pour relancer les travaux de réhabilitation : « Nous avons besoin d’au moins 250 engins pour rétablir les services municipaux et d’un millier de tonnes de ciment pour réparer les puits et les réseaux d’eau. » Il souligne que sans ouverture des frontières, la reconstruction restera « partielle et lente ». Depuis le 7 octobre 2023, la guerre d’extermination menée par Israël contre la population de Ghaza, avec le soutien politique et militaire de puissances occidentales, a provoqué plus de 238 000 victimes, dont une majorité d’enfants et de femmes. Plus de 11 000 personnes restent portées disparues, des centaines de milliers ont été déplacées, et la famine continue de ravager les abris surpeuplés. Le dernier rapport de l’UNICEF résume la situation avec des mots d’une précision glaçante : « Ghaza est aujourd’hui le lieu le plus dangereux au monde pour un enfant. » La poursuite des violations israéliennes du cessez-le-feu et l’effondrement de pans entiers de la bande de Ghaza rappellent que la guerre, loin d’être terminée, continue d’étouffer la vie sous les ruines.
Empiétement flagrant sur l’accord de Charm el-Cheikh
Le chef du département des relations nationales du mouvement de la résistance palestinienne à l’étranger, Ali Baraka, a condamné avec force l’agression menée par l’armée d’occupation israélienne contre le camp de Nusseirat, au centre de Ghaza. Il a qualifié cette attaque de « violation flagrante » de l’accord de Charm el-Cheikh et d’« agression barbare contre des civils sans défense ». Ali Baraka a averti que « la poursuite de la politique d’assassinats ciblés et de bombardements démontre le désengagement total du gouvernement Netanyahu vis-à-vis des engagements internationaux, et sa volonté manifeste de torpiller les efforts visant à mettre fin à la guerre ». Il a par ailleurs estimé que « le gouvernement d’occupation cherche délibérément à faire échouer les initiatives du président américain Donald Trump destinées à instaurer un cessez-le-feu durable ». Le responsable palestinien a tenu l’occupation pour « entièrement responsable » des conséquences de cette nouvelle escalade, appelant les pays garants de l’accord de Charm el-Cheikh à « intervenir immédiatement pour mettre un terme aux violations israéliennes continues ».
Nouvelles victimes à Nusseirat et au sud de Ghaza
Dans la soirée de samedi, une frappe israélienne a visé une voiture civile dans le camp de Nusseirat, faisant plusieurs blessés parmi les habitants. L’hôpital Al-Awda a confirmé avoir reçu quatre blessés à la suite de cette attaque qui a touché une zone résidentielle à proximité du club sportif d’Al-Ahli. L’armée sioniste a, de son côté, revendiqué le ciblage d’un cadre du mouvement du Jihad islamique, membre des Brigades Al-Quds, dans la même région. Parallèlement, le sud de Ghaza a été le théâtre d’un nouveau drame. Le service de la Défense civile a annoncé la mort d’une fillette de neuf ans et la blessure de trois autres personnes, après l’effondrement d’un immeuble fragilisé par les bombardements antérieurs. L’incident s’est produit dans le quartier d’As-Sabra, aux abords de la mosquée Al-Istiqlamah. Selon le Bureau d’information gouvernemental de Ghaza, l’armée d’occupation a commis au moins 80 violations depuis l’annonce du cessez-le-feu. Ces attaques ont causé la mort de 97 Palestiniens et blessé 230 autres jusqu’à la soirée du dimanche précédent. Ces chiffres viennent confirmer, selon les observateurs, que l’État d’occupation poursuit sa stratégie de terreur et de pression militaire malgré les engagements pris dans le cadre des négociations internationales. Pour les acteurs palestiniens, cette série de frappes illustre non seulement la fragilité des accords de trêve, mais aussi la volonté israélienne de maintenir Ghaza dans un état permanent d’insécurité et de siège. L’agression contre le camp de Nusseirat, cœur densément peuplé de la bande de Ghaza, s’inscrit ainsi dans une continuité d’attaques qui défient le droit international humanitaire et menacent la stabilité régionale. Alors que la communauté internationale multiplie les appels au respect du cessez-le-feu, les violations répétées de l’armée d’occupation israélienne risquent de faire voler en éclats les derniers espoirs de paix durable dans la région.
M. Seghilani













































