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LE PRÉSIDENT COLOMBIEN APPELLE À LA RÉSISTANCECONTRE LA DOMINATION AMÉRICAINE : « Ne pas plier le genou face à Washington »

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Le président colombien, Gustavo Petro, a accusé les États-Unis de l’avoir sanctionné pour ses prises de position en faveur de la Palestine et pour avoir exposé la coopération entre la CIA et la société israélienne NSO Group, conceptrice du logiciel espion « Pegasus ». Une nouvelle tension qui révèle, selon lui, « l’ingérence coloniale » de Washington en Amérique latine.
Dans une déclaration diffusée samedi, Gustavo Petro a affirmé que son nom venait d’être ajouté à la liste des sanctions du Bureau of Foreign Assets Control (OFAC) du Trésor américain. « Ils m’inscrivent sur cette liste parce que j’ai dit au peuple colombien que la CIA a payé la société israélienne Pegasus pour contourner la loi colombienne et intercepter des communications sur notre sol », a déclaré le chef de l’État. Selon lui, cette manœuvre constitue une « grave violation de la souveraineté nationale ». Petro rappelle qu’il avait déjà révélé, en 2024, que la Direction du renseignement de la police colombienne (DIPOL) avait acquis le logiciel israélien Pegasus en 2021, au plus fort des manifestations sociales contre son prédécesseur Iván Duque. Mais cette fois, le Président va plus loin : il accuse directement l’agence de renseignement américaine d’avoir financé et soutenu cette opération d’espionnage. « La CIA a commis un crime en Colombie, un crime que notre législation n’autorise pas », a insisté Petro. Il a précisé ne posséder « aucun compte bancaire ni dollar » aux États-Unis, estimant que ces sanctions ne visent qu’à le discréditer politiquement.

« Les États-Unis ont choisi la mafia comme alliée »
Le président colombien a vivement attaqué ce qu’il décrit comme « la collusion entre Washington et les réseaux mafieux ». Selon lui, l’administration américaine a préféré « s’allier à la mafia » plutôt que de soutenir ses efforts contre le trafic de drogue. S’adressant au président américain, Donald Trump, Petro a lancé : « Monsieur Trump, les hommes d’affaires et les politiciens corrompus qui sont désormais vos alliés sont la véritable mafia colombienne ». Pour le dirigeant de gauche, la politique antidrogue de Washington n’a jamais eu pour objectif de réduire la consommation de cocaïne : « Pas un seul gramme n’a diminué dans les grandes villes américaines », a-t-il souligné, y voyant plutôt un « programme de domination coloniale » sur les nations d’Amérique latine. Petro estime également que ses prises de position contre le génocide perpétré à Ghaza expliquent la virulence des attaques américaines. « Notre condamnation du massacre à Ghaza a isolé Trump et Netanyahou au sein des Nations unies. L’humanité entière leur a tourné le dos et a dit : nous ne suivrons pas les auteurs d’un génocide », a-t-il déclaré. Le Président colombien revendique fièrement le rôle de son pays dans le mouvement international contre la guerre : « Au nom du peuple colombien, j’ai semé une petite graine dans la lutte mondiale pour l’humanité et contre l’extermination». Il appelle à ne pas « plier le genou » face à Washington : « Le gouvernement Trump ne mérite pas la soumission, mais la résistance, comme l’a déjà fait l’humanité : en se levant et en descendant dans la rue pour défendre la démocratie et les droits des peuples».

Caracas dénonce des sanctions « coloniales » et soutient Bogota
La réaction de Caracas n’a pas tardé. Dans un communiqué officiel, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a rejeté « les mesures illégales et illégitimes imposées contre le Président Petro ». Le gouvernement de Nicolás Maduro a dénoncé un acte de « néocolonialisme » violant le droit international et la Charte des Nations unies. « Ces sanctions cherchent à criminaliser le Président Petro et à déstabiliser la Colombie », a affirmé la diplomatie vénézuélienne, rappelant que le dirigeant colombien « est le seul à avoir affronté directement les réseaux du narcotrafic ». La décision du Trésor américain d’inclure Petro, sa famille et plusieurs hauts responsables colombiens dans la liste noire de l’OFAC a provoqué un tollé en Amérique latine. Plusieurs gouvernements progressistes de la région, dont ceux du Brésil, du Chili et du Mexique, ont dénoncé une « ingérence flagrante » dans les affaires d’un État souverain. Le bras de fer entre Washington et Bogota symbolise aujourd’hui une fracture croissante : celle entre une Amérique latine en quête d’indépendance et un empire américain qui peine à maintenir son influence sur un continent qui, de plus en plus, refuse la tutelle politique et morale de Washington. La Colombie de Gustavo Petro, comme jadis celle de Simón Bolívar, se veut la voix d’une Amérique latine libre, souveraine et solidaire des peuples opprimés — de Bogota à Ghaza.
M. Seghilani

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