Les agressions israéliennes se poursuivent sans relâche en Cisjordanie occupée. Samedi, plusieurs localités palestiniennes ont été le théâtre d’arrestations, d’incendies volontaires et d’attaques de colons contre des civils, notamment durant la saison du ramassage des olives, vitale pour des milliers de familles palestiniennes.
À l’aube, les forces d’occupation israéliennes ont mené une série de raids dans la région de Toulkarem, arrêtant trois Palestiniens : Mohamed Abdelrahim Ajouli, Mohamed Wasfi Hersha et Mouazzouz Ja’rone. Des incursions similaires ont également eu lieu à Hébron, Jénine, Naplouse, Ramallah et Salfit, portant à neuf le nombre total d’arrestations recensées dans la seule journée de samedi. Les soldats israéliens ont perquisitionné des habitations, vandalisé des biens et interrogé des habitants sur le terrain, dans une atmosphère de tension quasi permanente. Selon des sources palestiniennes, ces opérations s’inscrivent dans une campagne d’arrestations massives qui a déjà conduit à la détention de plus de 20 000 Palestiniens, dont 1 600 enfants, depuis le déclenchement de la guerre d’extermination contre Ghaza le 8 octobre 2023. Le bilan des attaques en Cisjordanie s’élève à plus de 1 050 martyrs et près de 10 000 blessés. Dans la région de Ramallah, des colons israéliens ont attaqué vendredi soir le village de Al-Mughir, incendiant plusieurs véhicules. D’après Amin Abou Alia, président du conseil local, trois voitures ont été entièrement détruites avant que les habitants, désarmés, ne repoussent les assaillants. Les forces d’occupation ont ensuite envahi le village, sans toutefois signaler de blessés. Des attaques similaires ont été recensées dans les environs de Naplouse, où des colons, armés de bâtons et accompagnés de chiens, ont agressé des Palestiniens en train de récolter les olives dans la zone de Wadi Al-Hajj Issa, près d’Aqraba. Trois agriculteurs ont été blessés et contraints de quitter leurs terres. Dans le village voisin de Douma, l’armée israélienne a interdit l’accès aux champs, empêchant les paysans de poursuivre la récolte. Les autorités locales rapportent des scènes quasi quotidiennes d’agressions : vols d’olives, destruction de cultures, bris d’arbres, pâturage illégal sur les terres palestiniennes, et même sabotage d’infrastructures hydrauliques. Selon la Commission de résistance contre le mur et la colonisation, plus de 7 000 attaques de colons ont été recensées depuis octobre 2023, causant la mort de 34 Palestiniens en Cisjordanie occupée. Les violences se sont intensifiées au moment où les agriculteurs palestiniens s’apprêtent à récolter les olives, un pilier de l’économie rurale. Le président de la commission, Mouayyad Shaaban, décrit la saison 2024 comme « la plus difficile depuis des décennies », soulignant l’expansion des zones militaires israéliennes fermées et la multiplication des agressions. Selon les chiffres de la commission, 158 attaques ont déjà visé les cueilleurs d’olives depuis le début du mois d’octobre, dont 17 menées directement par l’armée et 141 par les colons. Ces violences ont détruit près de 800 oliviers, symbole de la résistance et de la subsistance palestinienne. Les agriculteurs de Kafr Malik, Deir Nidham et Koubar, au nord-ouest de Ramallah, subissent également les interdictions d’accès à leurs terres. Les soldats israéliens ont fermé des portails métalliques installés depuis la guerre contre Ghaza, bloquant les routes agricoles et empêchant les cultivateurs d’atteindre leurs champs. Samedi, un vieil homme, Fahd Abou Haj, a été interpellé par des soldats après une altercation, tandis que d’autres habitants étaient pris pour cibles par des tirs à balles réelles la semaine précédente. Les attaques israéliennes contre les oliveraies, les maisons et les véhicules palestiniens s’inscrivent dans une stratégie de dépossession progressive de la Cisjordanie. Selon la Commission de résistance contre le mur et la colonisation, les colons, souvent escortés par l’armée, cherchent à terroriser les habitants et à les pousser à abandonner leurs terres. Le ministère palestinien de l’Agriculture estime que la production d’huile d’olive pour l’année 2024 atteindra 27 300 tonnes, contre seulement 10 000 tonnes en 2023. Malgré cette amélioration apparente, les experts avertissent que la productivité reste inférieure à 15 % du rendement normal, en raison des restrictions israéliennes, du déracinement massif d’arbres et des attaques répétées. En Cisjordanie occupée, l’olivier n’est pas qu’une culture : c’est une mémoire vivante. Chaque arbre arraché, chaque récolte empêchée, chaque paysan chassé de son champ rappelle une même réalité — celle d’un peuple qui, malgré l’occupation, persiste à cultiver sa terre comme un acte de survie et de dignité.
M.Seghilani
