La spirale de violence s’intensifie en Cisjordanie occupée. Dans son dernier rapport hebdomadaire, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a documenté 71 attaques menées par les colons sionistes contre les Palestiniens entre le 7 et le 13 octobre. La moitié de ces incidents est directement liée à la saison de la récolte des olives, moment crucial pour l’économie et la culture palestinienne. Selon OCHA, les attaques ont visé 27 villages à travers la Cisjordanie, causant des blessés et d’importants dégâts matériels. Les colons ont agressé des agriculteurs, volé leurs récoltes et équipements, et détruit des centaines d’oliviers, symbole profondément enraciné de la résistance et de la vie rurale palestinienne. Parallèlement, les forces de l’occupation sioniste ont poursuivi leurs raids nocturnes et arrestations arbitraires. Mardi à l’aube, quatre jeunes Palestiniens ont été arrêtés à El-Bireh, tandis que des colons incendiaient trois tentes dans la région de Wadi al-Jawaya, au sud d’ElKhalil. Nidal Abou Aram, président du conseil local de Masafer Yatta, a alerté sur un nouveau cycle de démolitions massives visant des habitations, des puits et des structures agricoles. « Si ces ordres de destruction sont exécutés, cela constituera une catastrophe semblable à celle de Khillet al-Dab’a », a-t-il averti, évoquant les ravages d’une opération précédente. Les ordres de démolition, selon lui, touchent des infrastructures vitales servant 27 familles, soit 220 personnes, dans les villages d’Asfi et d’al-Majaz. L’occupation cherche à lever tout obstacle juridique pour accélérer la destruction des habitations palestiniennes et faciliter l’expansion coloniale.
Une stratégie d’éviction lente
Dans la région de Yatta, des colons armés font paître leur bétail sur des terres palestiniennes, cassant des arbres pour rendre la zone inhabitable. À al-Farisiya, dans la vallée du Jourdain, ils ont labouré des terres agricoles palestiniennes, une méthode couramment utilisée pour revendiquer leur appropriation illégale. Des attaques similaires ont également eu lieu à Turmus Ayya, au nord de Ramallah, où des groupes de colons ont agressé des paysans récoltant leurs olives dans la vallée de Wadi Ammar. Sur le plan militaire, les forces de l’occupation ont fermé mardi le passage de Homesh, entre Jénine et Naplouse, provoquant un engorgement majeur de la circulation. Ce poste de contrôle, installé après octobre 2023, s’ajoute à 910 obstacles physiques recensés en Cisjordanie – checkpoints, barrières et portails métalliques – dont 247 installés depuis un an seulement, selon la Commission palestinienne de résistance au mur et à la colonisation. Le président de cette Commission, Muayyad Shaaban, a dénoncé un bilan dramatique pour les paysans palestiniens : 158 attaques contre les cueilleurs d’olives depuis le début de la saison, dont 17 menées par les soldats de l’occupation et 141 par les colons. Ces agressions vont des passages à tabac aux tirs à balles réelles, en passant par les arrestations et les restrictions de mouvement. Shaaban a souligné que 56 attaques ont eu lieu dans le gouvernorat de Naplouse, 51 à Ramallah et 15 à Hébron. Au total, 57 incidents d’intimidation ont empêché les agriculteurs d’accéder à leurs champs, tandis que 22 agressions physiques ont été recensées. Cette saison, affirme-t-il, est la plus difficile des dernières décennies. L’armée et les colons exploitent le contexte de guerre pour intensifier la colonisation, armés de nouvelles lois qui les exemptent de toute responsabilité pénale. L’État sioniste a d’ailleurs fourni des armes à des milices coloniales, accentuant le climat de terreur.
7 154 agressions de colons en deux ans
Selon la même Commission, 74 attaques ont visé les champs d’oliviers, dont 29 opérations de coupe ou d’arrachage d’arbres, entraînant la destruction de 795 oliviers. Depuis octobre 2023, 7 154 agressions de colons ont été enregistrées à travers la Cisjordanie, causant la mort de 33 Palestiniens et la destruction de plus de 48 000 arbres, dont 37 000 oliviers. Shaaban décrit cette violence comme une guerre culturelle et existentielle : « L’État sioniste cherche à briser le lien historique entre les Palestiniens et leur terre. Tout est fait pour déraciner l’olivier comme on tente de déraciner son peuple». Pourtant, malgré les destructions et la peur, les agriculteurs palestiniens continuent de retourner à leurs champs, déterminés à récolter leurs fruits et à défier les restrictions de l’occupation. « Leur persévérance a fait échouer les plans coloniaux », conclut Shaâban, saluant la résilience du peuple palestinien, qui puise sa force dans la terre qu’on veut lui arracher. Cette flambée de violences confirme la stratégie d’épuration lente menée en Cisjordanie occupée, où la mainmise coloniale s’accompagne d’une impunité totale. Alors que la communauté internationale se concentre sur la guerre à Ghaza, la Cisjordanie vit, elle aussi, une guerre quotidienne – silencieuse, méthodique, mais tout aussi destructrice.
M. S.
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