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EN DEUX ANS DE GUERRE SIONISTE D’EXTERMINATION : Ghaza ravagée économiquement et brisée humainement 

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Deux ans après le déclenchement de la guerre d’extermination israélienne contre Ghaza, les chiffres publiés par le Bureau central palestinien des statistiques dressent un tableau apocalyptique d’un territoire ravagé, économiquement anéanti et humainement brisé. Le rapport, publié à l’occasion de la Journée mondiale de la statistique, révèle que le taux de chômage atteint désormais 80 % dans la bande de Ghaza, soit le double de celui de la Cisjordanie occupée, où il culmine à 34 %. Au total, 550 000 Palestiniens sont aujourd’hui privés d’emploi. Avant le 7 octobre 2023, près de 180 000 travailleurs palestiniens exerçaient dans les territoires de 1948 et les colonies, apportant une bouffée d’oxygène à une économie sous occupation. Mais les restrictions imposées par l’armée sioniste et la fermeture des passages ont étouffé cette dernière source de revenu.

L’économie s’éteint à petit feu 

Les chiffres sont accablants : plus de 85 % des infrastructures de Ghaza ont été anéanties. Les secteurs économiques, tous confondus, se sont effondrés. L’agriculture et la pêche enregistrent une chute de 94 % dans la bande, l’industrie et l’énergie s’effondrent à 94 %, les constructions à 98 %, et le secteur des services à 83 %. Ces données, souligne le rapport, « ne sont pas de simples chiffres mais une radiographie du désastre humain et économique imposé à un peuple sous blocus et sous bombes ». Depuis le 7 octobre 2023, plus de 102 000 bâtiments ont été totalement détruits et près de 193 000 gravement endommagés. Le nombre total d’unités d’habitation touchées dépasse 330 000, sans compter les écoles, les universités, les hôpitaux, les lieux de culte et les sièges administratifs. Les Nations unies estiment la quantité de débris à 55 millions de tonnes et le coût de la reconstruction entre 70 et 90 milliards de dollars. Dans la Cisjordanie occupée, l’armée sioniste poursuit également sa politique de démolition : 380 opérations de destruction ont été recensées durant le premier semestre 2025, visant 588 bâtiments, dont 322 maisons habitées, notamment à ElQods. Ces actes visent, selon les organisations palestiniennes, à vider le territoire de sa population autochtone.

L’eau, source de vie, est devenue un luxe 

85 % des réseaux d’eau et d’assainissement de Ghaza sont hors service, pour un coût de réparation estimé à 1,5 milliard de dollars.  Près de la moitié des familles vivent avec moins de six litres d’eau par jour et par personne, soit trois fois moins que le seuil minimal humanitaire défini par l’OMS. Les prix, eux, ont flambé à des niveaux insoutenables : depuis octobre 2023, l’indice des prix à la consommation a bondi de 512 % dans la bande de Ghaza, tandis qu’en Cisjordanie il reste quasi stable. Rien qu’en 2025, le coût de la vie a grimpé de 78 % à Ghaza, écrasant les populations déjà appauvries. Avant la guerre, le taux de pauvreté dépassait déjà 63 %. Aujourd’hui, le rapport évoque une situation de famine, avec 96 % des habitants – soit 2,1 millions de personnes – en insécurité alimentaire aiguë.  La consommation des ménages a chuté de 80 % à Ghaza, reflet d’un effondrement total du pouvoir d’achat et des moyens de subsistance. Les chiffres du ministère palestinien de la Santé donnent la mesure du cataclysme 68 116 martyrs, dont 18 592 enfants et 12 400 femmes, ainsi que 

11 200 disparus. Plus de 170 000 blessés et 2 millions de déplacés errent à la recherche d’un abri. En Cisjordanie occupée, 1 054 Palestiniens ont été tués et plus de 9 000 blessés par les forces d’occupation et les colons armés. Ces données ne sont pas que statistiques : elles incarnent, selon les auteurs du rapport, la destruction systématique d’un peuple et de son espace vital. 

« Ghaza, un pont entre la souffrance et la conscience du monde »

Au cœur de ces ruines, une voix persiste : celle de l’Instance populaire mondiale pour le soutien à Ghaza, présidée par le Dr Issam Youssef. Dans un entretien accordé à Al Jazeera Net, il décrit une initiative née du besoin d’établir un lien entre la détresse des Ghazaouis et la conscience du monde. 

« Notre mission, dit-il, est d’exposer les crimes de l’occupation, de mobiliser la société civile internationale et de rappeler que Ghaza ne demande pas la pitié, mais la justice. » Cette organisation regroupe des militants, des bénévoles et des personnalités de plusieurs pays. Elle se consacre à la sensibilisation, au plaidoyer et à la coordination humanitaire. Ses actions ont contribué à la création de campagnes emblématiques comme « Miles of Smiles » et « Tahya Falastine », qui ont acheminé des milliers de tonnes d’aide médicale et alimentaire vers le territoire assiégé.

Le travail humanitaire, cible de la guerre

Entre 2023 et 2025, explique Youssef, « les bombardements ont visé non seulement les civils, mais le cœur même du travail humanitaire ». Les hôpitaux, les entrepôts et les équipes de secours ont été pris pour cibles. Les convois d’aide sont restés bloqués pendant des semaines aux frontières.  « Cette guerre, dit-il, n’a pas seulement détruit l’homme et la pierre, elle a voulu anéantir l’esprit d’entraide ». Malgré les obstacles, l’organisation a poursuivi ses efforts : distribution de nourriture et d’eau, soutien psychologique, financement d’abris temporaires et assistance médicale. Elle prépare désormais un plan global pour la reconstruction : réhabilitation des infrastructures essentielles, réouverture des écoles et des hôpitaux, relance de projets de développement communautaire et de formation professionnelle pour les jeunes.

« La neutralité est une complicité »

Interrogé sur le rôle des médias, Youssef distingue entre ceux qui ont payé le prix du courage – les journalistes palestiniens tués sur le terrain – et ceux qui ont, selon lui, « trahi la vérité en adoptant le langage du bourreau ». Face à la multiplication des massacres, une partie de la presse internationale a fini, sous la pression des images et des témoignages, par rompre le silence.  « Le silence n’est pas neutralité, conclut Youssef, c’est une forme de complicité. Les peuples libres du monde ont montré que leur voix peut sauver des vies, et Ghaza n’a pas besoin de compassion, mais d’un engagement moral ». Ce rapport, entre données froides et témoignages brûlants, est un mémorial chiffré de la tragédie palestinienne. Il documente l’effondrement d’un territoire transformé en champ de ruines, mais aussi la persistance d’un peuple qui, malgré la faim, la perte et la désolation, continue de tenir tête à la mort par la seule arme qui lui reste : la dignité.

M. S.

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