Au sixième jour du cessez-le-feu, après 735 jours d’une guerre d’extermination menée contre les Palestiniens du secteur de Ghaza, les appels à l’ouverture complète des points de passage se multiplient.
Ismaïl Al-Thawabté, directeur général du Bureau d’information gouvernemental de Ghaza, a exhorté l’occupant israélien à rouvrir sans délai les frontières et à permettre l’entrée des aides humanitaires, soulignant que la situation demeure catastrophique malgré la trêve. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé, ce mardi, l’entrée de 137 camions dans le territoire palestinien pour soutenir les boulangeries et fournir des denrées essentielles à la population. L’agence a précisé que plus de 170 000 tonnes de nourriture sont prêtes à être acheminées vers Ghaza, de quoi nourrir environ deux millions de personnes. Lundi, le Bureau d’information gouvernemental avait déjà fait état de 173 camions d’aide entrés la veille, estimant ces volumes « très limités » face à l’ampleur des besoins. Cette cargaison comprenait trois camions de gaz domestique et six camions de carburant destinés à l’alimentation des boulangeries, des générateurs et des hôpitaux. Durant deux années de guerre et de blocus total, Israël avait interdit l’entrée du gaz et du carburant, provoquant un effondrement des services essentiels dans l’ensemble du territoire. Selon les médias israéliens, le gouvernement de Tel-Aviv a finalement décidé de rouvrir le poste frontière de Rafah entre Ghaza et l’Égypte, afin de permettre la reprise du flux humanitaire. Cette décision intervient après que le mouvement de résistance palestinienne a remis à la Croix-Rouge internationale les dépouilles de quatre prisonniers israéliens morts durant la guerre. La chaîne publique israélienne Kan a indiqué que le « niveau politique » à Tel-Aviv a renoncé à des mesures punitives prévues contre la résistance palestinienne, notamment la réduction de moitié du nombre de camions d’aide autorisés à entrer dans l’enclave. Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a confirmé la réception des corps des quatre captifs, transférés à l’armée et au service de sécurité intérieure (Shin Bet). Hier encore, Israël avait annoncé la suspension de l’ouverture de Rafah et la réduction drastique des livraisons humanitaires, prétextant le refus du mouvement palestinien de restituer les dépouilles restantes.
L’ONU met en garde contre toute restriction
Les Nations unies ont confirmé avoir reçu un avis officiel des autorités israéliennes signalant leur intention de réduire de moitié le nombre de camions humanitaires autorisés à entrer dans Ghaza. Sur les 600 camions quotidiens promis après la trêve, seuls 300 devraient désormais être autorisés à passer. Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, a déclaré que l’organisation « tente d’acheminer le maximum d’aide possible » malgré les obstacles. Il a rappelé que le respect des engagements du cessez-le-feu incluait « le libre acheminement de l’aide humanitaire » et le retour des dépouilles des prisonniers.
De nouvelles livraisons par les points de passage égyptiens
Parallèlement, les médias égyptiens ont rapporté, mercredi, l’entrée de 200 camions d’aide dans le territoire via le point de passage de Kerem Shalom (Karm Abou Salem). Selon la chaîne « Al-Qahira Al-Ikhbariya », des centaines d’autres camions patientent encore du côté égyptien, soumis à des contrôles et retards imposés par les autorités d’occupation israéliennes. Ces convois transportent notamment du carburant et du gaz, denrées vitales pour la survie des hôpitaux, des boulangeries et des populations déplacées.
Une trêve sous surveillance
Six jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, Ghaza reste un territoire exsangue. Les destructions, la faim et le manque d’énergie continuent de hanter les survivants de cette guerre de 735 jours. Si la reprise partielle de l’aide apporte un léger répit, les habitants craignent que le blocus et les restrictions israéliennes persistent, transformant la trêve en simple suspension de souffrance plutôt qu’en pas réel vers la paix. La reconstruction et la réhabilitation de Ghaza, selon les agences de l’ONU, nécessiteront non seulement des milliards de dollars, mais aussi une volonté politique internationale capable de briser la logique du siège. La question demeure : combien de temps la communauté mondiale tolérera-t-elle qu’un peuple entier survive au compte-gouttes derrière des barbelés humanitaires ?
M. Seghilani
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