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SYMBOLE DE LA VOIX MUSELÉE DU PEUPLE PALESTINIEN : Le journaliste Shadi Abou Sido libéré

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Après près de deux ans de détention dans les prisons israéliennes, le journaliste palestinien Shadi Abou Sido, photographe de la chaîne Palestine Today, a retrouvé la liberté. Son nom figure parmi les prisonniers palestiniens libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu actuellement en vigueur entre la résistance palestinienne et l’occupant sioniste. Arrêté en 2023, en pleine guerre contre Ghaza, Abou Sido est devenu l’un des visages de la répression systématique visant les voix médiatiques palestiniennes.

Lors de ses premières déclarations publiques après sa libération, le journaliste a livré un témoignage d’une intensité bouleversante. Amaigri, marqué par des mois d’humiliation et de privations, il a décrit les conditions inhumaines qu’il a endurées derrière les barreaux « Il n’y avait ni nourriture, ni eau. Je suis sorti de Ghaza affamé, et je suis resté affamé en prison. Nous avons goûté à toutes les formes de torture, jusqu’au dernier jour. Ils n’ont cessé de nous humilier », a-t-il confié face aux caméras, la voix tremblante. Abou Sido raconte avoir vécu deux années d’angoisse et de souffrance : « Deux ans sans manger à ma faim. J’ai été emprisonné et j’en sors de la même façon. Par Dieu, nous ne mangions pas, nous ne buvions pas. Nous étions malades, suspendus des heures, torturés jour et nuit, menacés dans nos vies et celles de nos enfants ». Le photographe, devenu malgré lui témoin et victime de la brutalité du système carcéral israélien, dit avoir perdu toute notion du temps : « Nous ne savions plus quel jour nous étions, ni l’heure, ni la date. Chaque jour, c’était mourir mille fois ». Son témoignage fait état de méthodes de torture psychologique d’une cruauté extrême : « Ils m’ont dit qu’ils allaient m’arracher les yeux, ceux avec lesquels j’ai filmé Ghaza. Mes yeux ont saigné pendant des semaines. Ils m’ont menti, me disant que toute ma famille avait été tuée. Ils nous ont torturés avec une cruauté inimaginable. Sauvez mes frères prisonniers ». À sa sortie, il a découvert, avec stupeur, que sa famille était toujours en vie. La scène de ses retrouvailles avec son épouse et ses enfants au terminal de Rafah a ému des milliers de Palestiniens. Les caméras ont immortalisé cet instant de joie mêlée de larmes, après vingt longs mois d’absence et de douleur. Les images de son retour, diffusées par les médias palestiniens et arabes, ont symbolisé la résilience d’un peuple dont la parole demeure sous siège. À travers lui, c’est toute une génération de journalistes et de civils palestiniens, arrêtés, blessés ou tués pour avoir témoigné de la réalité à Ghaza, qui retrouve une voix. Dans un dernier appel vibrant, Shadi Abou Sido s’est adressé à la communauté internationale et aux organisations de défense des droits humains « Mon souhait le plus cher est que tous les prisonniers soient libérés. Sauvez mes frères encore enfermés ». Ce témoignage poignant s’ajoute à la longue liste des récits de souffrance et de résistance des prisonniers palestiniens, victimes de détentions arbitraires, de tortures et de traitements dégradants, en violation flagrante du droit international humanitaire. La libération de Shadi Abou Sido résonne comme un cri de vérité face à la machine répressive de l’occupation, et comme un souffle d’espoir pour ceux qui demeurent dans l’ombre des geôles sionistes.

Hommage du héros de l’évasion de Jilboa 

Dans un autre signe fort de la libération des prisonniers palestiniens, Mahmoud Al-Arida, surnommé l’ingénieur du tunnel de la liberté, a adressé un message de gratitude à la chaîne Al-Mayadeen. Figure emblématique de la résistance, Al-Arida a exprimé son estime pour le rôle de ce média « libre et courageux » dans la défense de la cause palestinienne : « Salut à la chaîne Al-Mayadeen. Nous n’oublierons jamais votre rôle historique dans la défense de notre cause, vieille de plus d’un siècle. Votre message est humain, libre, et a profondément marqué la conscience de la Nation », a-t-il déclaré. Dans un geste à la fois symbolique et émouvant, le prisonnier récemment libéré a ri face à la caméra : « C’est ma première rencontre avec une cuillère depuis quatre ans ». Une phrase simple, mais qui rappelle toute la force du symbole : cette même cuillère fut l’outil avec lequel Al-Arida et ses compagnons ont creusé le tunnel qui leur permit de s’évader de la prison de Jilboa en 2021, un acte devenu légendaire dans l’histoire de la lutte palestinienne. Mahmoud Al-Arida a également adressé ses condoléances aux familles des martyrs, affirmant que leurs sacrifices demeurent « une lumière pour tous les libres sur le chemin de la libération ».

Selon les informations rapportées, près de 250 prisonniers palestiniens, dont des détenus condamnés à de lourdes peines, ainsi que 1 718 prisonniers de Ghaza arrêtés durant la guerre, ont été libérés dans le cadre de la récente opération d’échange négociée entre la résistance palestinienne et Israël. Parmi eux, 154 prisonniers ont été transférés vers l’Égypte, y compris Mahmoud Al-Arida, en échange de 20 prisonniers israéliens. Ces libérations marquent une nouvelle étape dans la lutte acharnée des Palestiniens pour la liberté et la dignité, confirmant que, même derrière les murs, la résistance demeure vivante et que la quête de justice continue d’animer chaque cœur palestinien. La parole retrouvée de Shadi Abou Sido et le sourire libre de Mahmoud Al-Arida forment deux visages d’une même vérité : celle d’un peuple qui refuse de plier face à l’oppression.

M. S.

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