La résistance palestinienne a entamé, hier matin, la première phase de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu élaboré sous médiation américaine, égyptienne et qatarie. Les Brigades Al-Qassam, branche armée du mouvement de la résistance palestinienne, ont remis 20 prisonniers israéliens vivants au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), conformément à la première étape du plan annoncé par le président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre contre Ghaza. Selon les médias israéliens, sept prisonniers ont été remis au CICR lors d’une première vague, suivie d’une deuxième comprenant treize autres détenus transférés depuis le sud du secteur. Tous seraient en « bonne santé », selon les premières informations.
Les forces d’occupation ont confirmé que des véhicules du CICR s’étaient déplacés tôt dans la matinée vers un point de rencontre convenu dans le nord de Ghaza, après plusieurs jours de négociations intensives menées sous la supervision du Caire, de Doha et de Washington. La chaîne israélienne 13 a indiqué que la libération devait s’effectuer en deux temps : à 8h près de la zone de Nétzarim, puis à 10h à Khan Younès.
En parallèle, la libération des prisonniers palestiniens se prépare
Du côté palestinien, plusieurs bus ont quitté Ghaza en direction du poste frontalier de Karm Abou Salem, en vue d’accueillir les prisonniers palestiniens que l’occupation doit relâcher dans le cadre de l’accord. D’après un journaliste de la chaîne Al-Mayadeen, les familles n’ont pas encore été informées de la liste définitive des prisonniers libérés, alors que les Brigades Al-Qassam ont rendu publics les noms des Israéliens remis au CICR.
Les médias israéliens rapportent que les bus destinés à transporter les prisonniers palestiniens sont entrés dès l’aube dans la prison d’Ofer, où les préparatifs de la libération de plus de 2 000 détenus palestiniens ont été finalisés. Reuters fait état de 1 966 prisonniers palestiniens déjà montés à bord des bus à l’intérieur des prisons israéliennes, dont 250 condamnés à perpétuité qui devraient être transférés vers la Cisjordanie, ElQods et des pays tiers. La porte-parole du Premier ministre israélien, Shosh Badrassian, a déclaré que le gouvernement « s’attend à ce que les vingt otages vivants soient libérés simultanément et remis au CICR ». Elle a précisé qu’en cas d’impossibilité de remettre les corps des otages décédés, une « instance internationale convenue dans le cadre de l’accord » se chargerait d’en déterminer la localisation et la restitution. Dimanche soir, Benyamin Netanyahou avait qualifié la restitution des prisonniers israéliens de « moment historique mêlant tristesse et joie », tout en évoquant les difficultés persistantes liées au sort des otages morts.
«L’occupant a cédé à nos conditions»
Dans un communiqué, la résistance palestinienne a confirmé la remise des 20 prisonniers israéliens, soulignant que cette étape « marque la mise en œuvre de la première phase du plan Trump pour un cessez-le-feu à Ghaza ». Le mouvement a insisté sur « la nécessité pour les médiateurs d’assurer que l’ennemi sioniste respecte ses engagements » et a accusé Netanyahou et son armée d’avoir échoué, pendant deux ans de guerre, à libérer leurs prisonniers par la force. « Ils ont finalement été contraints de se soumettre aux conditions de la résistance », a déclaré le communiqué, ajoutant que « la voie du retour des prisonniers israéliens ne passe que par un échange et la fin du génocide à Ghaza ». La résistance affirme avoir « tout mis en œuvre pour préserver la vie des prisonniers ennemis malgré les tentatives de Netanyahou et de son armée d’éliminer leurs propres captifs ». Elle dénonce en parallèle le traitement infligé aux prisonniers palestiniens, victimes « de torture, de privations et d’assassinats » dans les prisons de l’occupation. Le communiqué conclut que « la libération de nos héros, y compris ceux condamnés à vie, est le fruit du courage et du sacrifice du peuple palestinien », et réaffirme que la question des prisonniers restera une priorité nationale jusqu’à la libération du dernier détenu.
« L’accord, fruit du courage et de la constance de notre peuple »
Dans un autre communiqué, les Brigades Al-Qassam ont salué « le triomphe du peuple palestinien », affirmant que l’accord est « la conséquence directe de la ténacité de la résistance face à la guerre d’extermination ». Elles assurent « respecter les engagements et les délais prévus par l’accord, tant que l’ennemi les respecte lui aussi ». Les brigades rappellent que « l’occupation a échoué à récupérer ses prisonniers par la force malgré sa supériorité militaire et technologique, et qu’elle a fini par capituler en acceptant un échange, comme promis depuis le début ».
Le texte souligne que l’armée israélienne « aurait pu sauver la plupart de ses prisonniers vivants depuis des mois, mais a préféré poursuivre sa stratégie militaire vouée à l’échec, causant la mort de dizaines d’entre eux ». En s’adressant aux prisonniers palestiniens, Al-Qassam conclut : « Ghaza et sa résistance ont offert leur sang et leurs martyrs pour briser vos chaînes. Votre cause restera au cœur de notre lutte jusqu’à votre libération totale. » Fait inédit, plusieurs médias israéliens ont rapporté que des prisonniers israéliens encore détenus à Ghaza ont pu appeler leurs familles en visioconférence depuis des téléphones appartenant à la résistance palestinienne, avant leur libération. Le Forum des familles d’otages israéliens a confirmé ces communications, diffusant des vidéos montrant plusieurs captifs parlant avec leurs proches.
Des commentateurs israéliens ont décrit ces scènes comme « surréalistes ». La journaliste Gili Cohen a rapporté : « Matan Zangauker, toujours en captivité, a parlé à sa mère depuis un téléphone appartenant au Hamas. » Des sources du mouvement ont confirmé à l’Agence France-Presse la tenue de ces échanges, sans en préciser les conditions. La première phase de cet échange, fruit d’une médiation internationale complexe, pourrait redéfinir la dynamique du conflit après deux ans d’une guerre dévastatrice qui a réduit Ghaza en ruines.
Pour la résistance, il s’agit d’une victoire symbolique prouvant que la force militaire de l’occupation ne peut vaincre la volonté d’un peuple déterminé. Pour Israël, cette libération marque à la fois un soulagement et un aveu d’échec : celui de n’avoir pu ramener ses captifs autrement que par la négociation. L’histoire retiendra peut-être cette journée comme un tournant, où les chaînes se sont défaites non pas sous les bombes, mais sous la pression de la dignité et de la diplomatie.
M. S.
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