Après plusieurs jours marqués par un suspense étouffant sur fond d’intenses tractations, le président français Emmanuel Macron a jeté, de nouveau, son dévolu sur Sébastien Lecornu pour tenir le poste de Premier ministre.
Cette décision a été annoncé vendredi soir en pleine crise politique. Lecornu est chargé de former un nouveau gouvernement et de doter la France d’un budget. Cette nomination suscite autant de soulagement que de colère dans la classe politique française. Emmanuel Macron mise sur la continuité pour sortir de l’impasse institutionnelle, mais les oppositions expriment déjà leurs réserves.
Nommé une première fois le 9 septembre, Lecornu avait remis sa démission lundi 7 octobre, après avoir échoué à dégager une majorité claire à l’Assemblée nationale. Pourtant, quatre jours plus tard, M. Macron lui a demandé de « poursuivre sa mission » et de former un nouveau gouvernement, avec pour objectif principal : faire adopter un budget avant la fin de l’année. « J’accepte, par devoir, la mission qui m’est confiée par le président de la République de tout faire pour donner un budget à la France et répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes », a dit le Premier ministre sur X, insistant sur la nécessité de « mettre un terme à cette crise politique qui exaspère les Français ». Pour l’Elysée, cette reconduction est un gage de stabilité dans un contexte d’instabilité chronique. « Le président de la République est convaincu qu’une entente entre les forces politiques est possible dans le respect des convictions de chacun », a souligné un communiqué officiel. Sébastien Lecornu a été chargé de consulter largement les partis représentés au Parlement, à l’exception notable du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI).
Indignation à gauche
La France Insoumise (LFI) a annoncé « une motion de censure immédiate ». « Jamais un Président n’aura autant gouverné par le dégoût et la colère.
Lecornu, démissionné lundi, est de nouveau nommé par Macron vendredi », a ainsi immédiatement réagi sur X la présidente du groupe La France insoumise de l’Assemblée nationale, Mathilde Panot. Et d’ajouter : « Macron repousse misérablement l’inévitable : son départ ». « Nous proposons dès ce soir aux parlementaires de la gauche de l’hémicycle de signer une motion de censure immédiate et une nouvelle motion de destitution du Président de la République », annonce-t-elle. « A chaque tour du manège le pompon reste au même endroit », a pour sa part réagi Jean-Luc Mélenchon. Et le leader de LFI de conclure : « Macron ne peut faire autre chose que du Macron ».
Alors que la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a qualifié l’annonce d' »incroyable », son homologue du Parti communiste, Fabien Roussel, a dénoncé « un choix inacceptable ». « Ce président est complément coupé du peuple. Avec ses amis, ce sont les mercenaires de la finance jusqu’au bout. Passons-les par les urnes ! », a-t-il encore écrit.
Du côté du Parti socialiste, le premier secrétaire Olivier Faure s’est à cette heure contenté de partager sur X une information de nos confrères de L’Opinion, selon laquelle « le bras droit d’Olivier Faure, Pierre Jouvet, dément complètement l’existence d’un deal avec le PS pour reconduire Sébastien Lecornu ».
Dès sa formation, la survie du gouvernement dépendra d’une éventuelle non-censure du PS, qui n’est donc pas acquise.
R. I./Agences