À peine quelques heures après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu censé mettre fin à deux années d’une guerre d’anéantissement, Ghaza s’est de nouveau réveillée sous les bombes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces d’occupation sionistes ont mené une série de frappes aériennes et de bombardements d’artillerie sur plusieurs zones du territoire, notamment à Khan Younès et dans la ville de Ghaza, provoquant la mort de dizaines de civils.
Les forces sionistes ont tiré plusieurs obus d’artillerie sur le secteur d’Al-Katiba, au centre de Khan Younès, alors que des drones survolaient la ville. Peu après, des avions de combat sionistes ont lancé une violente frappe aérienne sur le cœur de la ville, suivie de tirs nourris d’hélicoptères de combat à l’est de Ghaza. Ces attaques interviennent quelques heures à peine après que le gouvernement sioniste a approuvé l’accord de cessez-le-feu proposé par le président américain Donald Trump. Cet accord, qualifié de “première phase du plan de paix pour le Moyen-Orient”, prévoit officiellement la fin de la guerre contre Ghaza, le retrait progressif des troupes d’occupation, l’entrée de l’aide humanitaire et un échange de prisonniers. Mais sur le terrain, les bombes continuent de tomber.
Une nouvelle tragédie
Dans la soirée de jeudi, une frappe aérienne sioniste a visé un immeuble résidentiel du quartier de Sabra, au sud de la ville de Ghaza, provoquant la mort de quatre civils et la disparition d’au moins quarante autres sous les décombres. Les équipes de secours, travaillant dans des conditions extrêmement périlleuses, ont pu retirer les corps de 35 martyrs dans différents quartiers du territoire depuis l’aube de vendredi. D’après les services médicaux, 19 corps ont été retrouvés dans divers quartiers de la ville, dont neuf dans une maison détruite à Al-Sabra. D’autres frappes ont touché Maqousi, Tal Al-Hawa et Sheikh Radwan, où un civil a été tué par les tirs de l’armée sioniste. À Khan Younès, l’aviation sioniste a également bombardé le centre-ville, tandis que les environs de Bani Suhaila et de la zone d’Asdaa ont été la cible de tirs nourris. La fillette Rassil Imad Kawarea, blessée la veille par des tirs des forces d’occupation, a succombé à ses blessures dans la matinée.
Un massacre avant la trêve
Quelques heures avant même l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’armée d’occupation a commis un massacre dans l’ouest de Ghaza. Une frappe sioniste a détruit un immeuble résidentiel sur la rue Al-Thalathini, entraînant la mort de quatre civils et blessant neuf autres, tandis que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues. Le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, a dénoncé des “conditions extrêmement dangereuses” entravant les opérations de sauvetage, en raison du manque d’équipement et de la poursuite des frappes. La résistance palestinienne a condamné cette attaque, la qualifiant de “massacre délibéré visant à semer le chaos et à saboter les efforts des médiateurs pour la mise en œuvre de l’accord”. Dans un communiqué, elle a dénoncé la “soif de sang” d’un régime déterminé à poursuivre “l’extermination du peuple palestinien jusqu’à la dernière minute”.
Bilan humain effroyable
Selon le ministère de la Santé de Ghaza, le nombre total de martyrs de l’offensive sioniste s’élève désormais à 67 211 morts et 169 961 blessés, pour la plupart des femmes et des enfants. Depuis le 7 octobre 2023, les frappes sionistes ont transformé le territoire en champ de ruines, anéantissant les infrastructures civiles et provoquant une crise humanitaire sans précédent. La famine imposée par le blocus a déjà coûté la vie à 460 civils, dont 154 enfants, tandis que des milliers d’autres sont portés disparus sous les décombres. Chaque jour, selon les chiffres du bureau d’information gouvernemental, l’armée sioniste détruit 367 unités d’habitation, prive 394 familles de leur foyer, et tue 18 élèves, enseignants ou étudiants. Les réseaux d’eau, d’électricité et les routes sont anéantis quotidiennement, accentuant l’effondrement total du territoire.
“Un cessez-le-feu de papier”
Sur le plan politique, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou a confirmé avoir “entériné” la proposition américaine, mais aucune mesure concrète de retrait ou de désescalade n’a été observée sur le terrain.
Le contraste entre les déclarations officielles et la réalité des bombardements illustre, selon plusieurs analystes, “l’inconsistance d’un cessez-le-feu sans garanties internationales”. Pendant ce temps, les hôpitaux de Ghaza débordent. Les morgues sont saturées. Les civils, épuisés par deux années de guerre, peinent à croire à une accalmie tant les bruits de drones et d’explosions continuent de retentir dans le ciel du territoire. Malgré l’annonce d’une “fin de guerre”, les faits de ce vendredi témoignent d’une autre vérité : à Ghaza, la mort continue d’avancer, même sous le drapeau blanc du cessez-le-feu.
M.Seghilani