Après deux années d’une guerre d’anéantissement qui a plongé Ghaza dans la désolation, un accord de cessez-le-feu a enfin vu le jour. L’annonce, faite dans la nuit du 8 au 9 octobre, a suscité une vague de réactions favorables dans le monde arabe et au-delà. Gouvernements, mouvements de résistance et organisations internationales saluent unanimement cette trêve, qu’ils considèrent comme une première étape vers la fin du carnage et la reconstruction d’un territoire ravagé.
De Ryadh à Londres, de Pékin à Moscou, les déclarations se multiplient pour accueillir cette décision comme un tournant historique. Le président palestinien Mahmoud Abbas s’est félicité de « la fin de la guerre sur Ghaza » et a appelé à transformer cette trêve en processus politique menant à la création d’un État palestinien indépendant.
« La souveraineté sur Ghaza appartient à l’État de Palestine », a-t-il martelé, soulignant que cette étape devait déboucher sur la fin de l’occupation. La résistance palestinienne, elle, célèbre une victoire politique et morale. Le mouvement de la résistance palestinienne a annoncé que l’accord comprend « la fin de la guerre, le retrait complet de l’armée d’occupation, l’entrée des aides humanitaires et un échange de prisonniers ». La formation a exhorté Washington et les pays garants à « empêcher Israël de se soustraire à ses engagements ». Le mouvement du Jihad islamique a salué l’accord tout en rappelant qu’il « n’est la faveur de personne, mais le fruit du sang et de la résistance ». De son côté, le Front populaire pour la libération de la Palestine estime que « la ténacité du peuple et la bravoure de la résistance ont brisé la machine de guerre sioniste et imposé ce cessez-le-feu ».
Les capitales arabes saluent un “pas vers la stabilité”
L’Arabie saoudite, la Jordanie, le Liban et les Émirats arabes unis ont tous salué « un pas vers la stabilité régionale ». Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, a souligné la nécessité d’un afflux immédiat d’aide humanitaire pour « mettre fin à la famine dans le secteur ». Le président libanais, Joseph Aoun, a exprimé l’espoir que l’accord soit « la première étape vers un cessez-le-feu permanent », tandis que les Émirats appellent à une « mise en œuvre rapide et complète » du texte, dans l’objectif d’une « paix juste et durable garantissant les droits du peuple palestinien ». En Syrie, le ministère des Affaires étrangères a salué « la fin du cauchemar humanitaire » et remercié les médiations du Qatar, de la Turquie, de l’Égypte et des États-Unis. L’Irak, de son côté, insiste sur « la nécessité d’un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire ». À Oman, le grand mufti, Ahmed Al-Khalili a félicité « les héros de la résistance en Palestine, à Ghaza, au Yémen et au Levant », tout en appelant les musulmans à « se mobiliser pour secourir leurs frères palestiniens ». Le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, a, lui aussi, salué la fin de l’agression contre Ghaza, espérant que cette étape ouvre la voie à « la restitution intégrale des droits du peuple palestinien et à la naissance de son État souverain avec ElQods pour capitale ».
Un appui international prudent, mais unanime
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié l’accord de « pas significatif » et demandé sa mise en œuvre « sans délai ». La Chine a exprimé l’espoir d’un « cessez-le-feu durable et complet », réaffirmant son soutien au principe de « la Palestine aux Palestiniens ». La Russie, par la voix de Dmitri Peskov, a salué un accord « porteur d’apaisement », tout en soulignant la responsabilité de l’Occident dans « l’échec de la création d’un État palestinien depuis près de 80 ans ». L’Italie s’est félicitée de ce qu’elle appelle « une chance historique pour la paix ». La Première ministre Giorgia Meloni a exhorté à « aller de l’avant rapidement dans la mise en œuvre du plan de paix de Trump ». De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a vu dans cette trêve « un progrès diplomatique majeur et une réelle opportunité de mettre fin à une guerre dévastatrice ». Des voix similaires se sont élevées au Canada, en France, en Inde et aux Pays-Bas, toutes saluant « un tournant porteur d’espoir ».
L’appui déterminé de l’axe de la Résistance
Depuis Sanâa, le Yemen a affirmé soutenir « tout accord qui met fin à l’agression et lève le blocus », rappelant que « l’occupation est seule responsable des crimes commis contre le peuple palestinien ». Le leader du mouvement, Abdel Malik al-Houthi, a assuré que « les forces yéménites resteront en état d’alerte maximale pendant la mise en œuvre de l’accord », avertissant que « la vigilance reste nécessaire face à la duplicité de l’ennemi israélien et de son parrain américain ». Il a rappelé que les opérations militaires, menées par le Yémen en soutien à la Palestine, ont atteint « 1835 actions », entre missiles balistiques, drones et frappes navales, décrivant cette mobilisation comme « sans précédent dans l’histoire moderne de la solidarité populaire ». Le chef yéménite a aussi rendu hommage à « la résistance libanaise qui a payé le prix le plus lourd dans l’appui au peuple palestinien », ainsi qu’à l’Iran et à l’Irak pour leur soutien constant.
L’ONU et la société civile entre soulagement et prudence
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué « une étape essentielle vers l’apaisement et l’accès humanitaire », tout en rappelant la nécessité d’une mise en œuvre complète. Le président colombien Gustavo Petro a, pour sa part, proposé « la création d’une force internationale conjointe pour la reconstruction », dénonçant « la complicité américaine dans la poursuite du génocide ». Sur le terrain, le cessez-le-feu est officiellement entré en vigueur à midi ce jeudi, mais plusieurs frappes israéliennes ont encore visé le sud de Ghaza quelques heures après l’annonce, témoignant de la fragilité d’une trêve que beaucoup qualifient déjà de précaire. Après 733 jours d’un conflit qui a détruit l’essentiel des infrastructures de Ghaza, la perspective d’un silence des armes ouvre un champ d’espoir. Les appels à la reconstruction, à la justice et à la reconnaissance pleine des droits du peuple palestinien se multiplient. Mais la paix véritable, préviennent de nombreuses voix arabes et internationales, ne naîtra que lorsque cesseront définitivement l’occupation, le blocus et les violences — et que la Palestine retrouvera son unité, sa souveraineté et son horizon d’indépendance.
Un cessez-le-feu fragile
Le nom de Marwan Barghouthi, figure emblématique de la résistance palestinienne, n’apparaît pas sur la liste sioniste des prisonniers palestiniens appelés à être libérés dans le cadre de l’accord d’échange conclu entre l’occupation sioniste et la résistance palestinienne. Le ministère sioniste de la Justice a publié, hier, une liste comprenant 250 détenus palestiniens devant être libérés dans le cadre d’un accord de trêve et d’échange négocié sous médiation internationale. Cependant, cette liste ne contient aucun des grands noms du mouvement national palestinien, tels qu’Ahmad Saâdat, Abdallah Barghouthi, Hassan Salameh, Abbas al-Sayyed ou encore Ibrahim Hamed, que la résistance palestinienne avait expressément exigé de voir libérés. En réaction, le Bureau des médias des prisonniers palestiniens a précisé sur Telegram qu’« aucun accord officiel n’a encore été conclu concernant les listes finales » et que celles-ci « seront publiées par les canaux officiels une fois l’accord définitivement validé ».
Entrée en vigueur du cessez-le-feu
Le cessez-le-feu entre l’occupation sioniste et la résistance palestinienne est entré en vigueur vendredi à midi, heure locale, selon une déclaration de l’armée sioniste, après l’approbation par le gouvernement de Tel-Aviv d’un accord prévoyant l’arrêt des hostilités et un échange de prisonniers. Dans la bande de Ghaza, des dizaines de milliers de Palestiniens, rassemblés depuis des jours dans la zone de Wadi Ghaza au centre du territoire, ont commencé à se diriger vers le nord après l’annonce de la trêve. Cependant, des sources locales ont rapporté des frappes sporadiques de l’armée sioniste peu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, provoquant un climat de méfiance et d’inquiétude. Les services de secours de Ghaza ont mis en garde la population contre un retour précipité vers les zones dévastées du nord, rappelant que « de nombreuses zones restent dangereuses et potentiellement piégées ».
Les forces sionistes se retirent progressivement
Selon les médias sionistes, la brigade 188 de l’armée d’occupation a commencé à se retirer du sud de la bande de Ghaza, amorçant le redéploiement prévu par l’accord. Toutes les troupes sionistes devraient se regrouper d’ici la mi-journée aux positions de retrait convenues. L’armée d’occupation a confirmé que le décompte des 72 heures imparti à la résistance palestinienne pour libérer les captifs sionistes commencera dès la fin du redéploiement militaire. Le retour des captifs est attendu au plus tard lundi midi. Les autorités sionistes ont également annoncé que, pour la première fois depuis le début de la guerre, les Palestiniens ayant fui la bande de Ghaza pourront regagner leur territoire par le poste-frontière de Rafah. Six cents camions d’aide humanitaire devraient, par ailleurs, entrer chaque jour dans la bande, selon un addendum à l’accord publié par la presse sioniste.
M. Seghilani