Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : Nos seniors et les foyers d’accueil

Un reporter dans la foule : Nos seniors et les foyers d’accueil

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On a mis du temps, mais on a fini par s’y résoudre. Le premier centre privé de jour pour personnes âgées a ouvert ses portes samedi dernier. L’évènement a eu lieu en marge de la célébration de la Journée internationale des personnes âgées chaque 1er octobre. Sujet délicat s’il en est. Nous nous sommes inspirés du travail effectué en 2015 par une sociologue, Karima Bouaziz, enseignante- chercheuse à l’université d’Alger 2. D’abord sur le constat : « Longtemps, la tradition et les solidarités familiales ont fait que les personnes âgées demeuraient au sein de leur famille jusqu’au terme de leur vie, les familles assurant le quotidien, répondant à leurs besoins et remédiant à la dégradation de leur état physique et mental » écrit-elle.
C’est cette tradition que l’État a voulu préserver depuis l’indépendance. Notamment en limitant le nombre des centres d’accueil des personnes âgées au profit d’une politique d’aides aux familles de ces personnes et en adoptant, en 2010, une loi qui « oblige les familles à prendre en charge leurs aînés, et prévoit des sanctions pénales pour les actes de violence, de maltraitance, d’abandon ou de marginalisation ». Tout en stipulant que « les membres de la famille, notamment les descendants, doivent préserver la cohésion familiale et assurer la prise en charge et la protection de leurs aînés ». Il est même prévu que « l’abandon, la violence, la maltraitance, l’agression, la marginalisation ou l’exclusion des personnes âgées sont passibles de peines d’emprisonnement et d’amendes ». L’objectif étant de décourager le placement des personnes âgées dans des institutions spécialisées (les foyers d’accueil de personnes âgées). C’est d’ailleurs pour cela que ce type de structures n’est pas répandu dans notre pays.
Cependant, cette politique généreuse et gardienne des traditions n’a pas résisté à la réalité du terrain. La structure familiale a subi les assauts d’une modernité qu’il est impossible de contenir. La généreuse politique du logement du pays a fait voler en éclat l’esprit grégaire qui prévalait historiquement. Les Algériens qui ne voyageaient pas avant 1962 forment aujourd’hui une des plus importantes diasporas établies dans plusieurs pays de la planète. La femme participe à toutes les activités politico-économiques du pays. Les conditions de vie liées au progrès, un pouvoir d’achat exceptionnel, ont projeté la famille dans une modernité avec ses bons et ses mauvais côtés.
Des emplois comme celui de femme de ménage se raréfient. Les couples se contentent de deux ou trois enfants. Etc, etc. Cela dit, l’ouverture du premier centre de jour privé consacré aux personnes âgées, samedi dernier, constitue une première dans notre pays. Il vient s’ajouter aux quelques centres d’accueil des personnes âgées existant dans le pays et relevant du secteur public. La représentante du ministère de la Solidarité nationale, Soumia Oulmane, a, lors de cette ouverture, encouragé les opérateurs privés à investir davantage dans ce créneau. Ce nouveau centre marque aussi, le début d’une nouvelle politique plus pragmatique sur la prise en charge des personnes âgées qu’il devient indispensable de catégoriser. Il y a les seniors atteints de maladies chroniques. Il y a les seniors à l’autonomie réduite et vivant isolés dans leur propre logement.
C’est le cas, par exemple de la majorité de la population de la commune d’Alger-Centre désertée par les jeunes qui ont obtenu leur logement (AADL et LPP). En tout état de cause, dans son discours, Soumia Oulmane a rappelé que « La société algérienne, autrefois organisée autour de la famille élargie, s’oriente aujourd’hui vers le modèle de la famille nucléaire ». D’où l’intérêt d’une réforme de la solidarité nationale en direction de nos ainés. Le cas du Japon dans ce domaine est intéressant. Il développe un système, de prise en charge des vieilles personnes, unique au monde. Même s’il n’est pas à prendre comme référentiel dans sa globalité à cause de la différence culturelle, néanmoins certains points et mécanismes seraient intéressants de voir de plus près. Quoiqu’il en soit, l’introduction du privé dans les structures d’accueil de nos seniors est à saluer. Les aides à domicile aussi. Il suffit que les textes et règlements soient revus et actualisés pour encadrer au plus près cette activité !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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