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CISJORDANIE OCCUPÉE : Sous le feu, des bulldozers et des colons

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Les violences sionistes se sont intensifiées ce dimanche en Cisjordanie occupée, où douze travailleurs palestiniens ont été blessés par balles près du mur de séparation à Bethléem, tandis que des vagues d’arrestations, de confiscations de terres et de fermetures de routes ont paralysé plusieurs villes. Les organisations palestiniennes dénoncent une escalade coordonnée visant à étouffer la population et à étendre les colonies israéliennes.
D’après le Croissant-Rouge palestinien, douze ouvriers ont été blessés par les tirs nourris de l’armée israélienne dans la zone de Wadi al-Hummus, à l’est de Bethléem, alors qu’ils tentaient de franchir la barrière de séparation pour se rendre à leurs lieux de travail. Les ambulanciers ont décrit des blessures « allant de modérées à graves », plusieurs victimes ayant été transportées d’urgence à l’hôpital public de Beit Jala. L’incident s’est produit non loin de Beit Sahour, une zone fréquemment ciblée par les forces d’occupation sous prétexte de « contrôle sécuritaire ». À Qalqilya, au nord de la Cisjordanie, un autre travailleur a été blessé par balle, tandis que les secouristes du Croissant-Rouge ont été empêchés d’accéder au blessé par les soldats postés au checkpoint de Jaljulia. Depuis octobre 2023, selon l’Union générale des syndicats palestiniens, 38 travailleurs palestiniens ont été tués par l’armée sioniste, soit sur leur lieu de travail, soit lors de tentatives de passage. Neuf d’entre eux ont été tués depuis le début de l’année 2025. L’organisation recense également 12 000 arrestations de travailleurs palestiniens depuis le début de la guerre contre Ghaza.

Nouvelles confiscations de terres : 35 dunums à Kafr Qaddum
En parallèle des attaques armées, les autorités israéliennes ont validé un nouveau plan de colonisation visant 35 dunums (3,5 hectares) des terres de Kafr Qaddum, à l’est de Qalqilya. Le projet prévoit la construction de 58 unités de logement pour étendre la colonie de « Metsepe Yeshai ».
Selon l’ONG palestinienne Al-Baidar, cette décision s’inscrit dans un programme plus vaste de spoliation : 55 000 dunums de terres palestiniennes ont déjà été confisqués depuis le 7 octobre 2023 sous divers prétextes — zones militaires, réserves naturelles ou « terres d’État ». Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a d’ailleurs déclaré en septembre dernier son intention de placer 82 % de la Cisjordanie sous souveraineté israélienne, une annonce qui contredit frontalement les résolutions de l’ONU et anéantit toute perspective de création d’un État palestinien.

Arrestations massives et blocus locaux
Les incursions nocturnes et les rafles se poursuivent sans relâche. Dans la nuit de samedi à dimanche, 12 Palestiniens, dont deux enfants, ont été arrêtés dans différentes régions. À Naplouse, les forces israéliennes ont pris d’assaut le camp de Balata, arrêtant le citoyen Hassan Marshoud et retirant des drapeaux palestiniens accrochés dans le quartier. À Salfit, deux jeunes ont été interpellés dans la localité de Kafr al-Dik. À Ramallah, les soldats ont arrêté le jeune Omar Ali Samara, 12 ans, et un autre habitant, Mohannad al-Badawi, après avoir fouillé leurs domiciles dans le village de Beitillu. À El-Khalil, sept Palestiniens, dont un enfant, ont été arrêtés lors d’une vaste opération de ratissage menée à Beit Ummar et dans le camp d’al-‘Aroub. Les troupes ont aussi tiré des grenades assourdissantes et du gaz lacrymogène, provoquant plusieurs cas d’asphyxie.

Une politique systématique d’étranglement
Le rapport publié par l’Autorité de résistance contre le mur et les colonies dresse un tableau glaçant : depuis le 7 octobre 2023, plus de 38 000 agressions ont été commises par l’armée israélienne et les colons en Cisjordanie. Les attaques directes de l’armée représentent 31 205 cas, tandis que les colons ont mené 7 154 assauts, souvent sous protection militaire, causant la mort de 33 civils palestiniens, dont 14 à Naplouse et 12 à Ramallah. Les colons ont profité du chaos pour installer 114 nouvelles colonies sauvages, un chiffre record, provoquant le déplacement forcé de 33 communautés bédouines, soit près de 2 853 personnes chassées de leurs terres. Dans le même temps, 25 “zones tampons” ont été instaurées autour des colonies, interdisant tout accès palestinien. Ces enclaves s’ajoutent aux 916 checkpoints et barrages qui morcellent la Cisjordanie et étranglent la liberté de circulation.

Destruction, incendies et punition collective
Depuis le début de la guerre contre Ghaza, 1 014 démolitions de bâtiments palestiniens ont été recensées en Cisjordanie, touchant 3 679 structures, dont 1 288 maisons habitées et près de 1 000 installations agricoles. Les zones les plus touchées sont ElQods (880 bâtiments détruits), ElKhalil (529) et Tulkarem (464). En outre, 767 incendies ont été provoqués par les colons et les militaires, dévastant 48 000 arbres fruitiers, notamment dans les régions de Ramallah, Naplouse et Hébron. Mueyyad Shaaban, chef de l’Autorité de résistance contre le mur, a dénoncé une « politique coloniale expérimentale », où Israël transforme les territoires palestiniens en « laboratoire de domination humaine et géographique ». Il décrit un système légalisant la violence des colons tout en criminalisant la présence palestinienne.

Un bilan humain accablant
Depuis le 7 octobre 2023, les forces israéliennes et les colons ont tué 1 048 Palestiniens en Cisjordanie, blessé plus de 10 300 autres et arrêté plus de 19 000, dont 400 enfants.
Ces chiffres s’ajoutent à la tragédie de Ghaza, où la guerre a fait, selon les autorités locales, 67 074 morts et 169 430 blessés, en majorité des femmes et des enfants.
La famine, conséquence directe du blocus, a coûté la vie à 459 personnes, dont 154 enfants. Ce nouvel épisode de répression à Bethléem illustre la logique d’occupation totale qui se déploie en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Ghaza : tirs sur les civils, spoliation des terres, extension des colonies et asphyxie économique. Une mécanique coloniale que les institutions internationales condamnent depuis des décennies, sans jamais parvenir à l’arrêter. La résistance palestinienne et les organisations locales appellent désormais à une coordination nationale et populaire pour contrer ce qu’elles qualifient de « guerre d’effacement », menée sur tous les fronts – du champ de bataille à la carte cadastrale.
M. Seghilani

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