La militante suédoise Greta Thunberg, arrêtée lors de la flottille internationale « Flottille de la Résilience » destinée à briser le blocus de Ghaza, aurait subi des traitements dégradants et des violences physiques de la part des forces israéliennes, selon des révélations du journal britannique The Guardian et des témoignages recueillis par des ONG de défense des droits humains.
Selon une enquête publiée par le journal britannique The Guardian, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg aurait subi des conditions de détention particulièrement dures après son arrestation par les autorités israéliennes. Thunberg, arrêtée en compagnie d’autres activistes internationaux à bord de la flottille « Flottille de la Résilience mondiale » qui tentait de briser le blocus imposé à Ghaza, aurait été victime d’humiliations, de privations et de violences physiques. D’après le rapport relayé par The Guardian, la diplomatie suédoise à Tel-Aviv a informé Stockholm que la jeune militante avait « souffert de conditions de détention inacceptables ». Le journal précise que Thunberg a été placée dans une cellule infestée de parasites et souffrait d’un sévère dessèchement de la peau et de déshydratation, faute d’eau et de nourriture suffisantes. Une autre militante suédoise citée par le quotidien a affirmé avoir vu « les enquêteurs forcer Greta à agiter des drapeaux », tandis qu’un autre témoin a rapporté que « les soldats israéliens l’ont tirée par les cheveux, battue, et contrainte à embrasser le drapeau israélien ». Selon lui, « ils ont fait tout ce qu’on peut imaginer, comme un avertissement pour dissuader les autres ». Un autre détenu a ajouté que les gardes « ont enveloppé Greta dans un drapeau israélien et l’ont exhibée comme un trophée ».
Arrestations arbitraires et violences documentées
L’arrestation de Greta Thunberg et de plusieurs militants issus de divers pays est survenue après l’attaque des navires du convoi humanitaire par la marine israélienne, en eaux internationales, alors qu’ils tentaient de livrer une aide humanitaire à Ghaza. Le centre juridique Adalah, qui assure la défense des participants à la flottille, a confirmé avoir reçu plusieurs témoignages attestant de violences physiques et d’actes d’humiliation. Son porte-parole, Moatassem Zeidan, a indiqué que « les forces d’occupation ont empêché les avocats du centre de rencontrer la députée franco-palestinienne Rima Hassan, détenue avec d’autres participants ». Dans un communiqué ultérieur, Adalah a précisé que « plusieurs détenus ont affirmé avoir été interrogés par des individus non identifiés et maltraités par les gardiens de prison. Certains ont subi des violences physiques, l’un d’entre eux ayant été blessé aux mains». Le communiqué dénonce également « des cas de bandeaux sur les yeux, de détentions prolongées dans des positions douloureuses, et d’atteintes à la dignité des détenues, notamment l’obligation pour l’une d’elles d’ôter son voile et de rester vêtue d’une simple chemise ». L’organisation a ajouté que des restrictions avaient été imposées à la pratique religieuse, notamment à la prière, qualifiant ces actes de « violations graves du droit international et des droits fondamentaux ».
Témoignages alarmants et solidarité internationale
La juriste Najate Hedrich, membre de l’équipe légale internationale de la flottille, a relaté sur sa page Facebook les sévices infligés au militant tunisien Mehab Essnoussi, également arrêté. « Lorsque le ministre de l’Intérieur du régime israélien est venu menacer les participants à leur arrivée au port d’Ashdod, Essnoussi a brandi un drapeau palestinien caché sous ses vêtements. Il a alors été violemment agressé par la police israélienne », écrit-elle, tout en précisant que le militant garde « un moral élevé et a transmis un message de courage et de solidarité au peuple tunisien et aux peuples libres du monde ». De son côté, l’avocat Ayoub Ghadamsi, également membre du collectif de défense, a déclaré à la radio tunisienne Mosaïque FM que le militant Wael Nouar, participant tunisien à la flottille, a été « sévèrement battu » dans la prison de Ketziot, l’une des plus dures d’Israël. « Malgré les blessures sur plusieurs parties de son corps, il a refusé d’être examiné par un médecin de l’armée d’occupation », a précisé Ghadamsi. L’avocat a ajouté que les autorités israéliennes avaient décidé de le déporter, et que les chancelleries tunisienne et jordanienne tentaient actuellement de négocier son passage par la Jordanie.
Indignation et appels à la reddition de comptes
Les révélations sur les traitements infligés à Greta Thunberg et aux autres membres de la flottille provoquent une onde d’indignation dans les milieux diplomatiques et militants. Plusieurs organisations de défense des droits humains demandent l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violences commises contre les participants à cette mission humanitaire.
Le gouvernement suédois, selon des sources diplomatiques, aurait exigé des clarifications officielles d’Israël sur les conditions de détention de sa ressortissante, tandis que des parlementaires européens appellent à suspendre la coopération sécuritaire avec l’entité sioniste en attendant les résultats d’une enquête. La participation de Greta Thunberg à cette mission de solidarité visait à attirer l’attention du monde sur le blocus inhumain imposé à Ghaza, qui prive depuis près de deux décennies plus de deux millions d’habitants d’eau potable, d’électricité et de médicaments essentiels. Son arrestation brutale illustre, selon les observateurs, la volonté du régime israélien d’étouffer toute forme de solidarité internationale avec le peuple palestinien. Cette affaire, à la croisée du militantisme écologique et de la lutte pour la justice en Palestine, pourrait bien devenir un tournant symbolique : l’arrestation d’une figure mondiale de la jeunesse met en lumière la brutalité d’un système répressif qui ne tolère ni témoins, ni compassion.
M. Seghilani