Le moudjahid et ancien ministre, Ahmed Taleb Ibrahimi, était une éminente personnalité qui marquera de son empreinte la vie nationale. Sa disparition fait perdre à l’Algérie un grand nationaliste, un homme intègre, un intellectuel et un sage qui a voué son long et riche parcours au service de son pays.
Le moudjahid et ancien ministre Ahmed Taleb Ibrahimi, dont les Algériens retiennent la silhouette de l’emblématique chef de la diplomatie nationale à la chevelure grisonnante, est rappelé à Dieu ce 5 octobre à l’âge de 93 ans. L’homme politique a traversé deux périodes de notre histoire contemporaine. Il a vécu et a marqué l’avant et l’après indépendance du pays. Il participé à la libération et a contribué à l’ère de l’édification en occupant plusieurs postes de haute responsabilité au sein de l’Etat.
Digne fils qui a marché sur les traces de son père, l’érudit et cheikh Mohamed Bachir Ibrahimi, un des fondateurs de l’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA), le défunt, né à Sétif en 1932, a fait ses premiers pas de militant pour l’indépendance au sein de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA). Plus qu’un partisan, il en était un artisan de sa création avant de présider à ses destinées. En 1949, soit avant l’indépendance, il a rejoint l’université d’Alger pour étudier la médecine. Puis, il adhéra à l’Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA). Tout jeune, il s’est engagé au service de la conscience nationale en animant le journal Le Jeune Musulman. Le défunt était également un des dirigeants de la Fédération FLN de France (lancée en 1954) durant la Guerre de libération nationale. En 1957, il a été arrêté pour son activisme pour l’indépendance. Il passa plus de quatre ans dans les prisons de l’occupation françaises avant d’être libéré à la veille de l’indépendance.
Au lendemain de l’Indépendance, le défunt a intégré le gouvernement pour occuper plusieurs postes ministériels. Il a dirigé les portefeuilles, de l’Education nationale de 1965 à 1970, de l’Information et de la Culture de 1970 à 1977 et des Affaires étrangères de 1982-1988. De 1977 à 1982 il a occupé la double fonction de ministre-conseiller auprès des présidents Houari Boumediene et Chadli Bendjedid. Candidat à l’élection présidentielle de 1999, le défunt s’était, en compagnie des cinq autres prétendants, retiré de la course remportée par Abdelaziz Bouteflika. Les Algériens gardent de lui un politicien aux positions d’opposition modérées qui s’est fait respecter dans le camp adverse.
On retient aussi du défunt Ahmed Taleb Ibrahim ses nombreuses sorties médiatiques durant des périodes charnières de la vie du pays. En mars 2020, en pleine crise sanitaire, il a appelé le peuple algérien à faire preuve de compréhension, de sagesse et de s’unir pour faire bloc contre la propagation du Coronavirus. En aout 2021, alors que notre pays était en proie à des incendies criminels, il appelé les Algériens à barrer la route aux détracteurs de leur pays en restants unis et indivisibles derrière leur Patrie. Il convient, par ailleurs, de rappeler, qu’en janvier 2020, alors qu’il était malade, le président Abdelmadjid Tebboune lui a rendu visite en son domicile et s’était enquis de son état de santé.
L’homme politique chevronné est aussi doublé d’un intellectuel qui comptait à son actif plusieurs publications.
On peut citer l’ouvrage « De la décolonisation à la révolution culturelle (1962-1972). Le défunt a publié ses mémoires en deux tomes. « Mémoires d’un Algérien, t. I : Rêves et épreuves » (1932 – 1965), paru en 2006 et « Mémoires d’un Algérien, t. II : La passion de bâtir » (1965-1978) sorti en 2008.
Farid Guellil
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