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ATHLÈTES UNIS CONTRE L’INJUSTICE : L’UEFA sommée de suspendre Israël

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De l’Afrique à l’Europe, des voix s’élèvent dans le monde du sport pour dénoncer les bombardements à Ghaza. Cinquante athlètes ont signé une pétition réclamant la suspension immédiate d’Israël de toutes les compétitions de l’UEFA. Un geste inédit qui place le sport au cœur d’un débat moral et politique brûlant.
Une pétition nommée « Athlètes pour la paix » a été rendue publique vendredi 26 septembre. Portée par l’organisme britannique « Nujum Sports », elle rassemble cinquante signatures de sportifs professionnels de diverses disciplines : football, boxe, rugby, cricket ou encore équitation. Leur demande est claire : exclure Israël des compétitions européennes tant que l’armée mène des bombardements dans la bande de Ghaza. Parmi les signataires, on retrouve des noms connus du ballon rond comme Paul Pogba, Hakim Ziyech, Cheick Diabaté, Anwar El-Ghazi, Cheick Doucouré ou encore le jeune algérien Rayan Kolli. Le joueur de cricket Moeen Ali, le boxeur Zak Chelli et même le club chilien FC Palestino figurent également sur la liste.
Au-delà des personnalités, ce texte traduit un malaise grandissant : le sport ne peut plus se prétendre neutre face aux violations des droits humains. « Le sport n’est pas neutre face à l’injustice. Rester silencieux revient à accepter que les vies de certains valent moins que d’autres », affirme le communiqué.

Pression internationale croissante
La pétition ne tombe pas du ciel. Depuis des semaines, les instances internationales sont exhortées à sanctionner Israël, à l’image de ce qui avait été décidé contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Plusieurs rapporteurs spéciaux de l’ONU ont appelé l’UEFA et la FIFA à « ne pas fermer les yeux » sur ce qu’ils qualifient de violations massives des droits humains. Dans son dernier rapport, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a même accusé Israël de mener une « rhétorique génocidaire » à Ghaza. Selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire, plus de 65 000 Palestiniens ont perdu la vie depuis octobre 2023. À ce bilan humain s’ajoute un désastre sportif : la Fédération palestinienne de football dénombre 421 joueurs tués et près de 300 infrastructures sportives détruites.
Les chiffres, glaçants, donnent à cette pétition un poids supplémentaire. Pour ses initiateurs, il ne s’agit pas de politique mais de dignité humaine.

L’UEFA au pied du mur
Sous la pression, l’UEFA a convoqué son comité exécutif cette semaine. Vingt membres devront se prononcer à la majorité simple sur une possible suspension d’Israël. Si elle est votée, l’exclusion aurait un effet immédiat, bouleversant les compétitions en cours.
Les clubs israéliens, contraints de jouer sur terrain neutre depuis 2023, continueraient de poser de graves problèmes de sécurité et de logistique aux villes hôtes. Comme le rappelait Benoît Hellings, élu bruxellois : « L’UEFA nous a refilé la patate chaude. Ce n’est pas aux villes d’assumer les conséquences d’un conflit immense. » Pour les compétitions européennes, une exclusion en cours de saison soulèverait des casse-têtes réglementaires. Le cas du Maccabi Tel Aviv en Ligue Europa illustre la complexité : en cas de disqualification, ses résultats seraient partiellement maintenus, et ses adversaires recevraient une moyenne de points calculée selon des critères obscurs.

Quand le sport devient politique
L’histoire montre que le sport a souvent été un théâtre d’affrontements politiques : exclusion de l’Afrique du Sud pendant l’apartheid, bannissement de la Russie récemment, boycott des Jeux olympiques de Moscou en 1980. Dans ce sillage, la pétition des « Athlètes pour la paix » s’inscrit comme une nouvelle étape de l’activisme sportif.
Des figures emblématiques soutiennent cette démarche. L’ancien international français Éric Cantona a déclaré lors d’un concert solidaire : « Le moment est venu de suspendre Israël de ce privilège. Le foot international est plus que du sport : c’est un outil de représentation mondiale».
Même certains États prennent position. L’Espagne a menacé de boycotter une éventuelle Coupe du monde avec Israël, rappelant que « le sport ne doit pas blanchir des crimes de guerre ».
La balle est désormais dans le camp de l’UEFA et, plus largement, de la FIFA. Les signataires rappellent qu’il ne peut y avoir « deux poids, deux mesures » dans l’application des sanctions sportives. Si la Russie a été exclue pour son agression en Ukraine, pourquoi Israël continuerait-il de jouer malgré un conflit qualifié de génocidaire par des experts internationaux ? La réponse des instances pourrait marquer un tournant historique : choisir entre la logique de neutralité sportive ou l’affirmation d’une responsabilité éthique.
Entre silence coupable et geste historique, l’UEFA est à l’heure des choix : écouter ses stars ou préserver ses intérêts ?
Mohamed Amine Toumiat

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