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LE « DEUX POIDS, DEUX MESURES » DANS LE SPORT : La FIFA face à ses contradictions 

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Le sport, censé incarner des valeurs universelles comme l’équité, le respect et la solidarité, se retrouve aujourd’hui accusé de duplicité. Une pétition internationale, forte de plus de 800 000 signatures, exige la suspension d’Israël des compétitions de la FIFA et de l’UEFA, dénonçant une politique flagrante de deux poids, deux mesures. 

Alors que la Russie avait été exclue sans délai en 2022 après son intervention militaire en Ukraine, Israël continue de fouler sans encombre les pelouses des grandes compétitions, malgré une guerre à Ghaza qui a déjà coûté la vie à plus de 65 000 civils, dont des familles entières et même des équipes sportives.

 Depuis octobre 2023, les images en provenance de Ghaza rappellent chaque jour l’ampleur d’une tragédie humanitaire. Pourtant, la FIFA, toujours prompte à sanctionner quand cela arrange les grandes puissances, reste étrangement silencieuse. Ce mutisme est perçu comme une complicité par de nombreux acteurs du monde sportif, qui dénoncent une organisation plus préoccupée par ses partenariats financiers et ses équilibres diplomatiques que par les principes qu’elle prétend défendre.

Un mouvement citoyen et sportif qui grandit

 L’exaspération face à cette inaction s’exprime désormais au grand jour. La saison dernière, de nombreux stades européens ont été submergés par des drapeaux palestiniens, brandis par des supporters refusant de voir leur passion déconnectée de la réalité. Plus récemment, à Madrid, l’arrivée finale du Tour d’Espagne cycliste, la célèbre « Vuelta », a été interrompue par des manifestants pacifiques qui ont bloqué le circuit en scandant « Free Palestine » et « Boycott Israël ». Un acte symbolique fort, relayé dans le monde entier, qui rappelle que les tribunes et la rue ne veulent plus rester muettes.

Les entraîneurs italiens, figures respectées dans le football européen, sont venus donner un poids institutionnel à ce mouvement. Ils réclament à la FIFA et à l’UEFA la suspension immédiate d’Israël, au nom d’une simple logique : « aucun État génocidaire ne doit être accueilli sur la scène sportive internationale ». Cette position, claire et sans ambiguïté, met la FIFA devant ses contradictions et révèle l’écart abyssal entre les discours officiels et les actes.

L’ombre des précédents historiques

 Le double standard est d’autant plus flagrant que l’histoire du sport a déjà montré sa capacité à peser politiquement. L’Afrique du Sud de l’apartheid avait été bannie des compétitions internationales pendant des décennies. La Yougoslavie fut exclue au début des années 1990 en pleine guerre des Balkans. Plus récemment, la Russie a été écartée en quelques jours seulement après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Pourquoi, alors, ce traitement de faveur pour Israël? La réponse se trouve sans doute dans la géopolitique et dans les alliances stratégiques. La prochaine Coupe du monde doit avoir lieu aux États-Unis, allié indéfectible de Tel-Aviv, qui soutient financièrement et militairement l’État hébreu dans sa guerre contre Gaza. Dans ce contexte, il paraît illusoire d’attendre de la FIFA, dont le siège tourne depuis longtemps autour des puissances économiques et politiques, une décision qui contrarierait Washington.

Le sport instrumentalisé par les puissants

L’argument souvent avancé par les dirigeants sportifs pour ne rien faire est que « le sport doit rester en dehors de la politique ». Mais cette justification ne tient pas. Elle n’a pas été utilisée en 2022 contre la Russie. Elle ne l’avait pas été non plus lors de l’exclusion de l’Afrique du Sud ou de la Yougoslavie. Elle ne s’applique qu’aujourd’hui, quand les intérêts financiers et diplomatiques de l’Occident sont en jeu.

Ce deux poids, deux mesures est devenu insupportable pour les citoyens et pour une partie du monde sportif. Le football n’appartient pas aux sponsors ni aux dirigeants de la FIFA. Il appartient avant tout à des millions de supporters, qui refusent de voir leur passion servir de vitrine à des régimes accusés de crimes de guerre. Les manifestations, les drapeaux brandis dans les tribunes, et désormais cette pétition mondiale sont la preuve que les consciences ne se taisent plus.

La FIFA à la croisée des chemins

La FIFA se retrouve désormais devant un dilemme. Soit elle persiste à fermer les yeux, démontrant qu’elle n’est qu’un instrument docile au service des puissances économiques et politiques. Soit elle prend une décision courageuse, en suspendant Israël, et en prouvant que les valeurs qu’elle affiche dans ses campagnes publicitaires – respect, inclusion, paix – ne sont pas de simples slogans creux. Les supporters et les acteurs engagés rappellent que le sport n’est pas neutre. Il ne l’a jamais été. Il est un miroir des sociétés, et parfois, un levier de changement. En refusant de sanctionner Israël, la FIFA envoie un message terrible : certains États peuvent massacrer en toute impunité et continuer à profiter des lumières des grandes compétitions internationales.

La question, au fond, est simple : le football mondial veut-il être complice d’un génocide, ou retrouver un semblant de cohérence et d’humanité ?

Mohamed Amine Toumiat

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