Deux forfaits dès la première journée de Ligue 2 amateur : un scénario que l’on croyait révolu. Le RC Arbaâ et le Hilal Chelghoum Laïd, clubs pourtant ancrés dans l’histoire du football national, n’ont pas honoré leur engagement. Derrière ce fait divers sportif se cache un malaise plus profond : la faillite financière et structurelle du football algérien.
Le week-end dernier, la Ligue nationale de football amateur (LNFA) a sévi. Absents lors de leur entrée en lice, le HB Chelghoum Laïd et le RC Arbaâ ont été sanctionnés d’une défaite par pénalité (0-3) et d’une amende de 100.000 DA chacun. Le HBCL ne s’est pas présenté face à la JS Jijel, tandis que le RCA a déclaré forfait contre l’ESM Koléa. La décision s’appuie sur la circulaire n°976 de la FAF transmise le 1er septembre 2025. Cette double absence n’est pas qu’une simple anecdote administrative. Elle met en lumière un mal endémique : l’incapacité chronique de certains clubs à régulariser leurs dettes. En théorie, la Ligue 2 amateur constitue l’antichambre de la Ligue 1. En pratique, elle devient le théâtre de la fragilité économique des clubs, où la survie se joue plus dans les bureaux que sur les terrains.
Clubs historiques, gestion chaotique
Le cas du RC Arbaâ, qui évoluait encore récemment en Ligue 1, et du Hilal Chelghoum Laïd, symbole du football dans l’Est, illustre une réalité accablante : le poids des dettes rattrape des institutions incapables de bâtir un modèle économique viable. Faute de ressources propres, ces clubs s’enlisent dans une spirale d’insolvabilité. Le problème n’est pas uniquement sportif. Il est avant tout managérial. Dans un football moderne où la rentabilité et la gestion structurée sont devenues des clés de succès, nombre de clubs algériens continuent de fonctionner avec des méthodes dépassées, se reposant exclusivement sur des subventions publiques ou sur l’aide d’un sponsor étatique. Cette dépendance les prive de toute autonomie et les enferme dans une logique de survie à court terme.
L’illusion de l’État providence
Il faut le dire clairement : les dirigeants portent une lourde responsabilité. Trop souvent, au lieu de chercher à développer des revenus via la billetterie, le merchandising, les partenariats privés ou la formation de joueurs, les clubs attendent la « manne » publique. Ils se comportent comme des associations subventionnées plutôt que comme des entreprises sportives capables de générer leurs propres recettes. Ce modèle est catastrophique. Dans d’autres pays, les clubs, même modestes, sont gérés comme des entreprises avec une obligation de rentabilité. En Algérie, beaucoup continuent d’accumuler des dettes, de vivre au-dessus de leurs moyens et d’attendre que l’État vienne éponger leurs déficits. Ce réflexe traduit un manque de vision et d’ambition. Le football est un business : il doit produire ses propres ressources, pas tendre éternellement la main. Tant que les clubs algériens n’assumeront pas cette vérité, les forfaits du RCA et du HBCL ne seront pas des accidents, mais les premiers signaux d’une faillite collective.
M. A. T.














































