Par quel cheminement passe le pneu depuis l’usine, s’il est produit localement, ou à partir du port, s’il est importé, avant d’arriver au point de vente destiné à l’automobiliste qui en a besoin.
C’est ce que veulent établir les directions du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national dans plusieurs wilayas à travers une enquête approfondie qu’elles ont lancée sur la distribution de pneumatiques pour véhicules légers. Il n’y a pas de fumée sans feu, s’il y a enquête, c’est qu’il y a problème, des rumeurs ont fait état de rareté du pneu et d’augmentation de son prix. L’enquête s’inscrit dans le cadre d’un plan national de surveillance visant à contrôler le marché du pneu et à garantir l’approvisionnement régulier de ce produit essentiel. Il s’agit de vérifier les prix appliqués et leur conformité aux références officielles. Au ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, on fait savoir que cette enquête prévoit également la mise à disposition obligatoire de tous les stocks disponibles auprès des distributeurs et des importateurs et la prévention de toute manipulation des prix. Toute augmentation injustifiée est qualifiée de spéculation et entraîne une intervention sévère des autorités. On sait que ce marché, comme celui tout autre produit sensible, n’échappe pas à la spéculation pratiquée par les parasites du secteur de l’informel. Le scénario est le même : les spéculateurs organisent la rareté de ce produit en le stockant, en l’occurrence le pneu, pour l’écouler à des prix qui leur permettent en peu de temps et sans grand effort, d’amasser une fortune. Qu’importent les conséquences sur le pouvoir d’achat du citoyen et, pire, sur sa sécurité quand il s’agit du pneu. Car l’automobiliste peut décider de se passer de pneus neufs pour changer les anciens usés, sans savoir ou en le sachant, qu’il expose sa vie et celle d’autres personnes à un danger qui est souvent mortel. Ensuite, la propagande diffusée par les blogueurs installés à l’étranger fera le reste pour accuser l’Etat de faillir à ses devoirs en serrant, prétendument, la vis aux importateurs.
La production locale de pneus
Les producteurs locaux, menés par le groupe Iris, cités par des médias, confirment que leur capacité de production actuelle est d’environ 4 millions de pneus par an, couvrant environ 96 références différentes. Cela suffit, selon eux, à assurer une offre suffisante sur le marché, supérieure à la demande, les besoins du marché national pour tous les types de pneus équivalant à 4 millions de pneus. Côté prix, ils assurent avoir signé des accords et s’être engagés avec les distributeurs à ne pas augmenter les prix. Cela signifie, pour eux, que toute augmentation est considérée comme spéculative et, dans ce cas, le producteur cessera toute opération avec les distributeurs contrevenants. Fin juillet, en marge d’une visite de travail dans la wilaya d’Oran, le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache, a affirmé que quatre projets de fabrication de pneus, implantés à Oran, Sétif, Aïn M’lila (Oum El Bouaghi) et Touggourt, entreront en service en 2026, et devront permettre à l’Algérie de passer du statut de pays importateur à celui d’exportateur de pneus. Ces quatre projets auront une capacité totale de fabrication de 20 millions de pneus pour véhicules légers et lourds, ce qui permettra de couvrir les besoins nationaux en la matière et d’ouvrir des perspectives d’exportation . Le DG de l’AAPI a précisé que ces projets s’inscrivent dans la stratégie du président Abdelmadjid Tebboune, visant à atteindre la souveraineté industrielle, notamment dans les secteurs liés aux produits de grande consommation. Omar Rekkache venait de procéder à la pose de la première pierre d’une usine de production de pneus de la société « El Hadj Arabi Industries », implantée dans la zone industrielle d’El Hamoul, dans la commune de Tafraoui. Le projet sera réalisé en partenariat avec l’entreprise chinoise « Doublestar », et produira des pneus conformes aux normes internationales pour le marché national, tandis que le surplus sera destiné à l’exportation vers le Moyen-Orient, l’Europe et l’Amérique.
M’hamed Rebah
