Dans un geste rare et lourd de signification politique, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Kasper Veldkamp, a présenté vendredi sa démission. Une décision motivée par l’incapacité – ou le refus – de son propre gouvernement à assumer ses responsabilités face aux crimes commis par l’occupant israélien à Ghaza et en Cisjordanie occupée. Dans un communiqué clair, Veldkamp a dénoncé les blocages internes qui l’ont empêché d’imposer de nouvelles mesures contre Tel-Aviv : « J’ai perdu espoir quant à un changement de position. Si ma marge de manœuvre reste aussi limitée, je préfère rentrer chez moi et écrire ma lettre de démission », a-t-il confié. Selon lui, une « résistance au sein de l’exécutif » freine toute tentative d’aller au-delà des sanctions symboliques déjà adoptées. Le ministre avait pourtant affiché sa volonté de renforcer les pressions, notamment après l’escalade des massacres à Ghaza. Mais un débat parlementaire marathon de cinq heures a révélé les fractures profondes au sein de la coalition de transition. Les partis conservateurs BBB et VVD ont refusé toute avancée, préférant maintenir une politique minimale : la simple interdiction d’entrée aux Pays-Bas des ministres israéliens d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Ce choix frileux illustre, une fois de plus, la complicité européenne avec Israël : quelques interdictions de visa sont brandies comme sanctions, alors que des dizaines de milliers de Palestiniens sont tués, affamés et déplacés sous les bombes. La démission de Veldkamp s’inscrit dans un climat de tensions grandissantes entre les Pays-Bas et Israël. Ces dernières années, La Haye avait déjà tenté de convaincre l’Union européenne de passer à des sanctions économiques et commerciales contre Tel-Aviv. Plus significatif encore, l’Agence nationale de sécurité néerlandaise a classé Israël parmi les menaces pour la sécurité nationale – une décision sans précédent qui marque un tournant dans la perception de l’occupant, identifié désormais comme un danger pour la stabilité mondiale. Depuis près de vingt-trois mois, le peuple palestinien à Ghaza vit l’horreur : bombardements incessants, blocus total, famine organisée et effondrement sanitaire. Selon le ministère palestinien de la Santé, 62 263 Palestiniens ont été tués et 157 365 blessés. Derrière ces chiffres se cachent des familles entières décimées, des enfants affamés, des hôpitaux détruits. Le silence ou l’inaction des gouvernements occidentaux face à cette tragédie fait d’eux des complices de facto. Les demi-mesures adoptées par certains États, comme les Pays-Bas, ne suffisent pas à masquer l’évidence : Israël s’impose au monde entier comme une menace pour la paix et la sécurité internationales. La démission de Kasper Veldkamp est donc bien plus qu’un geste individuel : elle met en lumière l’hypocrisie et l’impuissance d’une Europe qui condamne timidement, mais continue de protéger l’impunité de l’occupant.
M.S.