Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, fait l’objet d’une campagne de harcèlement et de menaces sans précédent pour avoir osé enquêter sur les crimes de guerre commis par l’entité sioniste à Ghaza.
Selon une enquête fouillée publiée par Middle East Eye et confirmée par Le Monde, Khan aurait été ciblé par des menaces du Mossad, des pressions diplomatiques britanniques et américaines, et même des tentatives de diffamation personnelle visant à l’écarter de ses fonctions. L’enquête révèle que dès mai 2024, Khan a reçu des avertissements directs affirmant que lui-même, ainsi que l’institution qu’il dirige, seraient détruits s’il maintenait les mandats d’arrêt émis contre Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant, respectivement Premier ministre et ancien ministre de la Défense israélien. Ces menaces auraient été relayées par l’avocat israélo-britannique Nicholas Kaufman lors d’une rencontre à La Haye, en présence de l’épouse de Khan. Kaufman aurait affirmé qu’il avait mandat du conseiller juridique de Netanyahou pour proposer à Khan un arrangement visant à abandonner ses poursuites, comme le prouve une note interne retrouvée dans les archives de la CPI. Mais au-delà des menaces verbales, le Mossad aurait activé ses réseaux à La Haye, menaçant directement la sécurité du procureur et de ses proches collaborateurs. Peu avant qu’une accusation d’inconduite sexuelle ne soit portée contre lui, Khan aurait été informé de l’existence d’activités d’espionnage israéliennes dans la capitale néerlandaise. L’accusation, largement considérée comme infondée, serait liée à une plaignante déjà connue pour des plaintes répétitives dans d’autres affaires, qualifiée de « plaignante en série ». Un témoin principal en faveur de Khan aurait lui aussi été harcelé au sein de la CPI pour avoir refusé de soutenir les accusations. Dans cette entreprise de pression et d’intimidation, le gouvernement britannique joue un rôle non négligeable. En avril 2024, l’ancien ministre des Affaires étrangères David Cameron aurait menacé de suspendre le financement de la CPI et de retirer le Royaume-Uni du Statut de Rome si Khan persistait à cibler les responsables israéliens. Cette ligne dure a été appuyée dès le lendemain par douze sénateurs républicains américains, dont Marco Rubio, actuel secrétaire d’État sous Donald Trump, qui ont déclaré sans détour : « Vous ciblez Israël, nous vous ciblerons ». Le sénateur Lindsey Graham a même osé comparer Khan à un bourreau en affirmant qu’« il pourrait tout aussi bien exécuter lui-même les prisonniers » s’il poursuivait sur cette voie, concluant : « Nous vous punirons ». La CPI elle-même devient la cible d’une guerre hybride. Outre les intimidations, elle subit des sanctions économiques, une infiltration d’agents de renseignement, et des campagnes de déstabilisation interne. Un rapport des services de renseignement néerlandais, publié en juillet 2024, confirme que la Cour est devenue la cible d’opérations d’influence et de sabotage, notamment de la part des États-Unis et d’Israël. Le journal Le Monde rapporte également des sanctions envisagées contre quatre juges, en plus de Khan, et des menaces explicites de retrait du système judiciaire international formulées par des puissances occidentales. Face à ces pressions, plusieurs responsables liés au dossier palestinien ont jeté l’éponge. Andrew Cayley, avocat britannique en charge du dossier, a démissionné après avoir été qualifié d’« ennemi d’Israël » et menacé de sanctions par Washington. De son côté, Khan a vu son isolement s’accentuer. Les États-Unis ont tenté d’imposer leur vision du « principe de complémentarité », soutenant qu’Israël pouvait s’autojuger — une posture largement décriée par les experts du droit international. En mai 2024, une nouvelle tentative de pression est survenue à La Haye : Kaufman proposait alors à Khan de reclassifier le mandat d’arrêt de Netanyahou comme « très secret », pour permettre à Israël de le consulter et d’anticiper ses effets. Peu après, The Wall Street Journal publiait un article accusant Khan d’agression sexuelle sur une collaboratrice. Bien qu’il ait fermement nié les faits, la présidente de la Cour l’a contraint à se mettre en retrait temporairement, plongeant le dossier palestinien dans l’incertitude. Ses deux adjoints ont pris la relève, mais les pressions persistent. L’enquête sur les allégations visant Khan a été confiée à l’ONU, avec une décision attendue en septembre. Si les accusations sont retenues, une procédure de destitution pourrait être enclenchée. Des fuites évoquent déjà la volonté des États occidentaux de le remplacer par une femme issue d’un État faible, dans une tentative de neutraliser toute velléité de poursuites supplémentaires contre Israël. Au final, cette affaire révèle une réalité inquiétante : la justice internationale ne semble plus à l’abri des influences politiques et géostratégiques. L’indépendance de la CPI, censée garantir le droit international pour tous, vacille face aux diktats des puissances occidentales. Dans ce contexte, vouloir poursuivre les crimes commis à Ghaza devient un acte de courage, presque suicidaire. La CPI a été fondée pour garantir l’égalité des victimes devant la loi, mais elle risque désormais de devenir un simple outil aux mains des puissants. M. Seghilani